Chronique « Je, François Villon », tome 3 – Je crie à toutes gens merci,
Scénario et dessin de Luigi Critone, d’après le roman de Jean Teulé ; couleurs de Giorgia Cassetti,
Public conseillé : Adultes / grands adolescents (à partir de 16 ans),
Style : Biographie, Adaptation,
Paru le 16 novembre chez Delcourt, 72 pages couleurs, 15.50 euros,
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L’Histoire
Juin 1461, François Villon fait l’acteur. Il quitte la scène et s’en va rejoindre deux amis filous à la terrasse d’une taverne. Pour fêter leur dernier larcin (un calice précieux dérobé à l’évêque de Meung), les compères se mettent en quête d’oies à rôtir.
Après une nuit de ripailles, François se retrouve seul dans la forêt. Rattrapé par les gardes de l’évêché, il est jeté dans un cachot infâme et soumis à la torture…
Ce que j’en pense
Luigi Critone, aidé à la couleur par Giorgia Cassetti, finit sa trilogie, adaptée du roman éponyme de Jean Teulé. Parfaitement fidèle à l’esprit du livre (et du poète dont il narre la vie tumultueuse), il nous offre un triptyque truculent, sombre et profond à la fois…
Avec cet ultime épisode, nous assistons à la tombée dans l’abîme de Villon. Après la vie de débauche (assumée ou subie) de ce trublion, résistant à toute forme d’autorité, voici notre homme plein de doutes. Qu’est-il devenu et à quoi aspire t-il ? Une vie de patachon, de détrousseur, violeur et même tueur, comme les “coquillards” ou une vie honnête ?
Entre ses questionnements, Le “Villon” que les autres croient connaître et son passé qui le rattrape, Luigi nous offre un portrait profond et intime, où vérité et morale s’affrontent dans un jeu de dupe et de mort…
Vraiment, cette trilogie est somptueuse ! S’appuyant sur le texte de Jean Teulé, Luigi rend vivant, contemporain, ce moyen-âge si lointain. Meurs, violence, mort, châtiments, tout semble tellement proche…
Au delà de la reconstitution, Luigi Critone met en scène la psychologie complexe de François Villon, cet homme révolté, écorché, brillant, qui se fait le chancre vengeur de son époque. Un homme béni du diable, des voleurs et des putains…
« Je suis pécheur, je le sçay bien ; Pourtant ne veult pas Dieu ma mort, mais convertisse et vive en bien, Et tout autre que pechié mort. »Je ne suis pas lecteur de poésie. Malgré cela, j’ai été émerveillé par la langue de Villon. Luigi m’a rappelé toute la beauté du “Vieux François”. Il en parsème ses têtes de chapitres et son récit, reprenant des bouts entiers de poèmes, pour mon plus grand plaisir.
Vous pensez que la BD n’a que peu de chose à voir avec le beau texte ? Détrompez-vous. Luigi prouve le contraire, démonstration à l’appui !
Côté dessin, là aussi, j’ai été séduit. Les cases et les ambiances sombres et intenses se font le pendant des émotions de Villon. Révolté, torturé, étonné, les cases s’enchaînent et virevoltent entre belle langue et moments contemplatif. C’est beau et sombre.
Je n’oublie pas le travail de la mise-en-lumière (la couleur), amenée par Giorgia Cassetti. La jeune coloriste reproduit avec subtilité toute la palette des émotions…
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