Chronique « Vincent, un saint au temps des mousquetaires »
Scénario de Jean Dufaux, dessin de Martin Jamar,
Public conseillé : adultes / adolescents,
Style : Biographie,
Paru le 28 octobre chez Dargaud, 80 pages couleurs, 14.95 euros,
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L’Histoire
Paris 1643. Après une longue prière matinale, Le père Vincent quitte la maison de Saint-Lazare et se rend chez la Marquise de Maignelais. Il vient lui réclamer pour ses bonnes oeuvres la somme de six mille livres. Avec cette coquette somme, il se rend chez un ex-soldat qui s’est fait macro. Il vient racheter la liberté de la jeune Manon, quinze ans, qui s’est retrouvée chez cet homme sans scrupule…
Bon gré, mal gré, la jeune fille suit le père Vincent à l’Hotel-Dieu. Dans ce lieu hospitalier, le prêtre force la sage-femme Thérèse à l’accueillir.
Au même moment, Jérome, un autre de ses protégés, est amené sur une civière. Le jeune homme a été retrouvé dans la rue, un couteau enfoncé jusqu’à la garde…
Ce que j’en pense
Jean Dufaux et Martin Jamar, deux vieux complices de longues dates (“Voleur d’empires” et “Double-masque”) collaborent de nouveau pour un album un peu à part. Tout d’abord, loin des habituelles séries de Dufaux, c’est un One-shot ! Secundo, Jean dévoile une partie assez intime de sa personnalité, en nous racontant un personnage qui l’a profondément marqué en tant que catholique, à savoir le père Vincent, connu sous le nom de “Saint-Vincent de Paul”.
Dans la tradition des prêtres des rues, proches des déshérités, mais capables de demander aux puissants leurs aides, c’est un portrait en demi-teintes et assez subtil d’un personnage historique qu’il tente avec une approche assez personnelle. S’éloignant du documentaire pur jus, il brosse un portrait de ce prédécesseur de l’abbé Pierre, par un épisode de sa vie, une version moderne, sans fioriture, de la vie d’un saint.
Concentré dans le temps et l’espace, c’est un moment de grâce qui résume toutes ses actions. Battant inlassablement le pavé parisien, Jean décrit Le Père Vincent comme un homme investi d’une mission surhumaine et capable de soulever des montagnes, malgré une humanité bien fragile. C’est un beau portrait, même si on n’est pas croyant…
Historien de formation et surtout grand connaisseur, Jean Dufaux en profite pour situer très précisément cet homme dans son époque. Il décrit avec précision la vie et les moeurs et les habitudes de l’époque. Le récit de Vincent n’en parait que plus vrai.
Enfin, pour pimenter un peu la sauce, Jean Dufaux mêle à cette tranche de vie une intrigue autour de la mort d’un de ses protégés. Certes, cela dynamise le récit, mais noie un peu le poisson, à mon gout…
Au dessin, Martin Jamar est visiblement très inspiré. Son dessin réaliste fait merveille ici, beaucoup plus que dans les derniers épisodes de “Double masque”. Précis, détaillé, avec une architecture parisienne très présente et des ambiances de rues sales, il rend hommage, à sa façon, au récit admiratif de Jean Dufaux.
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