(c) Etienne Delessert.
Ce n'est pas "Trick or treat?" (farce ou friandise?) mais une devinette littéraire. Quel est le commun dénominateur de ces cinquante albums pour enfants, et sans doute davantage, nés en français ou traduits? Bon, la liste se trouve ci-dessous mais je vous donne déjà quelques indices sous la forme de six noms d'illustrateurs: Roberto Innocenti, Monique Félix, Yan Nascimbene, Gary Kelley, Guy Billout,.. sans oublier bien sûr Etienne Delessert.
"Jeux d'enfants" d'Etienne Delessert, les différents livres de la Souris de Monique Félix, les premiers livres de la Nature, "Les Sept nains" d'Etienne Delessert, "Voyage" de Guy Billout, "Rose Blanche" de Roberto Innocenti et Christophe Gallaz, "Conte de Noël" de Charles Dickens et Roberto Innocenti, "Un jour en septembre" de Yan Nascimbene, "Ocean Deep/Bleue marine" de Yan Nascimbene, "Le mauvais Prince Hans" de Christian Andersen et Georges Lemoine, "Jeux d'enfants" d'Etienne Delessert, "J'aime pas lire!" de Rita Marshall et Etienne Delessert, "J'aime vraiment pas lire!" de Rita Marshall et Etienne, "J'ai rencontré un Dinosaure" de Jean Wahl et Chris Sheban, "Comédie de la lune" d'Etienne Delessert, "La Maison" de Roberto Innocenti, "Qui a tué Rouge-Gorge?" d'Etienne Delessert, "Paris Rutabaga" de Jean-Louis Besson, "Contes de mystère et d'imagination" d'Edgar Allan Poe et Gary Kelley, "L'Auberge de nulle part" de Roberto Innocenti, "La Fille en rouge" de Aaron Frish et Roberto Innocenti, "Loin des yeux loin du cœur" de Claude Lapointe, "Amorak" de Tim Jessel, "Leçons de tuba" de Monique Félix, "Pinocchio" de Carlo Collodi et Roberto Innocenti, "L'étoile d'Erika" de Ruth Vander Zee et Roberto Innocenti, "La Belle et la Bête" de Madame de Villeneuve et Etienne Delessert, "Le petit Soldat de plomb" de Hans Christian Andersen et Georges Lemoine, "Cendrillon" de Charles Perrault et Roberto Innocenti, "Bushy Bride" de Seymour Chwast, "Le petit Chaperon rouge" de Charles Perrault et Sarah Moon, "Le petit Sapin" de Hans Christian Andersen, Rita Marshall et Marcel Imsand, "La Reine des neiges" de Hans Christian Andersen et Stasys Eidrigevicius, "Hansel & Gretel" des frères Grimm et Monique Félix, "Le Pêcheur et sa femme" des frères Grimm et John Howe, "Roserouge et Neigeblanche" des frères Grimm et Roland Topor, "Casse Noisette" d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann et Roberto Innocenti, "Bas les monstres" d'Etienne Delessert, "Spartacus" d'Etienne Delessert, "Un verre" d'Etienne Delessert, "Cirque de nuit" d'Etienne Delessert, "Franklin la mouche" de Bob Blechman, "Doctor Dolittle" de Hugh Lofting et Seymour Chwast, "Everything is a Poem" de Patrick Lewis et Cristina Pritelli, "Fourru Bourru" d'Etienne Delessert, "Mowgli et ses frères" de Rudyard Kipling et Mary Wormell, "Le Cavalier sans tête" de Washington Irving et Gary Kelley, "Le Collier" de Guy de Maupassant et Gary Kelley, "Le Lapin de velours" de Margery Williams et Monique Félix, "La Rivière" de Charles Darwin et Fabian Negrin.Vous avez trouvé? Le dénominateur commun des livres ci-dessus est une Américaine menue, dont la taille est inversement proportionnelle à l'étendue de son talent et à sa ferveur pour le boulot bien fait. J'ai nommé Rita Marshall, directrice artistique depuis 1988 des formidables éditions américaines Creative Company (Mankato, Minnesota) - mais elle travaillait déjà avec elles avant.
