Après l'Afghanistan, direction le Japon, pour un roman complètement différent, dans le fond comme dans la forme. Plus un roman noir qu'un thriller, d'ailleurs, dans une ambiance pesante et assez malsaine, vous allez comprendre pourquoi. Entre dépaysement et choc culturel, voici un livre qui met en scène de beaux personnages ayant tous une particularité : ils ont une relation particulière à la vérité. Oui, disons-le, pour plusieurs d'entre eux, ils mentent comme une armée d'arracheurs de dents... "Kabukicho" est le nouveau roman de Dominique Sylvain (aux éditions Viviane Hamy) et il vous offrira une ambiance très prenante et dérangeante, mais aussi une montée progressive de la tension qui entraîne le lecteur dans un univers de noirceur... Avec une plongée dans un Japon inattendu, déroutant, glauque, débarrassé de sa rigidité et de ses tabous.
Kabukicho, c'est l'un des quartiers les plus chauds de Tokyo. Pas le plus chic, loin de là, mais c'est là que les habitants de la capitale japonaise viennent relâcher la pression. Dans les établissements de ce quartier, ils y passent un bonne partie de la nuit à boire et à faire la fête, laissant au vestiaire leur traditionnelle retenue diurne. Et puis, ils y rencontrent hôtes et hôtesses...
Il s'agit d'une profession étrange, qui consiste en grande partie à faire la conversation à ses clients, mais aussi, parce qu'il faut bien vivre, à alourdir gentiment leur note en remplissant leur verre à peine vidé. Et les mots qui sont prononcés sont évidemment, la plupart du temps, de pure forme : on dit au client ce qu'il veut entendre, ce qui rehausse l'image qu'il a de lui-même.
Et le sexe, dans tout ça ? Naturellement, la question se pose, puisqu'on a évoqué ce "quartier chaud". Les hôtes et les hôtesses ne sont pas des prostitués, rien ne les oblige à aller plus loin que les conversations que je viens d'évoquer. Certains poussent la prestation au-delà, couchent avec certains clients contre rémunération, c'est vrai.
C'est le cas de Yudai. Il est l'hôte n°1 de Kabukicho, une personnalité incontournable du quartier. Elégant, dandy, presque, il se considère comme le roi des menteurs à Tokyo, car c'est son talent pour la conversation qui a fait de lui une figure de la vie nocturne dans la capitale japonaise, immortalisée dans un manga et célébrée par de nombreuses photos.
Sachant cela, on pourrait s'attendre à faire la connaissance d'un personnage odieux, hautain, jouant les stars... Mais ce n'est pas le cas. Yudai est un personnage plein de sensibilité. Plein de blessures secrètes, également, que l'on va voir apparaître au fil de ce roman. Un homme usé, abîmé, déchiré entre sa véritable personnalité et son image professionnelle.
Son réconfort, il le trouve auprès d'une de ses collègues. Kate est une hôtesse en vue, elle aussi, sans doute pour des raisons différentes : anglaise d'origine, venue s'installer à Tokyo quelques années plus tôt, elle a séduit les clients avec son allure européenne, ses cheveux blonds, son humour et son sens de la conversation.
Yudai et Kate sont très différents, et c'est certainement ce qui explique pourquoi ils s'apprécient tant. Pourquoi ils ont noué une amitié sans ambiguïté : entre eux, une grande tendresse, une vraie complicité, une réelle confiance et rien d'autre. En d'autres circonstances, sans doute seraient-ils devenus amants, mais pas à Kabukicho.
Jusqu'au jour où Kate disparaît...
A Londres, son père, qui n'avait plus de nouvelle de sa fille après une brouille qui l'avait poussée au départ, reçoit un étrange message sur son portable. On y voit une photo de Kate, étendue, inerte, accompagnée d'un court message : "elle dort ici". Est-elle endormie, détenue quelque part ? Est-elle morte ? Impossible à dire.
Sanders décide aussitôt de se rendre à Tokyo pour retrouver sa fille par tous les moyens. Sur place, il prend contact avec Marie, une jeune française qui était la colocataire de sa fille, et découvre le mode de vie des deux jeunes femmes. Pas de quoi l'offusque, l'urgence est ailleurs et Sanders entend remuer ciel et terre pour qu'on retrouve Kate...
