D’abord merci à Babelio pour ce masse critique qui m’a permis de découvrir un recueil plutôt original. En même temps, je ne prenais pas beaucoup de risques en choisissant un livre dans la thématique « histoires d’animaux ». Un recueil de nouvelles qui met en scène, à chaque fois, un animal dans un contexte particulier, au gré de différentes époques. On débute ainsi avec un chameau, en Australie, en 1892,et on finit avec un perroquet en 2006, au Liban. Entre les deux, le lecteur apprendra à connaître les destins d’une chatte, d’un chien, d’un dauphin, d’un ours, d’un primate, d’éléphants ou encore d’une tortue et même d’une moule ! Chaque récit est vécu de l’intérieur, par l’animal qui raconte les circonstances de sa mort. C’est en effet la première originalité de ces récits. On sait que chacun des animaux est mort, donc, ce qui nous est dévoilé, ce sont les circonstances. Seconde originalité, toutes ces malheureuses âmes sont des victimes collatérales de la guerre des hommes. Seconde guerre mondiale, guerre civile, conflit ethnique… les bêtes, utilisées, asservies, oubliées ont été sacrifiées au nom de l’intérêt humain et d’une guerre qui ne concerne pourtant pas le monde animal. Mais chaque histoire révèle la lâcheté de l’homme, sa cruauté, son indifférence, son égoïsme, et pas seulement à l’égard de ses semblables. Mine de rien, le lecteur est amené à réfléchir pas uniquement sur l’absurdité de la guerre (c’est quand même un peu bateau) mais sur une question morale : au nom de quel grand principe faisons-nous des animaux des instruments de guerre ?
Enfin, aux lecteurs qui se sentiraient d’avance blasés ou rebutés par ces témoignages teintés d’anthropophormisme, le plus souvent déprimants, poignants et accablants, je soulignerai la troisième originalité de ce recueil : c’est un hommage – réussi – à une poignée d’écrivains, que l’on aura plaisir à deviner ou retrouver au fil des pages. Colette, Kerouac, Orwell et d’autres.
Au final, une jolie surprise, dans une traduction que j’ai eu plaisir à lire, et que je recommande sans hésiter.