Léon, Yéti, Nina.
Aussi éloignés dans les faits que l'alpha et l'omega, la littérature de jeunesse et la télévision peuvent toutefois se retrouver parfois.
Je ne parle pas d'une émission qui chroniquerait régulièrement l'actualité des livres pour enfants comme plusieurs le font de celle des livres pour adultes. Faut pas rêver. Oui, je sais, cela se fait parfois, exceptionnellement. Mais ce n'est que déception car que dire en une heure quand on ne fait rien le reste de l'année? Et, oui, je sais aussi, il y a de temps en temps de la jeunesse en télé grâce à Olivia de Lamberterie ("Télé-Matin", France 2).Non, je parle d'une série qui commence tout bientôt sur France 4 (le dimanche 4 décembre à 13 h 20) et sur France 5 (à partir du samedi 17 décembre à 10 heures) et qui s'intitule "Yétili". Soit 26 épisodes de 7 minutes chacun pour commencer.
Yéti, Léon, Nina et un album pour enfants. (c) France Télévisions.
Scène de tournage.
Chaque album est lu dans son intégralité par le gros Yéti aux deux petites souris. Comme un adulte à des enfants. Le spectateur assiste à cette lecture dynamique, joyeuse. Les images montrent tantôt un plan large des trois marionnettes à l'œuvre, tantôt les illustrations du livre en plans plus ou moins serrés. De brèves séquences de digression avec Léon et Nina rappellent que la lecture est sérieuse mais pas à sacraliser. On peut s'arrêter pour discuter deux secondes ou se faire des blagues ou se cacher quand on a peur. Et puis, on reprend le livre. Enfin, Yéti reprend sa lecture.J'ai eu l'occasion de visionner l'épisode créé à propos de "Qui a pris le dodolé de Zékéyé" de Nathalie Dieterlé (Hachette jeunesse) et j'en suis enchantée. C'est mignon et chouette en même temps. A hauteur d'enfant sans bêtifier. Nina et Léon sont comme des gosses, Yéti comme un adulte concerné et compréhensif. Des marionnettes, ces trois-là? Ils apparaissent si terriblement humains. J'ai hâte de voir les autres épisodes. Parce que dans la vraie vie, un livre en amène un autre. La lecture est une passion qui se transmet bien. A tous les âges.
Séverine Gégauff-Lebrun.
Séverine Gégauff-Lebrun peut être fière de son idée, toute simple et excellente, de replacer le livre au cœur du sujet, de lui redonner sa valeur, de montrer combien le livre est raconteur d'histoires, développeur de l'imaginaire, miroir personnel, porte-voix, fenêtre ouverte sur le monde, vie par procuration... Elle porte le projet depuis le début en tant que directrice artistique et en voit aujourd'hui sa superbe concrétisation (coréalisation France Télévisions et Darjeeling, en partenariat avec le CNL (Centre national du livre) et les Librairies indépendantes).Pour découvrir un extrait de "Yétili", c'est ici.
Les 15 premiers livres de la saison 1
- "Émile est invisible", Vincent Cuvellier et Ronan Badel (Gallimard jeunesse)
- "Qui a pris le dodolé de Zékéyé", Nathalie Dieterlé (Hachette jeunesse)
- "Les Noëls d'Ernest et Célestine", Gabrielle Vincent (Casterman jeunesse)
- "Grododo", Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo (Frimousse)
- "C'est moi le plus fort", Mario Ramos (l'école des loisirs-Pastel)
- "Cache-cache dinos", Gaëlle Mazars et Jean-Baptiste Drouot (Hélium)
- "L'Après-midi d'une fée", André Bouchard (Seuil jeunesse)
- "Le chevalier de Ventre-à-Terre", Gilles Bachelet (Seuil jeunesse)
- "Les Trois Boucs", Jean-Louis Le Craver et Rémi Saillard (Didier jeunesse)
- "Moi devant", Nadine Brun-Cosme et Olivier Tallec (Père Castor-Flammarion)
- "Pomelo grandit", Ramona Badescu et Benjamin Chaud (Albin Michel jeunesse)
- "Poka et Mine, un cadeau pour Grand-Mère", Kitty Crowther (l'école des loisirs-Pastel)
- "Princesse Flore et son poney Bouton d'Or", Philippe UG (Les Grandes Personnes)
- "Victor qui pète", Dylan Pelot et Mathis (Chours)
On le voit, des choix qui rendent honneur à la littérature de jeunesse de qualité, destinés plutôt aux enfants en âge de classes maternelles. Des albums dont on sent qu'ils sont aimés par l'équipe qui les met en scène.
Comment sont choisis les titres qui Yéti lira à Nina, Léon et tous ceux devant leur écran? "Les livres que nous racontons dans "Yétili" sont soigneusement choisis par notre rédaction", répond Séverine Gégauff-Lebrun. "Nous veillons à la diversité éditoriale (sur 26 épisodes, 18 éditeurs différents). Nous sommes également attachés à une diversité temporelle en présentant à la fois des albums du patrimoine, des albums de fond, des classiques ainsi que des nouveautés. Nous privilégions les histoires et veillons à leur diversité thématique. Enfin, nous proposons des univers graphiques différents à la hauteur de la richesse de la création en littérature de jeunesse."
Transmettre la passion de la lecture.
Tout est-il transposable à l'écran? "Nous avons des contraintes de taille", poursuit la créatrice de la série, "le temps imparti (pas plus de cinq minutes de temps de lecture), les marionnettes, le format de certains livres… Nous avons choisi un livre pop-up, par exemple. Ce n'était pas du tout évident à l'écran mais comme nous adorons relever les défis, nous l'avons tenté et nous sommes ravis du résultat. Nous souhaitons garder cette souplesse et rester sur cette ligne afin de transposer le plus possible d'histoires à l'écran."
Les couvertures.
La librairie.
A la librairie "Au Yéti qui lit", on trouve des meubles, des coussins, un comptoir, des plantes, des lumières, des étagères et des bacs à livres, et bien entendu des albums. Plein d'albums qui sont exposés. Surprise, leurs très belles couvertures ont été créées par les étudiants de l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles dans le cadre de leur cours d'illustration dirigé par Anne Quévy.Rendez-vous donc sur France 4 à partir du dimanche 4 décembre tous les samedis et dimanches à 13 h 20 pour une diffusion hebdomadaire le week-end (sauf pendant les vacances de fin d'année en quotidien à 13 h 20 également), et sur France 5 à partir du samedi 17 décembre à 10 heures en diffusion hebdomadaire.