La police locale a confié l'affaire à un flic de métier, pourtant mis au rencart depuis un moment. Le capitaine Yamada était un des meilleurs flics de Tokyo jusqu'à ce qu'il soit grièvement blessé par balle en service. Revenu à son poste, il souffre d'une amnésie qu'il essaye de combler en compulsant sans cesse les dossiers de ses propres affaires. Mais il sent qu'on ne lui fait plus confiance...
Alors, avec humilité, discrétion mais détermination, il se lance dans cette enquête qui pourrait, peut-être, l'aider à retrouver le respect perdu et un statut qui correspondra mieux à son exemplaire carrière. Mais qui doit-il traquer ? Un kidnappeur, du genre amant jaloux qui aurait voulu garder l'hôtesse pour lui ? Un détraqué qui aurait flashé sur la belle Anglaise ? Ou pire, un tueur en série, espèce rare au Japon ?
Yudai, Marie et Yamada vont nous relater leurs recherches pour essayer de retrouver la trace de Kate avant qu'il ne soit trop tard. Chaque chapitre est raconté du point de vue d'un de ces trois personnages et, au-delà des questions posées par la disparition de Kate, c'est eux que l'on découvre, avec leur vérité... Et leurs réalités faussées.
Le décor est planté, enfin, pas tout à fait, encore un mot sur Kabukicho, qui est plus qu'un décor. Le quartier est bien sûr le socle de l'ambiance très particulière qui préside au roman de Dominique Sylvain, mais c'est un vrai personnage. Construit peu après la IIe Guerre mondiale, il devait être, comme son nom l'indique, un quartier dédié au théâtre kabuki.
Mais, la présence américaine dans l'archipel a fait dévier le projet : il fallait accueillir les GI's à la recherche d'un havre où passer ses permissions. Voilà comment ce quartier tout neuf est devenu un lieu de plaisirs divers et variés, à condition d'y mettre le prix. Et voilà comment sa sulfureuse réputation n'a plus cessé de grandir, jusqu'à devenir une cible : la mairie de Tokyo voudrait s'en débarrasser avant d'accueillir les prochains Jeux olympiques, en 2020...
Ce qui est fascinant, c'est que le parallèle entre sa nouvelle vocation et sa destination première demeure : Kabukicho reste un gigantesque théâtre, certes bien différent de l'art très codifié du kabuki. Pourtant, endormi le jour, le quartier prend vie la nuit, comme une scène qui s'allume sous les feux de la rampe. Hôtes et hôtesses en sont les acteurs vedettes, jouant un rôle jusqu'au lever du jour, où ils réintègrent leur propre existence.
Dominique Sylvain, qui a vécu à Tokyo et apprécie la culture japonaise, rend très bien cet atmosphère étrange, déroutante pour le regard occidental. On y voit les salariés japonais dépenser des sommes énormes en alcool, se lâcher comme jamais ils ne le feraient en journée, dans leur vie professionnelle ou familiale... On se croirait dans une espèce de fête des fous, où tout est permis, où la rigidité traditionnelle n'existe plus.
Yudai et Kate gagnent leur vie en jouant les hôtes parfaits, apportant le réconfort nécessaire à leur clientèle. Mais, l'ambiguïté de cette profession, le mélange affaires, argent, alcool, jeux, sexe, tout cela est propice aux mauvais coups et aux dangers. Une fois sortis de scène, les acteurs se retrouvent vulnérables et doivent affronter leurs propres démons...
"Kabukicho" est un roman plein de mensonges et de faux-semblants. Vous comprendrez évidemment que je ne peux pas développer trop cette facette du livre : c'est l'un des moteurs de l'intrigue et il se dévoile petit à petit. Mais, Dominique Sylvain l'alimente avec habileté, en multipliant les clins d'oeil au gré des chapitres.
