Lucius Shepard – Le dragon Griaule

dragonLa quatrième de couverture de cette édition compare Lucius Shepard à Hemingway et à Garcia Marquez. Pas moins. Je n’irais pas jusque là mais il faut avouer que l’auteur de ce pavé mérite une comparaison flatteuse.

A mi-chemin entre le roman et le recueil de nouvelles, composé de six histoires liées par une thématique commune, Le dragon Griaule décrit un univers assez fascinant. Un dragon géant et maléfique est endormi depuis une éternité suite au sortilège d’un magicien et, le temps ayant passé, son corps est maintenant mêlé à la montagne, recouvert de forêt, parsemé de villages. Les gens y vivent et mettent sur le compte de ses émanations et de son influence tous les évènements qu’ils n’expliquent pas. Ainsi, si dragon Griaule est au centre du livre, il s’agit finalement plus d’une histoire de villageois, de superstition, de tradition, de croyance et le dragon est autant une allégorie qu’un prétexte pour classer ce livre en fantasy. Au final, nul besoin d’être amateur de ce type de littérature pour apprécier la lecture de celui-ci et je me demande même si les puristes ne pourraient pas être déçus.

S’il y a souvent de bonnes idées en fantasy, si le registre se prête au foisonnement et au romanesque, le fond est souvent rédigé au détriment de la forme. Disons que, dans cette veine, stylistiquement, je ne m’y retrouve pas souvent. Ici, au contraire, la plume est élégante, soignée, le traducteur a fait du beau boulot et la prose est remarquable. C’est un bon livre. On pourrait presque comparer son auteur à Hemingway ou à Garcia Marquez. Presque.