[Chronique #69] Les Bijoux Indiscrets

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  • Auteur : Denis Diderot
  • Edition : Macha Publishing
  • Sortie le 3 septembre 2016, 188 pages
  • Thèmes : Classique, libertinage, empire colonial, satire
  • 4e de couverture : « Un sultan se voit offrir un anneau aux pouvoirs magiques: toute femme vers laquelle il en tournera le chaton dévoilera ses intrigues les plus secrètes, bien malgré elle la plupart du temps puisque la voix de la vérité viendra de la partie la plus intime-et la mieux renseignée-de son anatomie… Avec ce roman, paru d’abord de manière anonyme, qui tout entier tourne autour des confessions involontaires et scandaleuses des femmes de la cour de Mangogul-où l’on reconnaît celle de Louis XV-,Diderot pensait avoir commis une « grande sottise ». Heureuse sottise, puisqu’elle nous vaut l’une des rares grandes fictions libertines au sens fort, c’est-à-dire qui réponde, comme Candide ou Justine, à ces trois critères: un récit expérimental, encyclopédique et, surtout, philosophique. »

Mon avis

Il y a quelque temps, j’ai été contactée par la ME Macha Publishing dans le cadre de la sortie de romans d’auteurs classiques et de leurs œuvres oubliées. Il y a quelque temps, ils ont recréé toute une collection avec des petits romans peu mis en avant, et j’ai été contactée pour lire ce Diderot. Qu’on se le dise, je n’ai jamais aimé la littérature classique. Plus jeune, j’avais tendance à m’ennuyer (et c’est toujours le cas aujourd’hui, d’ailleurs) et de plus, je trouvais le style d’écriture pompeux et dénué d’intérêt. Aujourd’hui, un peu plus âgée et de plus en plus amoureuse de ma langue maternelle, je prends beaucoup plus de plaisir à lire des textes en vieux français avec des tournures de phrases alambiquées. J’ai donc beaucoup moins de difficultés à lire de vieux textes, malheureusement, je les trouve toujours aussi ennuyeux. J’ai ce mauvais souvenir d’un Maupassant très mal passé, depuis, je suis réticente. J’ai voulu profiter de cette lecture pour me réconcilier avec ce style, et j’en suis à demi satisfaite, je m’explique.

Ce roman raconte les aventures d’un sultan laissé par sa cour, qui décide de demander à un génie de comprendre la manière de penser des femmes et leur manière d’agir avec les hommes. Il va lui offrir une bague qui va permettre à leur sexe de prendre vie et de parler de leurs vies. Un fait qui va amener certaines femmes dans des situations bien embarrassantes, dans une société où les femmes sont censées être pures, belles et fidèles à leurs époux.

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« Les Bijoux Indiscrets » est un roman libertin publié par Diderot en 1748. Une intrigue que l’auteur place dans un pays lointain, illusoire, ce qui permet à l’écrivain toutes ses petites entorses à la bienséance ! Petit rappel : nous sommes en plein milieu du règne de Louis XV, un homme complètement indifférent de la vie politique du pays. Il sera par les nombreuses intrigues impliquant sa maîtresse, la dame de Pompadour, son infidélité et son désintérêt des affaires pour les affaires de l’État, un roi très impopulaire. Les conquêtes coloniales, les grandes découvertes, apportent aux Français un goût de plus en plus prononcé pour ces pays aux mœurs si différentes des leurs. C’est ainsi que Diderot, utilise un stratagème plutôt intéressant : il ne devient que la personne qui transmet le texte d’un autre, ce qui lui permet, tout en faisant un parallèle assez évident entre la cour de Mangogul et celle de Louis XV, critiquant de fait l’inconstance du roi en place et de sa société sous couvert d’une vision orientaliste, lui évitant d’être fâcheusement embastillé.

On comprend assez facilement le côté outrageant de l’époque, bien qu’aujourd’hui il n’y plus rien de choquant. Cette société ne ressemble en rien à une société africaine de l’époque, elle est largement « civilisée », faisant bien plus penser à une cour Indienne ou Française. L’aspect dépaysant ce n’est pas très présent pour nous, habitant du XXIe siècle, mais au XVIIIe, c’était assez novateur.

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On retrouve une satire forte de la société de l’époque, dans un discours contemporain. Futilité, plaisir à outrance, inconstance, infidélité, dévergondage, indécence et grivoiserie, le tout, centré sur la figure de la femme. Un discours assez sexiste, critiquant les femmes de petites vertus, dans une société où, un homme n’ayant pas attrapé la syphilis n’était pas considéré comme un homme. La bague dévoilera donc toutes les petites affaires indiscrètes des femmes de sa cour alors que les plus pieuses ou amoureuses d’entre elles resteront insensibles à son touché. Tout cela, sous un fond de questionnement philosophie du Sultan et de sa maîtresse sur la virtuosité de la femme et sa capacité à le rester.

La féministe du XXIe siècle en moi a été fortement choquée par de tels propos et indignée que l’on puisse considérée de telle manière une femme qui, en fin de compte, à un comportement similaire à celui d’un homme. Mais que dire, à cette époque, une femme n’était rien d’autre qu’un objet permettant de faire perdurer sa lignée. Imaginez le scandale d’une femme capable de penser par elle-même, alors tromper son mari où avoir multiples aventures… 

J’ai particulièrement apprécié la manière dont est tourné le roman. Les phrases et les dialogues sont dynamiques, les phrases alambiquées. Jamais je n’aurai pas pensé dire un jour que j’ai apprécié la manière d’écrire de Diderot ou d’un autre philosophe des Lumières. Mais j’ai appris à apprécier ce style et à trouver une certaine forme de beauté. Et Diderot regorge de cette beauté.

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En résumé

Même si ce n’est très clairement pas pour l’action et le dynamisme, j’ai fini par apprécier le discours derrière le gratin de cette belle cour orientale. Bon, peut être un peu moins la critique du genre féminin, mais qu’est-ce que j’y peux ? C’est plus fort que moi ! Mais, si vous aimez les classiques, je pense que celui-ci saura vous satisfaire, le goût de l’interdit, c’est peut-être ce qu’il y a de meilleur !


bonne lecture


Les + 

  • Écriture
  • L’Aspect Interdit
  • La contemporanéité du discours
  • Critique de la société

Les —

  • Manque de dynamisme
  • Véritable critique de la femme
  • Pas la véritable vision d’un cours africaine (ou mon prof d’art africain me met… Mystère)