C'est le cœur brisé que Ceony Twill, 19 ans, débarque chez le magicien Emery Thane. Sortie major de sa promotion à l'école Tagis Praff, elle se voit contrainte d'embrasser la magie du papier, elle qui rêvait de travailler le métal. Or une fois qu’elle sera liée au papier, matériau qu’elle dédaigne, elle sait que c'est pour le restant de sa vie.Dès le début de son apprentissage chez l'excentrique mais si charmant Emery, Ceony découvre un monde merveilleux qu'elle ne soupçonnait pas : animer des créatures de papier, donner vie à des récits grâce aux images qui les illustrent, prédire l'avenir… Mais son bonheur se ternit quand elle se trouve confrontée aux dangers de la magie interdite.
Une Exciseuse - pratiquant la magie noire liée à l'élément de chair - attaque le magicien et lui arrache le cœur avant de s'enfuir avec son précieux butin. Pour le sauver, Ceony devra affronter l'horrible sorcière assoiffée de sang et se lancer dans un périlleux périple qui la mènera dans les méandres du cœur de son mentor dont elle va découvrir les lourds secrets.
Je tiens tout d’abord à remercier AmazonCrossing et la plateforme NetGalley pour ce partenariat numérique.
Je dois avouer que le résumé ne payait selon moi pas de mine. Certes, on a envie d’en savoir plus, pourtant je ressentais cette impression de lire un « plagiat » de La Passe-miroir, et cette désagréable sensation a perduré un bon cinquième du livre. Fort heureusement il s’est vite désagrégé et j’ai pu pleinement savourer ma lecture.
Les premières pages nous plongent dans le contexte. Angleterre du XIXe siècle, Ceony Twill est une jeune fille de dix-neuf ans qui vient d’obtenir son diplôme de magie et se voit ainsi affectée auprès d’un magicien patenté, Mg Emery Thane. Pas de chance pour elle, elle ne sera pas envoyée dans le domaine de compétence qu’elle souhaitait et la jeune femme devra apprendre la magie du papier, le don le moins répandu parmi la caste des magiciens.
Les premières pages nous présentent l’environnement dans lequel on évoluera dans une petite moitié du livre, à savoir la maison du Mg Thane. Ce choix donne l’impression d’évoluer dans un huis-clos intime entre maître et élève, permettant de mieux les connaître et mieux les appréhender. Cependant la relation à établir prend le pas sur l’action et je trouve que l’intrigue principale s’est faite attendre, ce qui m’a réfréné dans ma lecture, malgré la faible épaisseur du livre.
Cette attente eut un autre effet positif, puisqu’il permet de mettre en place les clés autour de la magie du volume, c’est-à-dire la magie du papier.
L’intrigue finit tout de même par se pointer une fois le premier tiers lu (mieux vaut tard que jamais !). Une certaine Exciseuse pointe en effet le bout de son nez. Mais qu’est-ce qu’une Exciseuse, me direz-vous ? C’est très simple ! Comme dans tout bon livre de magie qui se respecte, il faut toujours qu’il y ait des traîtres ayant appris la magie obscure (Anakin, es-tu là ?) Bwef, voilà les Exciseurs sont les individus maîtrisant la magie noire, la magie du sang, ce qui semble franchement plus puissant que le pliage de papier.
Pour en revenir à nos moutons, une Exciseuse débarque dans le manoir de Mg Thane et vole le cœur de ce dernier pour des raisons évidentes, que je tairai pourtant ici. Vive et intelligente (un peu trop même), Ceony emploie son nouveau don pour plier un cœur de fortune qui permettrait au maître de survivre l’espace de 48 heures au maximum. A cette date butoir, l’espoir aura été vain.
Ca aurait pu être pas mal si l’auteur n’avait pas choisi de présenter l’action sous un angle assez saugrenu. Enfin, il recherchait dans la même foulée l’originalité, mais je ne fus pas convaincue à cent pour cent. Tout d’abord on ne sait pas l’origine de ce phénomène et l’explication, plausible mais pas certifiée, tarde à venir. De plus, le scénario fait naître un soupçon d’effroi, notamment quand l’auteur se met à décrire le liquide spongieux et la matière des tuyaux dans lesquels Ceony se ballade... C’était à la fois drôle et horrible à lire !
J’ai également ressenti quelques longueurs face aux péripéties vécues par notre héroïne téméraire. Si j’étais curieuse de lire la plupart des scènes qu’elle a subies, j’avoue avoir sauté quelques pages à mon sens inutile, n’apportant rien à l’histoire. Ce n’est que mon avis et j’assume, toutefois je fus tout de même déçue. Après tout, le livre ne fait pas trois cents pages, c’est dommage d’en arriver là.
Quant à la fin, je l’ai trouvé légèrement gnangnante, elle ne laisse aucune surprise sur les relations d’un possible second tome, ce qui m’horripile par-dessus tout. Cette fin apporte toutefois une réflexion entre les limites du bien et du mal et la frontière ténue qui les sépare.
Dans l’ensemble, ce fut une bonne lecture mais quelques défauts ont rabaissé le tout à un niveau correct et non pas excellent.
Le personnage de Ceony a toutefois bien évolué au cours de l’intrigue. Commençant par être agaçante et gâtée, elle acquiert une maturité bien meilleure qu’en ses débuts, ce qui est un grand plus. Néanmoins, cette évolution s’opère trop rapidement. Entre le début et la fin du livre, seules deux semaines tout au plus se sont écoulées. Il n’est donc pas difficile de voir que tout va trop vite, ce qui est franchement dommage. Comme toujours dans les œuvres destinées aux jeunes adultes, Mg Thane est un homme d’environ trente ans, énigmatique et légèrement sombre, auréolé d’une touche d’humour taquin, que d’ingrédients permettant d’être apprécié voire idolâtré du public féminin. Néanmoins au fil de l’intrigue le lecteur est convié à apprendre une part importante de la vie du Magicien qui le présente sous un jour nouveau, plus sombre, et permet ainsi de nuancer sa personnalité, ce qui est un grand plus. Quant au méchant de l’histoire, son caractère est poussé au paroxysme de la noirceur, si bien qu’elle tombe dans le stéréotype et la caricature, ce qui est dommage…
Le style d’écriture m’a paru au préalable froid et sans souffle de vie, j’avais l’impression que l’auteur nous rapportait un fait divers sans y insérer de ton. Cette impression s’est envolée au fur et à mesure de la lecture et j’ai pu savourer l’ensemble jusqu’au point final.
En conclusion, The Paper Magician fut une lecture intéressante par la magie qu’il met en œuvre et la morale finale. Toutefois les personnages évoluent trop vite ou sont trop stéréotypés, quand les relations qui les rattachent tombent dans le commun du genre. Ce fut une bonne lecture, mais ces nombreux défauts ont rabaissé son niveau. Je suis toutefois curieuse de découvrir le second tome s’il venait à voir le jour.
15/20