Georges Picard – Le sage des bois

sage des boisLe génie à l’usage de ceux qui n’en ont pas, Merci aux ambitieux de s’occuper du monde à ma place, De la connerie, Tout m’énerve ou encore Petit traité à l’usage de ceux qui veulent toujours avoir raison, autant de titres qui prouvent que Georges Picard a été à bonne école, qu’il pratique un pessimisme et un scepticisme philosophique que n’aurait pas renié un Cioran au meilleur de sa forme.

Mais loin d’être un ouvrage abstrait, c’est bien d’un roman qu’il s’agit dans ce cas précis. Il met en scène un jeune homme, candide, motivé par un projet ambitieux : appliquer sa variation personnelle de Walden, vivre dans la nature, communier avec celle-ci et contempler avec d’autant plus de recul une civilisation dont il se sera éloignée. Sauf que la France d’aujourd’hui n’est pas les Etats-Unis de Thoreau. Aussi, de ses belles idées à sa réalisation, le chemin est long et laborieux pour le sage des bois.

On peut voir dans ce livre deux niveaux de lecture. D’une part le roman d’aventure humoristique, le récit factuel de ce jeune homme face aux obstacles et aux contraintes de son environnement. D’autre part l’univers référentiel, le bel hommage aux naturalistes et aux libres penseurs, John Muir, Robert Louis Stevenson et Henry David Thoreau en chef de file.

Ironique sans être caustique, intelligent sans être sentencieux, ce roman est une farce spirituelle et une réflexion sur les aspirations d’une jeunesse gentiment tournée en dérision. Un livre écrit d’une plume fluide et énergique qui me donne autant envie d’explorer plus avant l’œuvre de son auteur que de relire Walden que j’avais tant aimé. L’un n’empêche pas l’autre, me direz-vous.