Tout a une fin, y compris le cycle de Snyder et Capullo sur Batman. Le scénariste a vraiment tout fait pour s'approprier l'univers du Dark Knight, et en offrir une vision plus moderne, au risque parfois d'exagérer notablement, et de donner dans le mauvais goût. Il a su proposer de nouveaux défis fascinants (la cour des Hiboux) dépoussiérer certaines menaces habituelles (le Joker) avant de les caricaturer et d'en pervertir le sens (le Joker, bis repetita, en fin de parcours). Il s'est attaqué aux fondements de la légende (Année Un) et a momentanément éliminé la psychologie même du héros (Bruce Wayne amnésique et ramené de la mort) pour le remplacer par une version robotisée au service des forces de police de Gotham. Honnêtement, les deux dernières années de Snyder aux manettes m'ont semblé longues, et totalement exagérées. James Gordon, engoncé dans une armure technologique aux antennes ridicules, a vite trouvé son propre ennemi, qui l'a terrassé sans trop de mal, mettant la cité à feu et à sang. Mister Bloom est une menace presque plus adaptée à la Justice League qu'à Batman seul. Que peut l'ancien commissaire, face à ce type qui module son apparence, sa consistance, et a semé partout dans Gotham des graines mi organiques mi faites de circuits artificiels, qui une fois enfilées sous la peau transforment les victimes en des êtres capables de posséder momentanément des super pouvoirs, ou de mourir atrocement? Encore une fois Gotham chancelle et semble vouée à succomber. On peut d'ailleurs se demander le pourquoi d'une telle obsession dans les comics américains, de ces métropoles au bord du gouffre, où la loi et l'ordre disparaissent momentanément, comme si elles n'étaient pas partie d'un tissu plus vaste (la nation) qui se se priverait pas, dans un cas de figure semblable, d'organiser une riposte massive et expéditive. Bref, c'est le combat final dans les rues, et les citoyens perdent la boule à la seule idée de l'offre alléchante que Bloom leur fait ; devenir plus grand, plus fort, plus puissant.
Et Bruce Wayne pendant ce temps-là? Il est apaisé, et privé de son obsession et du lourd fardeau de devoir jouer à la chauve-souris dès la nuit tombante, il peut enfin goûter au bonheur simple de la construction du couple, jusqu'à même aller demander la main de Julie Madison avec qui il a renoué. Une idylle qui serait parfaite si l'homme n'était pas amnésique, et en réalité une machine de guerre vierge de souvenirs. Alfred, en bon majordome et père de substitution, souligne d'ailleurs à quelle point cette vie là, libre et plus saine, ne peut et doit être sacrifiée, même si pour cela il convient de faire tout le possible pour que Bruce ne renoue pas avec ses vieux démons. C'est que Snyder réserve une ultime carte pour ramener le vrai Batman dans l'équation, et cela implique encore une fois un drame, une mort, une résurrection. Greg Capullo aussi rend son tablier avec ce neuvième et dernier volume, avant d'aller voir du coté de Mark Millar si l'herbe est plus verte (Reborn, déjà chroniqué sur notre site en Vo). Rien à dire coté prestation, il reste solide et plaisant, et ceux qui adhèrent et adorent son style trouveront là encore matière à se réjouir. A noter que Yanick Paquette est également de la partie, avec un épisode complet qui arbore fièrement une construction différente des planche, jouant avec des vignettes sphériques ou à motifs chauve-souris pour plonger le lecteur dans les errements mentaux d'un Bruce Wayne sur le chemin du retour à soi, à l'atroce et douloureuse (re)connaissance de soi.
Non, ce volume ne m'a pas enthousiasmé plus que cela. Too much, pour résumer en une formule éculée. Même si on ne pourra s'empêcher de noter que le travail conjoint de Snyder et Capullo est déjà entré dans la légende. Batman n'aura pas été le plus mal loti, durant les défunts New 52.
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