Scénario de Frédéric BERTOCCHINI.
Dessin de Michel ESPINOSA
Couleur de Nuria SAYAGO.
Editions Albiana, juin 2016
Thèmes abordés : Première Guerre Mondiale, Corse, mémoire, médias.
Le titre de la bande dessinée peut se traduire par " Allez enfants ! ". " est une injonction qui traduit l'impatience et l'insistance, " Zitelli ", veut dire " enfants "
Ces six nouveaux récits de la Grande Guerre prolongent les huit parus il y a deux ans, dans la BD du même nom : Aio Zitelli ! Récits de 14-18.
Le dessinateur a changé mais l'ambition est la même : raconter et transmettre, en mêlant fiction et réalités, les histoires de ces anonymes corses qui ont combattu, qui ont souffert, qui sont morts, disparus ou revenus blessés lors de ce terrible conflit.
La dernière page nous apporte des précisions quant à l'origine de chaque récit, qui s'appuie sur des faits véritables, des extraits de journaux ou de discours, corses ou non.
De ce fait, une distance est instaurée entre la narration et les dessins, qui tiennent chacun leur propre discours, renforçant leur portée émotionnelle.
Les civils ou la vie à l'Arrière sont davantage représentés que dans le premier tome, que l'on devinait pourtant au-travers des courriers.
On découvre au fur et à mesure des récits :
Un directeur d'école qui lit, fièrement, la lettre que lui a envoyée l'un de ses anciens élèves, désormais au Front, et qu'il a transmise ensuite au journal Le Petit Bastiais.
Un jeune garçon qui raconte sa fuite de Serbie, la mort de son père au combat, son grand-père resté au pays. Outre les prisonniers, la Corse a accueilli aussi de nombreux réfugiés lors de la Première Guerre mondiale, dont notamment des serbes et des Syriens.
est particulièrement fort et percutant. Alors que le récitatif laisse résonner les mots exacts du journal De l'ombre à la lumière Le Petit Bastiais des 11 et 12 novembre 1918 suite à la signature de l'armistice, les dessins les mettent en scène, les faisant se superposer et se parer de la couleur du sang et de la Mort.
On croise un déserteur, quelque part en France qui rencontre un enfant dans un cimetière dont le père est mort au Front, et qui l'aide. Récit fictif d'une réalité sur les déserteurs, français (et par ricochet des étrangers)
Le cinquième récit est constitué de deux sources qui s'entrecroisent. Une infirmière répond aux propos racistes du Ministre de la Guerre sur la présence " trop encombrante " des Corses dans les administrations.
Et de bateau, il en est justement question dans le dernier récit, particulièrement poignant. Il nous raconte le naufrage, réel, du Balkan le 15 août 1918, torpillé par un sous-marin allemand. Vieux rafiot qui faisait la liaison entre le continent et l'Île, avec à son bord des militaires en permission, des civils, des familles, il a emporté avec lui 400 personnes.
La couverture nous confronte avec ce soldat interdit, comme interloqué de nous voir là.Les cases, de toutes tailles et formes, nous immergent et restituent tantôt des portraits ou des vieilles photos en sépias et fond noir. Tandis que les dessins, d'une tonalité majoritairement sombre, sont saisissants.
Le régionalisme de la Grande Guerre est très intéressant à découvrir.
Pour la Corse, retrouvez ces deux articles :
Belles lectures et découvertes,
Blandine.