
Derrière tout ceci réside une uchronie, c'est à dire une version déviée de notre histoire, qui connaît un cours différent à partir d'un moment focal. C'est dans cet album l'an 1985 qui est l'épicentre de la rupture, avec une escalade de la terreur entre les Etats-Unis et la Russie, puis un conflit nucléaire. Pour soigner la plaie (et la paix) les deux super puissances se sont données la main et ont crée une première colonie spatiale, qui est à son tour, un siècle plus tard, au centre d'enjeux politiques et commerciaux qui laissent présager une nouvelle guerre froide. Mais ça c'est pour le pitch, car en réalité, on est plus proche ici d'un roman d'Agatha Christie dans l'espace, que du Red Son de Millar, ou des prémices de la quatrième guerre mondiale.

Kyle Higgins et Alec Siegel remettent le couvert après C.O.W.L, qui fut un petit succès critique apprécié. Ici on perçoit vite et bien l'héritage de tout un pan de l'histoire de la science fiction, ces films en scaphandres et dans l'espace, avec le cadre confiné de stations orbitales où rôdent les secrets inavoués et où la promiscuité devient un ennemi redoutable. Pas d'Alien qui vous dévore, mais un assassin dont les ambitions, les motivations, sont forcément liées à ce contexte politique, autrement ce serait bien surprenant. Rod Reis est le dessinateur qui se charge de donner vie à ces pages. On flirte avec un certain minimalisme, les fonds de vignette détaillés sont inexistants, et les figures sont parfois un peu rigides, cela manque de vie et de folie. S'il parvient à retranscrire avec efficacité les errements psychologiques de Simon durant son enquête, on éprouve parfois un peu de lassitude avec des planches qui se répètent, de belles couleurs froides mais qui auraient besoin d'un supplément d'âme. Ce qui résume bien Hadrian's Wall, finalement. Une lecture plaisante et bien écrite, mais qui a un arrière-goût de produit de synthèse, et ne s'emballe que (trop) peu.

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