Un enchaînement de vignettes formant l’album d’un début de vie, de la petite enfance à l’entrée dans l’âge adulte. Cent cinq fragments où la narratrice raconte sans romantisme ses premières années, le père inconnu, le beau-père n°1, le demi-frère avec qui elle partageait tout (« il me dit que lorsqu’un homme et une femme voulaient être malpolis, ils se frottaient l’entrejambe. Nous nous sommes cachés derrière le canapé et nous nous sommes frottés, avec le sentiment d’être des malpolis hors pair »), les déménagements, le beau-père n°2, le camping sauvage, les étés à la campagne, les automnes pluvieux et tristes, la tête de mouton bouillie dans l’assiette, les soirées devant Derrick (« J’étais un petit peu amoureuse de lui ; il était si calme, si fiable, jamais pressé »), la passion pour le karaté, le séjour aux États-Unis, le premier job de serveuse et ce corps qui grandit de traviole, « carcasse d’extraterrestre » sans formes difficile à assumer.
J’adore ce genre d’exercice. L’écriture minuscule est ce qui me convient le mieux je crois. Une jeunesse en pointillés, une mémoire qui remonte par flashs, entre sensations et réminiscences purement factuelles. Gudrun Eva Minervudottir, c'est un Delerm islandais au féminin, la poésie en moins mais avec un art de l’ellipse, une drôlerie et un ton parfois désabusé, parfois cruel, qui fait mouche. Et puis les petits riens relatés les uns à la suite des autres forment un tout cohérent et chronologique, ils racontent une seule et même histoire. C’est tendre, lucide, émouvant, ou brutal, toujours humble. Ça ressemble à une vie… en tout petit.
Album de Gudrun Eva Minervudottir. Pocket, 2016. 115 pages. 5,40 euros.
J’adore ce genre d’exercice. L’écriture minuscule est ce qui me convient le mieux je crois. Une jeunesse en pointillés, une mémoire qui remonte par flashs, entre sensations et réminiscences purement factuelles. Gudrun Eva Minervudottir, c'est un Delerm islandais au féminin, la poésie en moins mais avec un art de l’ellipse, une drôlerie et un ton parfois désabusé, parfois cruel, qui fait mouche. Et puis les petits riens relatés les uns à la suite des autres forment un tout cohérent et chronologique, ils racontent une seule et même histoire. C’est tendre, lucide, émouvant, ou brutal, toujours humble. Ça ressemble à une vie… en tout petit.
Album de Gudrun Eva Minervudottir. Pocket, 2016. 115 pages. 5,40 euros.