C'est qui le plus beau des chats ? C'est mon Merlinours (oui, je suis gaga mais je suis trop amoureuse de cette bestiole)
Une sortie Sonatine est toujours un événement pour moi, ce sont généralement eux qui nous sortent les meilleurs thrillers, ceux qui vous donnent des sueurs froides et qui vous tiennent éveillés la nuit pour connaître le fin mot de l'histoire. Le Sang du Monstre ne fait pas exception à la règle et vous avez en face de vous un véritable page turner, présentant une nouvelle variation malsaine dans les relations parents-enfants. Et pour un premier roman, sacrée surprise !L'histoire tordue
Après avoir dénoncé sa mère, une tueuse en série, Annie, quinze ans, a été placée dans une famille d’accueil aisée, les Thomas-Blythe. Elle vit aujourd'hui sous le nom de Milly Barnes et a envie, plus que tout, de mener une existence normale et d’être quelqu'un de bien. Elle a néanmoins beaucoup de difficultés à communiquer avec les ados de son âge et préfère les enfants plus jeunes, plus particulièrement une petite fille vulnérable du voisinage. Sous son nouveau toit, elle est la proie des brimades de Phoebe, la fille des Thomas-Blythe, qui ignore tout de sa véritable identité. À l’ouverture du procès de la mère de Milly, qui fait déjà la une de tous les médias, la tension monte d’un cran pour la jeune fille dont le comportement va bientôt se faire de plus en plus inquiétant.
L'avis angoissé de Titine
Ça pour être tordue, elle est sacrément tordue, cette histoire. Sortant des sentiers battus, l'histoire débute avec ce qui pourrait être la fin d'une autre. Annie a dénoncé sa mère, véritable veuve noire tueuse en série d'enfants et c'est, si vous me permettez l'expression, le début des emmerdes pour elle. Placée chez son psy (gné ?), elle assiste, sous une nouvelle identité, au procès de sa mère et à ce que les gens en pensent. Et il n'est pas franchement difficile à imaginer que vivre pendant 16 ans avec une maman qui tue des petits garçons devant vous, ça laisse quelques séquelles mentales. En suivant cette histoire à travers les yeux d'Annie/Milly, on se rend bien vite compte qu'il y a quelque chose qui cloche/qu'il y a anguille sous le canap/un truc pourri au royaume du Danemark.
En lisant ce bouquin, vous allez être gêné, mal à l'aise, répugné, triste, perturbé, bref, toute une gamme de sentiments pas forcément très sympathiques va défiler dans votre tête. Difficile d'oublier la possible emprise qu'a eue Maman Tueuse sur l'adolescente et on craint le pire à chaque page qui se tourne. Pourtant, le pire ne va pas forcément venir d'elle. Ali Land n'hésite pas non plus à aborder le harcèlement scolaire à travers un personnage on-ne-peut-plus tête à claques, Phoebe, la jeune fille américaine classique, belle, intelligente et foncièrement méchante et jalouse. Dans le genre relation mère/fille bizarre, elle n'est pas en reste non plus, ce qui montre bien que parfois, pas besoin de commettre des meurtres pour foutre en l'air un enfant. Freud a d'ailleurs beaucoup de choses à dire sur la question.
L'intrigue est menée tambour battant et il est vraiment difficile de reposer ce roman une fois que vous l'avez commencé. L'auteure maîtrise parfaitement son écriture, vive et incisive, et sa trame ne fait que grimper en intensité. Bonjour l'angoisse, quoi. Je rêve encore des moments où Milly pense parler à sa mère, ombre serpentant dans sa chambre la nuit, lui sifflant conseils et rappels de leur vie à deux. Les poils qui se dressent. Tout en finesse et en suspense, vous allez pénétrer dans la tête de cette ado à la dérive qui galère à se positionner en tant qu'individu après avoir symboliquement tué la mère (j'ai mes cours de psycho qui me reviennent, désolée) mais qui, on le comprend assez rapidement, nous cache encore beaucoup d’éléments de son passé.
3,5/5
En Bref
Sans que ce soit un coup de cœur (pour une raison que j'ignore), Le Sang du Monstre m'a laissé une très forte impression. D'une originalité rare, ce thriller psychologique tout en nuances ne m'a laissé aucun répit. Plus qu'une énième histoire de serial killer, nous sommes face à un récit où les adolescents se montrent dans toute leur splendeur et dans tous leurs excès. Et ce n'est pas toujours très joli à voir. Une réussite pour Sonatine (et pour l'auteure qu'on a hâte de découvrir dans un prochain roman) qui nous coince encore dans la noirceur de l'âme humaine. Un must-read qui vous prend aux tripes, indispensable pour les adeptes du genre !