Le roman s’ouvre sur un coup de sonnette. Devant la porte de cette jeune femme se tiennent deux hommes, l’un en costume et l’autre en bleu de travail. Ces agents employés par le gouvernement visitent chaque foyer pour y installer la peur.
De la menace terroriste à la crainte du chômage en passant par la maladie, l’insécurité ambiante ou la vision d’un avenir dénué de perspective, ils viennent implanter dans son esprit toutes les craintes avec lesquelles un citoyen doit vivre et les idées qui contribuent à la paranoïa d’une société en pleine sinistrose. Adoptant un rôle attendu de bon flic et mauvais flic, les membres de cet improbable duo lui tiennent un discours qui prend doucement une tournure imprévisible.
Si je suis très client du concept, je suis moins amateur de la forme. Le livre est presque uniquement composé de dialogues et je pense que l’auteur aurait gagné à prendre une décision plus tranchée : soit faire de son huis-clos une pièce de théâtre, soit agrémenter son livre d’un peu de narration et en faire un roman digne de ce nom. Pour moi, le résultat est bâtard et je me demande d’ailleurs si cette absence de narration ne pourrait pas être révélatrice d’une certaine pauvreté stylistique. Il y a bien quelques effets ici ou là mais ils semblent plus tape-à-l’œil qu’autre chose et ne suffisent pas à faire oublier le manque de richesse formelle.
Vite lu, ce livre est mordant et reste une bonne trouvaille qui s’inscrit complètement dans une veine de littérature pessimiste. Avis aux metteurs en scène, une adaptation théâtrale de cette excellente histoire pourrait donner à ce roman l’éclat qu’il lui manque.