Mortiz Aust
L’État islamique et les jeunes — On s’interroge beaucoup sur les motivations de ces jeunes Occidentaux qui adhèrent à la frange extrémiste de l’Islam. On fait des tables rondes, on monte des commissions, on se paye de mots… et beaucoup d’intellectuels et de plumitifs profitent de ce sujet chaud pour requinquer une notoriété défaillante.
La réponse est pourtant simple. La jeunesse a besoin d’idéal, a soif d’idéal. À l’Ouest, le Parti communiste s’est embourgeoisé et il n’intéresse que peu de jeunes ; l’hitlérisme et autres fascismes sont morts – du moins dans leurs formes des années 30 et 40 ; les grandes causes humanitaires et environnementalistes ont déçu, sont trop imprécises, entachées de politiques et d’intérêts discutables, et n’ont pas de leaders très charismatiques… Nos religions, n’en parlons plus ; elles sont devenues des parkings temporaires où l’on se rassemble pour les naissances, morts et mariages.
Qu’avons-nous à offrir à la jeunesse ?
Des modèles intellectuels et sociaux mous, des idéaux à court terme – ton char, ta paye, tes gadgets, tes vêtements griffés – qui ne répondent en rien aux exigences d’une conscience le moindrement éveillée, si celle-ci s’interroge sérieusement sur les raisons et les comment de l’existence : Pourquoi suis-je moi et pas un autre ? Qu’est-ce que je fais de cette vie ? Où je m’en vais ? Pourquoi la souffrance et la mort ?
On dit que la Nature a horreur du vide ; il en est de même de l’Esprit. En ce moment, l’EI est là avec ses réponses toutes faites. Demain, ce seront d’autres totalitarismes fous qui offriront leurs réponses, leurs sens.
L’humain est un être de sens. Il ne peut vivre sans sens. Et il le cherchera n’importe où dans une société qui nie toute transcendance.
Parfums d’automne et beauté — Je ne suis pas connaisseur en parfums, et je me demande si
Par un étrange cheminement, ces arômes me poussent à réfléchir au beau, à la beauté du monde.
Me reviennent quelques citations de François Cheng (a) sur la beauté, que je vous livre :
« L’univers n’est pas obligé d’être beau, et pourtant il est beau. À la lumière de cette constatation, la beauté du monde, en dépit des calamités, nous apparaît également comme une énigme. »
« Est vraie beauté celle qui relève de l’Être, qui se meut dans le sens de la vie ouverte. La beauté du diable, elle, fondée sur la tromperie, jouant le jeu de la destruction et de la mort, est la laideur même. »
« C’est dans la mesure où le yi (b), dans une œuvre particulière, atteint son plus haut degré, jusqu’à résonner en harmonie avec le yi universel, que cette œuvre acquiert sa valeur de plénitude. »
« Le désir de dire se confond avec le désir de beauté.
La vraie beauté est celle qui va dans le sens de la Voie, étant entendu que la Voie n’est autre que l’irrésistible marche vers la vie ouverte, autrement dit un principe de vie qui maintient ouvertes toutes ses promesses. »
a) Cinq méditations sur la beauté
b) Yi : Dynamisme cosmique conscient de création et d’entretien de la vie de tout ordre dans le Cosmos.
L’auteur
Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre