Trois livres bien tentants.
Comme lors de la désignation de bien des prix cette année, le lauréat a été choisi dès le premier tour de scrutin par six voix, contre trois voix à Eric Vuillard ("14 juillet", Actes sud) et deux voix à Gaël Faye ("Petit pays", Grasset).
Le président du jury, Philippe Tesson, a dit: "On a apprécié son caractère contemporain, sa densité. Un livre épais, construit, écrit, plein de sens différents, un livre complet. C'est un romancier d'expérience, il a une œuvre derrière lui, il fallait un jour qu'il ait un prix. Et nous sommes ravis que ce soit nous qui lui donnions." Le jury se compose de Laurent Binet, lauréat 2015, Gilles-Martin Chauffier, Stéphane Denis, Jacques Duquesne, Serge Lentz, Christophe Ono-dit-Biot, Jean-Marie Rouart, Jean-Christophe Rufin et Florian Zeller.
Serge Joncour.
Serge Joncour est en effet l'auteur de nombreux livres, romans et recueils de nouvelles: "Vu" (Le Dilettante, 1998, Folio, 2000), "Kenavo" (Flammarion, 2000), "Situations délicates" (nouvelles, Flammarion, 2001), "In vivo" (Flammarion, 2002), "U.V." (Le Dilettante, 2003), "L'Idole" (Flammarion, 2004), "Les Collègues" (L'idée bleue, 2006), "Que la paix soit avec vous" (Flammarion, 2006), "Combien de fois je t'aime" (nouvelles, Flammarion, 2008), "L'Homme qui ne savait pas dire non" (Flammarion, 2009), "Bol d'air" (Les Éditions du moteur, 2011), "L'Amour sans le faire" (Flammarion, 2012), "L'Ecrivain national" (Flammarion, 2014 et "Repose-toi sur moi" (Flammarion, 2016).Le livre primé est une histoire d'amour. Enfin. Celle d'Aurore, styliste reconnue, et de Ludovic, agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils n'ont rien en commun si ce n'est le problème des corbeaux qui se sont installés dans la cour de leur immeuble parisien. Elle en a une peur bleue, alors que lui sait comment s'en débarrasser. Une façon originale de s'éloigner d'un quotidien très/trop? raisonnable. Un roman de l'amour mais aussi un roman du désordre. Car Serge Joncour fait entrer en collision le monde contemporain et l'univers intime. Il met en scène des aspirations contraires, ville et campagne, solidarité et égoïsme, dans une société qui se dérègle. L'amour serait-il la dernière façon de résister?
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Le jury, présidé par Frédéric Beigbeder, est composé de Jacques Braunstein, Manuel Carcassonne, Carole Chrétiennot, Michèle Fitoussi, Jean-René Van Der Plaetsen, François Reynaert, Jean-Pierre Saccani, Bertrand de Saint-Vincent, Christophe Tison, Philippe Vandel et Arnaud Viviant.
Nina Yargekov au Flore.
Pas de chance pour moi, j'avais lu par hasard les deux livres non choisis, n'ayant pas encore trouvé le moyen d'avaler les 684 pages pourtant bien tentantes de "Double nationalité", le troisième livre aux éditions P.O.L. de Nina Yargekov, Hongroise et Française, née le 21 juillet 1980.La jeune femme y aborde avec beaucoup d'humour l'amnésie d'une binationale qui croit être aux Galeries Lafayette alors qu'elle se réveille dans un aéroport. Tout de suite, on est séduit par le ton mi-amusé, mi-absurde. Car l'amnésique trouve dans son sac "deux passeports, deux téléphones, deux porte-monnaie, deux cartes bancaires, deux trousseaux de clefs ainsi qu'une lingette rince-doigts." Une seule lingette? Elle est le début d'interrogations qui vont nous mener loin...
L'éditeur précise: "A partir de cette amnésie s'agit-il de s'inventer une vie? de la reconstituer? Et s'il s'agissait de deux vies, en fait? Car c'est, comme son titre l'indique, cela le sujet de ce nouveau roman de Nina Yargekov: comment se débrouiller de deux cultures, deux langues, deux sensibilités, comment, de fait, mener une double vie alors qu'on voudrait beaucoup, même facétieuse et indisciplinée n'être qu'une? Mais, à l’inverse, comment supporter que le pays dans lequel on semble vivre se prépare à l'adoption d'une loi interdisant la double nationalité?".Je me réjouis d'avoir encore 681 pages à en lire.
Pour feuilleter le début de "Double nationalité", c'est ici.
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Un doublé pour Alain Blottière donc, puisqu'il est déjà le lauréat du Prix Décembre 2016, décerné lundi (lire ici).
Doté de 10.000 euros, le Prix Jean Giono distingue "un ouvrage de langue française faisant une large place à l'imagination dans l'esprit de Jean Giono".
Le jury se compose de Tahar Ben Jelloun, Paule Constant, Franz-Olivier Giesbert, Gilles Lapouge, Erik Orsenna, Pierre Pain, Franco-Maria Ricci, Yves Simon et Frédéric Vitoux.