Ainsi, aperçoit-on Delon dans "Plein Soleil", film adapté du roman "Le talentueux M. Ripley", de Patricia Highsmith, dont on repère la couverture, ou encore Deneuve dans "la Sirène du Mississippi"... Leur dénominateur commun ; le mensonge, la dissimulation, la fabrication d'un autre... J'aurais bien vu une autre référence cinématographique, mais pas de Bridget Fonda ou de Jennifer Jason Leigh..;
Oui, on ment dans ce roman. Pour plein de raisons, souvent d'excellentes, d'ailleurs. Je l'ai dit à propos de Yudai mais cela vaut pour d'autres. Se construire une autre vie que celle dans laquelle on évolue, écarter les murs, se faire passer pour un autre, se grandir, s'embellir, tout cela est très humain et, finalement, assez peu répréhensible. A priori...
Mais je m'en voudrais de finir ce billet sans parler un peu plus de Kate.Oh, je ne vais pas entrer dans le détail, mais simplement parce que ce personnage, détonateur de l'intrigue lorsqu'elle disparaît, reste omniprésente d'un bout à l'autre. Elle n'est pas la Rebecca de Daphné du Maurier, mais c'est vrai que sa présence a quelque chose de subliminal, d'indélébile.
Or, si elle n'intervient pas, comme d'autres, dans la narration, et donc si elle ne participe pas à la révélation des secrets qui font la trame de ce livre, sa personnalité tient une place importante dans tout cela. Sa personnalité, mais aussi ses mensonges... Il ne s'agit pas de dénigrer la victime, attention, juste de constater des faits : Kate exelle dans l'art de dissimuler...
Un dernier point, rapide. Dans "Kabukicho", Dominique Sylvain joue aussi sur une espèce de mise en abyme. Et c'est logique : l'écrivain n'est-il pas un parfait menteur, lui aussi ? Umberto Eco, dans "Baudolino", entre autres, explorait cette idée. Ici, vous le découvrirez, l'écriture tient une place particulière dans ce roman noir. Mais, chut, n'en disons pas plus !
En jouant avec les différences culturels entre Japon et Occident, Dominique Sylvain réussit à créer une tension qui va croissant. Ce côté oppressant, assez glauque, franchement déroutant est l'un des côtés forts du livre, tout comme la personnalité du tueur, qui mériterait un ou deux paragraphes, si je pouvais... Personnage fascinant, complexe et effrayant...
Êtes-vous prêt à plonger au coeur des lumières de Kabukicho, à la rencontre des hôtes et des hôtesses, de leurs clients, des propriétaires de ces établissements nocturnes et de tout ceux qui y fraient ? Soyez prudent, chaque ombre n'est sans doute pas ce qu'elle semble être et le danger pourrait être... n'importe qui !
Kabukicho, c'est l'un des quartiers les plus chauds de Tokyo. Pas le plus chic, loin de là, mais c'est là que les habitants de la capitale japonaise viennent relâcher la pression. Dans les établissements de ce quartier, ils y passent un bonne partie de la nuit à boire et à faire la fête, laissant au vestiaire leur traditionnelle retenue diurne. Et puis, ils y rencontrent hôtes et hôtesses...
Il s'agit d'une profession étrange, qui consiste en grande partie à faire la conversation à ses clients, mais aussi, parce qu'il faut bien vivre, à alourdir gentiment leur note en remplissant leur verre à peine vidé. Et les mots qui sont prononcés sont évidemment, la plupart du temps, de pure forme : on dit au client ce qu'il veut entendre, ce qui rehausse l'image qu'il a de lui-même.
Et le sexe, dans tout ça ? Naturellement, la question se pose, puisqu'on a évoqué ce "quartier chaud". Les hôtes et les hôtesses ne sont pas des prostitués, rien ne les oblige à aller plus loin que les conversations que je viens d'évoquer. Certains poussent la prestation au-delà, couchent avec certains clients contre rémunération, c'est vrai.
C'est le cas de Yudai. Il est l'hôte n°1 de Kabukicho, une personnalité incontournable du quartier. Elégant, dandy, presque, il se considère comme le roi des menteurs à Tokyo, car c'est son talent pour la conversation qui a fait de lui une figure de la vie nocturne dans la capitale japonaise, immortalisée dans un manga et célébrée par de nombreuses photos.
