William Morris, à peine moins connu comme artiste préraphaélite que comme père fondateur de la fantasy moderne, est pour ainsi dire inconnu du grand public. Si sa langue précieuse et son univers raffiné respectent les codes du genre, je pense que cet ouvrage est plus à mettre entre les mains d’un lecteur de littérature classique et de Chrétien de Troyes qu’entre celles d’un amateur de fantasy à la Bragelonne. En effet, son livre est une somme qui reste tout du long à la frontière du récit d’aventures mais n’y bascule jamais complètement. Il reste au final un roman existentialiste. Rodolphe se cherche, s’interroge sur la vie, l’amitié, l’amour, la figure du père et il faut voir en cette Source merveilleuse une allégorie sur la fuite du temps et l’acceptation des années qui passent.
La Source au bout du monde est un roman ambitieux, éventuellement austère, un beau boulot éditorial, le résultat magistral d’un grand travail de traduction et un passage obligé pour les inconditionnels de quêtes existentialistes.