Le procès venait de se terminer au tribunal de Bayonne, Louisiane. Il s’est avancé dans l’allée centrale le pistolet à la main, a crié haut et fort « Fils ! », et a tiré. Le prisonnier s’est écroulé, tué sur le coup. Ensuite le vieux Brady Sims a demandé au shérif de lui laisser deux heures. Après, il pourrait venir l’arrêter. Il est ressorti du tribunal, est monté dans son camion et a démarré sur les chapeaux de roue.
Le narrateur, jeune reporter du journal local revenu depuis peu dans sa ville natale après ses études, a assisté à toute la scène. Arrivé sur place après coup, son chef lui demande de rédiger un « article à résonance humaine » sur ce qui vient de se passer. Pour mieux comprendre les faits, la serveuse d’un restaurant du coin lui conseille de se rendre au salon de coiffure de Felix. Les vieux qui y discutent toute la journée sauront lui dire pourquoi Brady, l’homme qui fouettait les enfants, a tué son propre fils.
Je retrouve toujours Ernest J. Gaines avec le même bonheur. Depuis « Une longue journée de novembre », depuis la magnifique « Autobiographie de Miss Jane Pittman », depuis son chef d’œuvre « Dites-leur que je suis un homme ». J’ai aussi lu son premier roman « Catherine Carmier », « D’amour et de poussière », « Colère en Louisianne », « Par la petite porte », « Quatre heures du matin », « Mozart est un joueur de blues » et « Au nom du fils ». En fait j’ai lu absolument tous ses livres. Né en 1933 sur une plantation de coton, il est pour moi l’écrivain noir du Sud profond le plus emblématique, celui qui parle le mieux de ce qu’il appelle « son monde », celui des afro-américains bien conscients du fait qu’ils vivent dans une région où l’égalité entre noirs et blancs n’existera jamais.
Qui aime bien châtie bien alors force est de reconnaître que cette novella ne restera pas comme son meilleur texte. La faute sans doute au décor choisi, à savoir ce salon de coiffure où l’histoire de Brady racontée par les habitués des lieux prend des airs de discussion de comptoir. Toute la verve de Gaines, sa maîtrise de l’oralité et la fluidité de ses dialogues s’y exercent mais la réflexion y perd en profondeur. Le parcours du tueur donne l’impression d’être survolé et la conclusion s’avère aussi inéluctable que prévisible. Dommage. Pour autant Gaines est et restera ce grand auteur américain pour lequel je garderai à jamais une admiration sans borne.
L’homme qui fouettait les enfants d’Ernest J. Gaines. Liana Levi, 2016. 110 pages. 12,00 euros.
Le narrateur, jeune reporter du journal local revenu depuis peu dans sa ville natale après ses études, a assisté à toute la scène. Arrivé sur place après coup, son chef lui demande de rédiger un « article à résonance humaine » sur ce qui vient de se passer. Pour mieux comprendre les faits, la serveuse d’un restaurant du coin lui conseille de se rendre au salon de coiffure de Felix. Les vieux qui y discutent toute la journée sauront lui dire pourquoi Brady, l’homme qui fouettait les enfants, a tué son propre fils.
Je retrouve toujours Ernest J. Gaines avec le même bonheur. Depuis « Une longue journée de novembre », depuis la magnifique « Autobiographie de Miss Jane Pittman », depuis son chef d’œuvre « Dites-leur que je suis un homme ». J’ai aussi lu son premier roman « Catherine Carmier », « D’amour et de poussière », « Colère en Louisianne », « Par la petite porte », « Quatre heures du matin », « Mozart est un joueur de blues » et « Au nom du fils ». En fait j’ai lu absolument tous ses livres. Né en 1933 sur une plantation de coton, il est pour moi l’écrivain noir du Sud profond le plus emblématique, celui qui parle le mieux de ce qu’il appelle « son monde », celui des afro-américains bien conscients du fait qu’ils vivent dans une région où l’égalité entre noirs et blancs n’existera jamais.
Qui aime bien châtie bien alors force est de reconnaître que cette novella ne restera pas comme son meilleur texte. La faute sans doute au décor choisi, à savoir ce salon de coiffure où l’histoire de Brady racontée par les habitués des lieux prend des airs de discussion de comptoir. Toute la verve de Gaines, sa maîtrise de l’oralité et la fluidité de ses dialogues s’y exercent mais la réflexion y perd en profondeur. Le parcours du tueur donne l’impression d’être survolé et la conclusion s’avère aussi inéluctable que prévisible. Dommage. Pour autant Gaines est et restera ce grand auteur américain pour lequel je garderai à jamais une admiration sans borne.
L’homme qui fouettait les enfants d’Ernest J. Gaines. Liana Levi, 2016. 110 pages. 12,00 euros.