New York Esquisses nocturnes – Molly Prentiss
Calmann-Lévy (2016)Traduction de l’anglais de Nathalie Bru.
New-York, 1980. James Bennett est un critique d’art, enfin reconnu après des années difficiles. Sa chronique régulière dans le New-York Times est très attendue des lecteurs qui font confiance à son jugement sur les œuvres qu’il faut découvrir. James est doué de synesthésie, c’est-à-dire que ses sensations face aux choses et aux gens se traduisent en couleurs. Ainsi, il se représente sa femme, Marge, directrice artistique d’une agence de publicité, comme une fraise sauvage. C’est ce don de synesthésie qui lui apporte de la matière pour écrire, qui le plonge dans un univers de couleurs face à une œuvre ou un spectacle et qui lui fournit l’énergie nécessaire pour communiquer son enthousiasme à ses lecteurs.
Mais ce don est fragile et James le perd à l’occasion d’un évènement traumatique. Incapable d’écrire la moindre ligne inspirée, il est rejeté du Times, se retrouve entièrement dépendant de Marge et sombre dans la dépression. Alors qu’il s’est résolu à vendre aux enchères un des tableaux de sa collection d’art pour tenter de redresser sa situation financière, son don de synesthésie se réveille brutalement face à l’œuvre d’un artiste encore inconnu, Raul Engales, jeune peintre argentin qui a fui la dictature et qui fréquente le milieu artistique New-Yorkais où il côtoie des gens comme Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. James tente alors de rencontrer ce nouveau génie, ce qui va s’avérer difficile, car Raul a été lui aussi victime d’un accident qui met son talent en péril et il refuse tout contact avec quiconque. C’est Lucy, la jeune femme représentée sur le tableau de Raul qui a tant impressionné James, qui va alors établir le lien entre les deux hommes, même si ce n’est pas de la façon la plus propice !
C’est une histoire foisonnante, dans laquelle j’ai eu un peu de mal à entrer. Les tourments de James Bennett, son égocentrisme et sa confusion ne le rendent pas forcément sympathique au début. Ce n’est que lorsqu’il est davantage question de Raul Engales que le roman démarre vraiment, à mon avis.
L’art et le génie créatif ne sont pas les seuls thèmes développés ici, il y a aussi la nostalgie du pays abandonné, le remord que Raul éprouve vis-à-vis de sa sœur restée en Argentine et avec laquelle il a volontairement rompu tout contact. Est évoqué aussi le thème de la filiation, dont James ne ressent l’importance que lorsqu’elle lui échappe.
Face aux deux hommes très centrés sur eux-mêmes et souvent coincés par leurs problèmes, ce sont les femmes qui agissent, qui assurent et qui ramassent les morceaux. Elles s’appellent Franca, Marge, Arlène, Winona et Lucy et ont toutes une place importante dans ce roman de passion et de couleurs.
Merci à PriceMinister et aux éditions Calmann-Lévy qui m’ont offert ce livre dans le cadre des Matchs de la Rentrée littéraire #MRL16.
Cette lecture me fait aussi avancer dans le challenge 1% de la rentrée littéraire 2016 : 2/6
Ma première rencontre avec ce livre a eu lieu chez Sylire.