La Passe-miroir, Tome 1: Les fiancés de l'hiver de Christelle Dabos, Publié aux éditions Gallimard Jeunesse, 2013, 519 pages. Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l'Arche d'Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel. C'est au dernier salon du livre de Paris que j'ai eu la chance d'échanger quelques mots avec Christelle Dabos. Son roman est un vrai succès sur la blogosphère et même si je ne vais pas révolutionner tout avec ma chronique, j'avais quand même envie de vous livrer mon point de vue. La Passe-miroir c'est d'abord une couverture magnifique! Le travail d'illustration est incroyable et me séduit totalement. C'est ensuite un titre accrocheur que j'ai réservé bien sûr pour les jours froids. Et bien m'en a pris puisque la majeure partie de l'intrigue se déroule dans un univers glacé et inhospitalier. Si ce premier tome n'est pas un coup de cœur, j'ai quand même passé un très bon moment à la découverte de la Citacielle. Je loue Christelle Dabos qui déborde d'imagination. Dès le premier chapitre, j'ai adoré l'ambiance mise en place. Son héroïne, Ophélie, évolue dans le monde d'Anima, un univers très étrange où les maisons s'animent. Ophélie est une passe-miroir. Comme son nom l'indique, elle a la faculté de passer de miroir en miroir pour se déplacer. Mais Ophélie est avant tout une liseuse: en touchant un objet, elle est capable d'en visualiser l'histoire complète. J'ai trouvé cette idée très intéressante même si dans ce premier tome elle n'est pas totalement exploitée. Ophélie est un personnage atypique. Elle n'a vraiment rien de séduisant. Elle s'habille avec ce qui lui tombe sous la main, refuse de mettre de l'ordre dans sa chevelure, est myope comme une taupe et d'une timidité maladive. Bref, on est loin des clichés et des héroïnes déjà vues et revues un peu partout. Ophélie n'aspire qu'à une chose: rester tranquille et travailler dans son petit musée. Oui mais voilà, sa famille en a décidé autrement et Ophélie a été fiancée à un garçon venant d'un autre monde, la bien nommée Citacielle du Pôle. Là où l'histoire devient intéressante c'est que l'auteur n' y va pas de main morte avec Ophélie. N'attendez pas de coup de foudre ou de grande histoire d'amour entre les deux fiancés. Entre Ophélie et son promis, Thorn, c'est le froid totale, l'absence de sentiments, le néant. Accompagnée de sa marraine, qui la chaperonne dans sa nouvelle vie au Pôle, Ophélie va devoir lutter face aux intrigues de la cour. Promise à une véritable porte de prison, elle va lentement comprendre qu'on attend beaucoup plus d'elle qu'on ne le lui laisse penser et qu'elle pourrait être au cœur d'une manipulation terrifiante... L'intrigue s'étire un peu en longueur (c'est pour ça que ce n'est pas un coup de cœur pour moi), cependant on sent que l'auteur pose toutes les pièces de son échiquier et que ce premier tome n'est qu'une mise en jambes. Ajoutez à cela, une langue parfaitement maîtrisée et une plume qui oscille tantôt vers l'ironie tantôt vers la fantasy. On sent que Christelle Dabos a bien construit son univers et qu'elle a réfléchi aux moindres détails.
Évitant les écueils des romans jeunesses, Christelle Dabos nous propose ici un roman d'apprentissage sombre. Sa plume riche, parfois soutenue, apporte beaucoup à une intrigue intéressante et des personnages complexes. Vivement la suite!