Sachant cela, on pourrait s'attendre à faire la connaissance d'un personnage odieux, hautain, jouant les stars... Mais ce n'est pas le cas. Yudai est un personnage plein de sensibilité. Plein de blessures secrètes, également, que l'on va voir apparaître au fil de ce roman. Un homme usé, abîmé, déchiré entre sa véritable personnalité et son image professionnelle.
Son réconfort, il le trouve auprès d'une de ses collègues. Kate est une hôtesse en vue, elle aussi, sans doute pour des raisons différentes : anglaise d'origine, venue s'installer à Tokyo quelques années plus tôt, elle a séduit les clients avec son allure européenne, ses cheveux blonds, son humour et son sens de la conversation.
Yudai et Kate sont très différents, et c'est certainement ce qui explique pourquoi ils s'apprécient tant. Pourquoi ils ont noué une amitié sans ambiguïté : entre eux, une grande tendresse, une vraie complicité, une réelle confiance et rien d'autre. En d'autres circonstances, sans doute seraient-ils devenus amants, mais pas à Kabukicho.
Jusqu'au jour où Kate disparaît...
A Londres, son père, qui n'avait plus de nouvelle de sa fille après une brouille qui l'avait poussée au départ, reçoit un étrange message sur son portable. On y voit une photo de Kate, étendue, inerte, accompagnée d'un court message : "elle dort ici". Est-elle endormie, détenue quelque part ? Est-elle morte ? Impossible à dire.
Sanders décide aussitôt de se rendre à Tokyo pour retrouver sa fille par tous les moyens. Sur place, il prend contact avec Marie, une jeune française qui était la colocataire de sa fille, et découvre le mode de vie des deux jeunes femmes. Pas de quoi l'offusque, l'urgence est ailleurs et Sanders entend remuer ciel et terre pour qu'on retrouve Kate...
La police locale a confié l'affaire à un flic de métier, pourtant mis au rencart depuis un moment. Le capitaine Yamada était un des meilleurs flics de Tokyo jusqu'à ce qu'il soit grièvement blessé par balle en service. Revenu à son poste, il souffre d'une amnésie qu'il essaye de combler en compulsant sans cesse les dossiers de ses propres affaires. Mais il sent qu'on ne lui fait plus confiance...
Alors, avec humilité, discrétion mais détermination, il se lance dans cette enquête qui pourrait, peut-être, l'aider à retrouver le respect perdu et un statut qui correspondra mieux à son exemplaire carrière. Mais qui doit-il traquer ? Un kidnappeur, du genre amant jaloux qui aurait voulu garder l'hôtesse pour lui ? Un détraqué qui aurait flashé sur la belle Anglaise ? Ou pire, un tueur en série, espèce rare au Japon ?
Yudai, Marie et Yamada vont nous relater leurs recherches pour essayer de retrouver la trace de Kate avant qu'il ne soit trop tard. Chaque chapitre est raconté du point de vue d'un de ces trois personnages et, au-delà des questions posées par la disparition de Kate, c'est eux que l'on découvre, avec leur vérité... Et leurs réalités faussées.
Le décor est planté, enfin, pas tout à fait, encore un mot sur Kabukicho, qui est plus qu'un décor. Le quartier est bien sûr le socle de l'ambiance très particulière qui préside au roman de Dominique Sylvain, mais c'est un vrai personnage. Construit peu après la IIe Guerre mondiale, il devait être, comme son nom l'indique, un quartier dédié au théâtre kabuki.
Mais, la présence américaine dans l'archipel a fait dévier le projet : il fallait accueillir les GI's à la recherche d'un havre où passer ses permissions. Voilà comment ce quartier tout neuf est devenu un lieu de plaisirs divers et variés, à condition d'y mettre le prix. Et voilà comment sa sulfureuse réputation n'a plus cessé de grandir, jusqu'à devenir une cible : la mairie de Tokyo voudrait s'en débarrasser avant d'accueillir les prochains Jeux olympiques, en 2020...
Ce qui est fascinant, c'est que le parallèle entre sa nouvelle vocation et sa destination première demeure : Kabukicho reste un gigantesque théâtre, certes bien différent de l'art très codifié du kabuki. Pourtant, endormi le jour, le quartier prend vie la nuit, comme une scène qui s'allume sous les feux de la rampe. Hôtes et hôtesses en sont les acteurs vedettes, jouant un rôle jusqu'au lever du jour, où ils réintègrent leur propre existence.
