La vitre de Fabien Muller chez Olivier Morattel Editions
Pas pu attendre. Ma mère m’a expulsée distraitement, avec détachement, comme on sort les poubelles. Il ne me manquait plus que le sac plastique et le nœud autour de la tête. Ou peut-être le nœud y était-il. C'est pour ça que je ne respirais pas. »
Hélène est née prématurée. Elle a passé les premiers mois de sa vie derrière la vitre protectrice d’une couveuse. Son enfance entre un père parti très tôt et une mère indifférente et soucieuse de sa tranquillité, n’a fait que renforcer cette impression de passer sa vie dans une sorte de bulle à la fois protectrice et isolante.
Hélène est devenue une femme perturbée, en retrait du monde, en état de dépression permanent. Evitant le plus possible le contact avec ses contemporains. Son existence, elle la mène recroquevillée sur elle-même, singeant la sociabilité quand il le faut.
« Jeudi. Dîner avec Alice.Ma vie est réglée comme du papier à musique (qui jouerait une mélodie un peu barrée tout de même). J’ai peu d’amis, mais j’entretiens ces relations, j’ai trop de respect pour la faculté exceptionnelle dont doivent être dotées les rares personnes qui me supportent. Je lutte très fort en général pour ne pas me considérer comme un boulet avant de les voir, j’ai tout un protocole de préparation pour ne pas fuir devant l’obstacle »
La vie d’Hélène va se trouver bouleversée par une rencontre et par un drame. Cette vitre qui la protège et l’isole va peu à peu se fissurer. Je ne vous en dirai pas plus. Lisez le livre !
Par son style dynamique, fluide, à l’humour corrosif, Fabien Muller nous fait entrer dans la tête d’Hélène, nous fait vivre ses questionnements, son mal-être. Tantôt on a envie de la consoler, tantôt de la bousculer, de la faire réagir. Hélène nous raconte sa vie au jour le jour, comme dans un journal sans date. Son récit est entrecoupé d’interludes savoureux. Avec La vitre, Fabien Muller signe un roman passionnant, plein de sensibilité et d’humour. Une très belle découverte.