365 jour d’écriture: Sucré.

Par Sevxilian

Girl Kissed By Fire organise tout au long de l'année un défi d'écriture. Chaque jour, elle nous donne un mot, une direction, et à nous d'être inspirés. Sur 365 jours, beaucoup sont déjà passés... Je prends le train en marche (la queue du train!) et je commence aujourd'hui avec " sucré ".

Armé du tablier de sa femme et d'un fouet, Alphonse Beaugrain regardait avec appréhension les différents ingrédients qu'il avait minutieusement aligné sur le plan de travail: miel, farine, levure, épices... Il avait réussi à tout réunir sans que Carmen ne s'aperçoive de rien.

Alphonse et Carmen étaient mariés depuis trois décennies. Ils allaient fêter cela comme il faut, avec leurs deux filles et leurs quatre petites filles. Une famille de femmes! Même le chat était en fait une chatte. Et il était persuadé que les oiseaux qui venaient grappiller les miettes laissées par la nappe qu'on secouait par la fenêtre après chaque repas, étaient aussi des femelles.

Carmen avait tout organisé: le restaurant, l'hôtel pour les filles et leurs familles, une sortie au zoo pour digérer après et régaler les mirettes des petites. Carmen avait toujours tout sous contrôle. Il était facile pour Alphonse de se laisser porter par l'énergie de sa femme.

Et pourtant, aujourd'hui, Alphonse sortait de son rôle passif pour prendre les commandes et surprendre sa femme. Carmen avait travaillé toute sa vie, très dur. En plus de son emploi, c'est elle qui gérait la maison et l'éducation des filles. Alphonse, toujours égal à lui-même, approuvait les décisions que sa femme prenait et l'aidait.

Carmen méritait bien qu'Alphonse la surprenne un peu. Il avait décidé de lui apporter le petit déjeuner au lit, comme il faisait autrefois. Et, cerise sur le gâteau, il allait cuisiner lui-même la douceur préférée de sa femme: du pain d'épice.

Il trouvait que rien ne résumait mieux Carmen que le pain d'épices: sa femme avait la peau caramel, et un caractère fort, qui cachait cependant une grande douceur. Tout comme le miel, Carmen était sucrée, mais de la bonne manière. Pas de celle qui vous donne une indigestion. Non, plutôt de celle qui vous fait redécouvrir la saveur de la vie.