Dominique Sylvain, qui a vécu à Tokyo et apprécie la culture japonaise, rend très bien cet atmosphère étrange, déroutante pour le regard occidental. On y voit les salariés japonais dépenser des sommes énormes en alcool, se lâcher comme jamais ils ne le feraient en journée, dans leur vie professionnelle ou familiale... On se croirait dans une espèce de fête des fous, où tout est permis, où la rigidité traditionnelle n'existe plus.
Yudai et Kate gagnent leur vie en jouant les hôtes parfaits, apportant le réconfort nécessaire à leur clientèle. Mais, l'ambiguïté de cette profession, le mélange affaires, argent, alcool, jeux, sexe, tout cela est propice aux mauvais coups et aux dangers. Une fois sortis de scène, les acteurs se retrouvent vulnérables et doivent affronter leurs propres démons...
"Kabukicho" est un roman plein de mensonges et de faux-semblants. Vous comprendrez évidemment que je ne peux pas développer trop cette facette du livre : c'est l'un des moteurs de l'intrigue et il se dévoile petit à petit. Mais, Dominique Sylvain l'alimente avec habileté, en multipliant les clins d'oeil au gré des chapitres.
Ainsi, aperçoit-on Delon dans "Plein Soleil", film adapté du roman "Le talentueux M. Ripley", de Patricia Highsmith, dont on repère la couverture, ou encore Deneuve dans "la Sirène du Mississippi"... Leur dénominateur commun ; le mensonge, la dissimulation, la fabrication d'un autre... J'aurais bien vu une autre référence cinématographique, mais pas de Bridget Fonda ou de Jennifer Jason Leigh..;
Oui, on ment dans ce roman. Pour plein de raisons, souvent d'excellentes, d'ailleurs. Je l'ai dit à propos de Yudai mais cela vaut pour d'autres. Se construire une autre vie que celle dans laquelle on évolue, écarter les murs, se faire passer pour un autre, se grandir, s'embellir, tout cela est très humain et, finalement, assez peu répréhensible. A priori...
Mais je m'en voudrais de finir ce billet sans parler un peu plus de Kate.Oh, je ne vais pas entrer dans le détail, mais simplement parce que ce personnage, détonateur de l'intrigue lorsqu'elle disparaît, reste omniprésente d'un bout à l'autre. Elle n'est pas la Rebecca de Daphné du Maurier, mais c'est vrai que sa présence a quelque chose de subliminal, d'indélébile.
Or, si elle n'intervient pas, comme d'autres, dans la narration, et donc si elle ne participe pas à la révélation des secrets qui font la trame de ce livre, sa personnalité tient une place importante dans tout cela. Sa personnalité, mais aussi ses mensonges... Il ne s'agit pas de dénigrer la victime, attention, juste de constater des faits : Kate exelle dans l'art de dissimuler...
Un dernier point, rapide. Dans "Kabukicho", Dominique Sylvain joue aussi sur une espèce de mise en abyme. Et c'est logique : l'écrivain n'est-il pas un parfait menteur, lui aussi ? Umberto Eco, dans "Baudolino", entre autres, explorait cette idée. Ici, vous le découvrirez, l'écriture tient une place particulière dans ce roman noir. Mais, chut, n'en disons pas plus !
En jouant avec les différences culturels entre Japon et Occident, Dominique Sylvain réussit à créer une tension qui va croissant. Ce côté oppressant, assez glauque, franchement déroutant est l'un des côtés forts du livre, tout comme la personnalité du tueur, qui mériterait un ou deux paragraphes, si je pouvais... Personnage fascinant, complexe et effrayant...
Êtes-vous prêt à plonger au coeur des lumières de Kabukicho, à la rencontre des hôtes et des hôtesses, de leurs clients, des propriétaires de ces établissements nocturnes et de tout ceux qui y fraient ? Soyez prudent, chaque ombre n'est sans doute pas ce qu'elle semble être et le danger pourrait être... n'importe qui !