Après la mort de son père, Michel, fonctionnaire de quarante ans blasé, décide de partir en Thaïlande pour goûter aux plaisirs exotiques. Il y rencontre Valérie, cadre dans une grande société de voyages, à qui il soufflera sa théorie sur les vraies motivations des Européens en quête de sensations fortes.
Embarqué dans une lutte pour le profit à tout prix, où le corps est plus que jamais une marchandise, Michel jette un regard cynique sur la société occidentale. Mais dans la violence crue de ses constats, il sera peut-être surpris de découvrir que l'être humain est encore capable de sentiments...
Lu dans le cadre de mes cours (et j’escompte bien que ce soit le dernier), je dois dire que cette lecture m’a laissé totalement sur le carreau. Nan, j’exagère ! En vrai, je fus simplement perplexe mais la raison de cette perplexité est loin d’être mineure !
Pour présenter le texte simplement, l’auteur nous présente un territoire économique volontairement (mais la volonté de qui ?) obscur avec principalement le tourisme sexuel. En premier lieu le narrateur sera lui-même le bénéficiaire de ce service, rencontrant une certaine Valérie qui deviendra clairement la femme de sa vie. Très vite, une complicité va naître, tant dans la vie intime que dans la vie de l’entreprise, puisque le narrateur lui-même prendra part à cette aventure du tourisme sexuel, voire deviendra un acteur plus important encore. Mais faudra le lire pour savoir quel type d’acteur… Je dois dire que ce roman fut une révélation. Considérez-moi comme naïve ou non, mais je n’avais jamais eu conscience ni vent de ce marché auparavant. Première petite claque donc, d’autant plus que Michel Houellebecq s’emploie à le décrire avec forces détails des plus réalistes. Merci à son choix de narration que je vais évoquer en-dessous. Si j’eu un premier choc vis-à-vis du thème principal, le flot de scènes sexuelles que ce dernier entraîne a remporté la victoire sur ma persévérance. Comme j’ai pu le dire lors de ma critique sur Le Marché des amants, je suis loin d’être une sainte-ni-touche et mes proches amis pourraient le confirmer. Mais là ! Là… Pffff, trop de trop. Même si Plateforme a eu la malchance de suivre le livre d’Angot qui présentait déjà ce genre de moments intimes, ici il propose une version plus pornographique. Peu de sentiments, seulement le besoin d’évacuer le trop plein, tant physiquement que psychiquement. Alors oui, je suis capable de cautionner une dizaine de scènes par livre, mais lire des rapports à tous les chapitres, à la fin je me suis lassée et j’ai sauté les passages. Inutile de préciser que ce n’est pas un bouquin à mettre entre toutes les mains. Hormis ce point négatif, je dois dire que ce roman fut une bonne surprise. Les médias et notamment ceux de la télévision tendent à rendre l’auteur comme un personnage déprimé et désabusé, et en réalité il l’est dans son style d’écriture. Pourtant cela n’alourdit pas sa plume et je me suis prise à apprécier la lecture de ce récit, voire même à en redemander. Ce n’est pas souvent que cela arrive pour un livre contemporain, il est de bon goût de le préciser. D’un point de vue formel, l’intrigue est intéressante et la fin déchirante m’a suffisamment émue pour me faire comprendre que je me suis sentie impliquée dans ma lecture, ce qui n’était clairement pas prévu.
Un point de fort de ce roman réside dans la perception qu’on en a. Avec un narrateur à la première personne, une sorte de connexion relie personnage(s) et le lecteur si bien que notre attention et notre intérêt se voient nettement affûtés. Et là encore, le style d’écriture est suffisamment sympathique pour faire le reste.
Parmi les personnages, j’en retiendrai principalement trois.Commençons par le commencement avec Michel. Renfrogné et indifférent dans une majeure partie du livre, il a tout du portrait de l’antihéros qu’on finit pourtant par apprécier par l’intermédiaire de ses sentiments envers Valérie. Cette dernière est peut-être le personnage le plus intéressant. Elle qui paraît au début réservée et prude, elle va gagner en puissance au fur et à mesure qu’elle se laissera guider par les conseils et l’influence de son amant. Selon moi, et ce même si nous appréhendons la scène par le regard de Michel, c’est Valérie le personnage central et la fin brutale ne peut que le confirmer. En tant que lecteurs on se sent aussi vide et éperdu que lui. Et puis il y a aussi Jean-Yves, ce riche travailleur qui a réussi partout sauf dans son ménage. La troisième pièce du puzzle qui se laissera entraîner dans cette histoire abracadabrantesque. Les déboires de son couple tendent à ce qu’on le prenne en compassion voire pitié mais au fond il ne fait que renvoyez notre propre image (pour la plupart des couples).
En conclusion, ce fut une lecture surprenante. A dire vrai, ce livre aurait pu être un franc succès s’il n’y avait eu tout cet étalage sexuel. Je peux concevoir que le livre porte sur ce sujet, je devais donc m’y préparer. Or j’ai l’impression qu’au contraire, toutes les scènes détruisaient progressivement l’intrigue, et c’est bien dommage. Hormis cela, ce fut une lecture plaisante et je suis certaine que je tenterai d’autres publications de Michel Houellebecq.
14/20