East of West (T5) Vos Ennemis sont partout

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « East of West (T5) Vos Ennemis sont partout »

Scénario de Jonathan Hickman, dessin de Nick Dragotta et couleurs de Frank Martin,

Public conseillé : Adultes et adolescents,

Style : Western, S-F, Uchronie, 
Paru chez Urban Comics, le 27 mai 2016, 136 pages, 15 euros,
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L’Histoire

« East of West » , avec « Black Science », est sans doute la série la plus déjantée et détonnante dans le catalogue Indies d’Urban Comics. Pépite graphique, littéralement classieuse, elle est issue du catalogue Image Comics (encore une fois !), et sort immédiatement du lot avec son scénario futuriste mêlant western, science-fiction et uchronie et courant avec une énergie démente vers l’Apocalypse.

Sur un continent ravagé et partagé en états-nations, chacun fourbit ses armes entre alliances et trahisons, mensonges et tentatives d’attentats. Trois cavaliers funestes traquent toujours l’un des leurs, qui entraîne dans son sillage de mort tous ceux qui veulent l’empêcher de retrouver ce fils qu’on lui a autrefois enlevé. Les restes de l’humanité sont dépecés par des pouvoirs qui entrelacent l’histoire ancestrale de l’Amérique et une technicité toujours plus ravageuse. Ce vaste complot, qui vise à préparer l’avènement de l’Antéchist, affole toutes les forces en présence. Chacun de son côté gonfle ses muscles, fourbit ses armes avec une grande imagination pour engendrer la désolation, sème le mensonge et la confusion, démultipliant les attaques assassines et les missions exterminatrices.

Une pépite graphique

Dans ce récit qui joue résolument de la modernité, tout en s’appuyant fortement sur les croyances anciennes et les légendes, voire philosophies d’autrefois, on se régale chaque fois de la virtuosité graphique de Nick Dragotta. C’est sombre, froid, clinique, d’un dynamisme fou, comme l’exige l’axe très science-fiction de la série. Son imagination fait merveille dans cet écrin designé avec un rare raffinement. « East of West » a un pouvoir de séduction énorme qui frappe dès les premières pages feuilletées.
Le scénario de Johathan Hickman semble lui s’enliser un peu, depuis déjà deux tomes, dans un de ces déserts post-apo de la série. Ce n’est pas mauvais, loin de là, mais la barre était placée si haut !

Ce que j’en pense

Les premiers tomes avaient totalement emporté mon adhésion, m’avaient véritablement séduits, les auteurs étant dans une véritable fusion de bonnes et novatrices intentions. L’univers décrit était complexe, d’une grande force dramaturgique et d’une esplosive énergie créative se partageant entre passé et futur. Ensuite, le scénario a perdu un peu de son allant, les dialogues d’Hickman forcent le trait, prennent de la pesanteur, l’histoire fait des ronds et d’innombrables allers-retours entre les factions qui s’opposent. Cette série, faite pour l’action, dynamite, décapite, reste une vraie petite bombe mais a besoin de reprendre un peu d’élan pour ne pas risquer de se perdre en circonvolutions alambiquées permettant de durer le plus longtemps possible.

Même si l’Apocalypse est au bout du chemin, on aimerait s’en approcher un peu plus, avec les forces vives qu’ont su mettre en action ces deux auteurs dans un début de série si prometteur. « East of West », reste une série à suivre, tant elle a d’ambition et de qualités graphiques et, si elle retrouve son intensité et son originalité première, elle regagnera le podium des meilleures du genre.