traces sur la plage
de la lucidité de tes pas
fous engoulevents criaient
les chants funèbres de mon être
mon cœur
qu’obligeait la mer inutilement
en vain pour toi se dévoilait
tu n’avais jamais été là
*
jusqu’à toi
j’aurai parcouru l’agonique chemin
sur ma cuisse traces de sang
l’être véritable
de naître commençait
*
bernaches aux quiets marais
s’envolent dans ta paume
tracent les lignes de ma main
tes yeux me voient moi
dans tes yeux je m’attends
plus tout à fait masculin
*
l’ange véritable se détourne de dieu
mais divin oui le miracle que tu sois
des outardes si chère traversent ton regard
dieu lui préfère ce qui ploie
femme parfaite dans un temple de chair
ta chair du réel le mystère suprême
tu m’auras appris toi visage de mes lèvres
qu’adulte seulement
l’homme naîtra
la mort elle que les mâles tous craignent
toi non ne te vaincra point
érodée splendeur jusqu’en tes os
à mes yeux toi tu seras toujours même
mon cœur belle mille fois te l’aurai donné
notre père donc exister ne peut pas
*
lumière des algues à l’orient de tes lèvres
ta chevelure fluviale émeut les oiseaux
d’entre tes reins l’aurore se lève
mes blancs soupirs coulent
sur les sables de ta main
*
s’éteignent des dieux désuets
nous devenons libres d’aimer
absolue sans cesse
notre présence s’évanouit et renaît
disparition d’inutiles dieux
advient en nous autour de qui nous sommes
le monde
passe l’oiseau si bleu
le ciel et l’oiseau confondus
toujours même mort
dissous dans la terre mes os
toujours toi j’aimerai
l’homme qui t’aime reconnaît
l’infinité sans paradoxe du cercle
*
amour écoute la nuit palpite
vois ce soleil pâle
l’obscur règne des chouettes
philosophes illuminer
moi belle ne le sais-tu pas ?
sur le chant rauque du sang
j’aurai tout misé
*
chaque moment le monde disparaît
l’homme lui prévoit sa fin
terre ventre tu m’accueilleras
d’omphalos ma langue percera les secrets
moi seul dans la cavité de chair vive
je t’entends corneille ton vol tu déploies
*
jamais des arbres les racines
n’épuiseront les sources de tes
charmes de blanches mains
dans tes mains ondoient de calmes fruits
m’enchante la mort d’un bleu serein
*
vert ton regard m’a traversé
j’en oubliai femme de mourir
lune tu égares dans tes blancs
sentiers le trépas noir des poètes
essentiel savoir resplendit
l’admirable marbre du tombeau
ivre lune ta flamme pure prête
sa passion à nos érotiques débats
*
mystère sans fin ton souffle domine
les plus obscurs secrets de mon être
souveraine tu t’ouvres
lors mes mains voient
la tendre chair d’une rose sacrée
*
dans le lointain ne l’entends-tu pas
en vain le père blême sans cesse pleurer ?
enfin lucide mon esprit enfante
l’être qui non dieu mais divin
sans arrêt nous conçoit
*
rien
vierge vers dont les écumes chantent
les ébats héroïques de deux amants
sur le vélin spectral te déploies
sans jamais exprimer rien
seul silence bruissant où
vide miroir du monde tu dis
l’absence nue d’amoureux qui
éblouis ne sauront
plus jamais rien
*
la mer s’éveillant au son de ses refrains
femme tu suis sans détours la voie
contre ton sein éclatent mes écumes
dans l’orient absolu belle tu m’attends
*
combien de meurtres derrière ce baiser ?
vois-tu la sarcelle qui s’envole ?
dans ton regard reviennent les oies blanches
le jour dans son or apparaît
*
sous le rosier aux fleurs rouge sang
les amants enlacés
à l’être donnent voix
vérité d’une clairière
ce matin le huard dans l’eau plongea
*
instant
morts pourtant ne mourrons point
amour
Notice biographique
Frédéric Gagnon a vécu dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, Kingston et Chicoutimi. Il habite aujourd’hui Québec. Il a étudié, entre autres, la philosophie et la littérature. À ce jour, il a publié trois ouvrages, dont Nirvana Blues, paru, à l’automne 2009, aux Éditions de la Grenouille Bleue. Lire et écrire sont ses activités préférées, mais il apprécie également la bonne compagnie et la bonne musique.