Chronique « Odyssées initiatiques »
Scénario de Alfredo Castelli, dessin de Milo Manara,
Public conseillé : Adultes / grands adolescents,
Style : Aventure,
Paru le 29 juin 2016 chez Glenat, 19.50 euros,
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Ce que j’en pense
Odyssée initiatique est une compilation de 2 BD réalisées par Manara mais, au tout début de sa carrière, avant qu’il ne devienne l’un des maîtres de la BD érotique.
Il s’agit de deux histoires, un Western et une aventure himalayenne. A priori rien ne lie ces deux aventures excepté les grands thèmes qui, la maturité de l’auteur venant, vont servir de squelette à son œuvre future.
Les deux histoires sont des quêtes menées par de jeunes sots (Point commun). Ce qu’ils vont découvrir, l’un dans l’Himalaya et l’autre dans les déserts du Far-West américain, c’est pour l’un d’eux la spiritualité et pour l’autre amour.
La quête, le jeune sot, la spiritualité et l’amour contrarié, voilà des thèmes que l’on trouvera dans El gaucho par exemple. Ces deux histoires ont un lien fort avec l’extraordinaire, la magie des prêtres tibétains ou des sorciers sioux. Là encore Gulliverana et La métamorphose de Lucius présentent les mêmes thèmes.
Si fesses-à-l’air, la jeune indienne prisonnière de l’homme de papier (le western), est le sosie de nombreuses futures héroïnes de Manara. Cependant, vous ne la verrez pas courir dénudée à toutes les pages (pas possible à l’époque ou alors Manara était trop jeune).
La nature et sa glorification est un élément commun aux 2 histoires. Ce qui est assez intéressant, car cela ne transparait pas dans le reste de la création de Manara excepté les filles « natures » de ce génial créateur.
Ces deux aventures sont la première et la sixième BD de Manara. Mais déjà le trait est d’une précision et d’une finesse incroyable. Que ces dessins sont simples et beaux, tellement aboutis ! Les visages sont tous différents et extrêmement expressifs ; les décors ne servent que les personnages, à les mettre en valeur, C’est à peine s’ils servent à illustrer le propos ou la mise en scène. Les couleurs, les noirs de contours, sont si différents entre la première et sixième BD ! Quelle évolution !
Déjà son style s’était établi. En fait je ressens que par la suite, il n’a fait que simplifier son dessin, le « purifier », l’alléger jusqu’à ne conserver que l’essentiel afin que le lecteur ne se disperse pas. Le magnifique Caravage et la série superbe des Borgia font peut-être exception à cela.
Lire les deux aventures d’Odyssée initiatique ne fut pas une Madeleine de Proust, mais une belle découverte, car je ne connaissais pas ces BD de Manara, génial inventeur du Déclic et du parfum de l’invisible. Toute la carrière, fut vouée à désenclaver l’érotisme en BD par une grande élégance du dessin et des scénarios subtils.