Si je vous parle d'elle aujourd'hui, c'est parce que l'incroyable travail dans l'ombre qu'elle a effectué depuis tout ce temps est aujourd'hui exposé pour la première fois en Europe. Rarement une directrice artistique américaine aura autant apporté à un genre littéraire. Qu'a-t-elle fait? Comment? C'est ce qui nous est montré pour la première fois et c'est passionnant.
L'Ecole Estienne à Paris met sur pied la très riche exposition rétrospective "Rita Marshall, dompteuse de lions, ou le portrait de The Creative Company, USA". Une maison d'édition exemplaire de qualité qui est parfois mieux connue ailleurs dans le monde qu'aux Etats-Unis même.
Bien sûr, les professionnels du livre jeunesse ont souvent croisé la fine silhouette de Rita Marshall au début du printemps à la Foire du livre pour enfants de Bologne. Ils ont souvent entendu prononcer son nom lors de la proclamation des RagazziAwards puisqu'elle et Creative Company ont souvent et à juste titre été mis à l'honneur. Et ils ont apprécié sur place les magnifiques catalogues qu'elle concoctait pour la Foire.
Bien sûr, les amateurs de livres pour enfants de qualité identifient son travail dans l'immense production éditoriale. Son raffinement, toujours adapté au sujet qu'elle traite, se distingue de loin. Les livres qu'elle a orchestrés ont été le fruit de nombreuses coéditions ou traductions. Rita Marshall sait non seulement envoyer des auteurs et les illustrateurs dans des chemins qu'ils ne pensent pas toujours explorer, mais les écouter, les rassurer et les encourager. Le petit chaperon rouge illustré de photos de Sarah Moon, c'était elle. La découverte de Roberto Innocenti aussi. Les mariages contes classiques-illustrateurs contemporains encore elle.
"Poe" de Nancy Loewen, photographies de Tina Mucci. (c) Creative Company.
"Un chant de Noël", de Charles Dickens, dessins de Roberto Innocenti. (c) Cr.C.
"The Frog who wanted to see the Sea" de Guy Billout. (c) Creative Company.
"Mocha Dick" de Brian Heinz, dessins de Randall Enos. (c) Cr. C.
L'exposition qui s'ouvre cette semaine à Paris est une formidable occasion d'avoir une vue panoramique sur le travail de cette femme de l'ombre. Elle réunit une centaine de livres présentés sur des lutrins de bois, des originaux et des agrandissements des meilleurs artistes américains ou non qui ont participé à l'aventure Creative depuis trente ans. On y voit de près la démarche de la directrice de création, ses maquettes, ses recherches de logos, ses esquisses de couvertures, l'énorme travail qui précède l'impression des livres. En effet, Rita Marshall suit personnellement une vingtaine de livres de fiction par an, et elle supervise plus de 120 ouvrages de non-fiction (documentaires) richement illustrés.
L'exposition s'accompagne d'un excellent catalogue de 104 pages en grand format où la "Dompteuse de lions" est présentée par Etienne Delessert, son mari. Pas d'hagiographie mais un portrait tendre de la femme et une évocation précise non seulement de la directrice artistique mais de la situation éditoriale américaine avant et pendant Creative Company. Le destin de plusieurs albums marquants est conté. De très nombreuses illustrations agrémentent les pages, rappels de titres d'albums qui ont marqué la littérature de jeunesse internationale. Et qui ont marqué bien entendu les enfants qu'ils ont fait rire, sourire, trembler parfois, développer leur imagination, leur fantaisie, leur connaissance d'eux-mêmes et leur sens artistique toujours.
Première et quatrième de couverture du catalogue de l'exposition.
L'exposition "Rita Mashall, dompteuse de lions", se tient à l'Ecole Estienne (18 boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris) du 3 novembre au 2 décembre du lundi au vendredi de 14 à 19 heures.
Il serait évidemment très intéressant que le beau travail qui a été effectué pour cette exposition soit aussi partagé en Belgique...
Etienne Delessert et Rita Marshall.