Parce que son frère malade demande toute leur attention, les parents de Louis décident de l’envoyer dans un camp scout. A douze ans, le garçon se retrouve au milieu de la forêt avec des camarades plus âgés que lui bien décidés à lui faire subir un bizutage en règle. Pour obtenir sa « totémisation » et devenir un scout digne de ce nom, Louis est mis à l’épreuve. Avec deux autres souffre-douleurs, il va devoir se cacher dans les bois et ne pas être retrouvé par le reste de la troupe. S’ils n’y parviennent pas, le chef leur annonce qu’ils vont « le sentir passer ». Pas simple, surtout quand un fauve échappé du zoo rôde dans les alentours.
Un album vraiment étrange, qui ne s’offre pas facilement. La narration est au départ déconcertante, semblant manquer de liant, limite fouillis. L’ambiance est à la fois oppressante et onirique, à la frontière du fantastique et de la poésie. Le récit initiatique est tellement allégorique qu’il est difficile d’en saisir toutes les subtilités. Il y a quelque chose d’angoissant dans le parcours de Louis, son rapport aux autres empreint d’une certaine bestialité, la méchanceté gratuite de ses congénères et le huis clos lugubre offert par le décor sylvestre. Un malaise latent se diffuse au fil de pages et ne cesse de croître, on sent que le danger est là, non identifié mais bien présent, entretenant une inquiétude pas évidente à contrôler.
Graphiquement les ombres dominent. On sent le froid, l’humidité, l’absence de lumière. Le clair-obscur permanent a un petit côté flippant extrêmement bien rendu par le trait nerveux et le choix de couleurs de Mikaël Ross.
Une BD inclassable qui aborde le passage de l’enfance à l’adolescence et souligne la perte de l’innocence à travers une épopée initiatique originale et dérangeante, douloureuse et fascinante.
Totem de Nicolas Wouters et Mikaël Ross. Sarbacane, 2016. 160 pages. 22,50 euros.
Un album vraiment étrange, qui ne s’offre pas facilement. La narration est au départ déconcertante, semblant manquer de liant, limite fouillis. L’ambiance est à la fois oppressante et onirique, à la frontière du fantastique et de la poésie. Le récit initiatique est tellement allégorique qu’il est difficile d’en saisir toutes les subtilités. Il y a quelque chose d’angoissant dans le parcours de Louis, son rapport aux autres empreint d’une certaine bestialité, la méchanceté gratuite de ses congénères et le huis clos lugubre offert par le décor sylvestre. Un malaise latent se diffuse au fil de pages et ne cesse de croître, on sent que le danger est là, non identifié mais bien présent, entretenant une inquiétude pas évidente à contrôler.
Graphiquement les ombres dominent. On sent le froid, l’humidité, l’absence de lumière. Le clair-obscur permanent a un petit côté flippant extrêmement bien rendu par le trait nerveux et le choix de couleurs de Mikaël Ross.
Une BD inclassable qui aborde le passage de l’enfance à l’adolescence et souligne la perte de l’innocence à travers une épopée initiatique originale et dérangeante, douloureuse et fascinante.
Totem de Nicolas Wouters et Mikaël Ross. Sarbacane, 2016. 160 pages. 22,50 euros.