Juste avant notre période de Noël, je vous offre un nouvel opus des personnages dans la littérature de jeunesse. Profitez-bien de celui-ci et je reviens avec un tout frais en 2017.
Si je vous donne comme mots clefs « littérature de jeunesse » et « cochons », vous allez de suite penser au conte des 3 petits cochons. Mais ce serait réduire ces petits personnages roses et dodus que de penser qu’ils ne sont bons qu’à se faire dévorer par le loup. Voici donc quelques histoires un peu différentes, pour mettre en valeur leur queue en tire-bouchon.
Igor et les trois petits cochons de Geoffroy de Pennart, paru chez Kaléidoscope en 2007
Ce que ne nous dit pas le conte original, c’est que les trois petits cochons sont en fait musiciens. Après une tournée chargée, chacun a amassé un petit pactole. Le premier achète une maison de brique et le second un camping-car. Mais une nuit, le loup Igor vient toquer à la porte du premier cochon. Vite, ce dernier s’enfuit par derrière, tombe sur son frère dans son camping-car qui passait par là, grimpe dans l’engin et les deux frères filent. Ils vont se réfugier dans une salle des fêtes… où attend le troisième frère qui a organisé une fête d’anniversaire pour son aîné ! Le loup quant à lui, poursuivait en réalité le cochon pour avoir un autographe… La célébrité, ça rend dingue !
Pour commencer, on ne va pas se priver de parler du plus grand classique de littérature de jeunesse avec pour thème les cochons : Les trois petits cochons. Mais revisité, évidemment, pour ne pas s’endormir dès le début. Ce que j’ai adoré dans cet album c’est que les 3 petits cochons ont des prénoms : Henri, Raphaël et Christophe. Histoire de les rendre normaux et de les sortir du conte traditionnel dont ils font partie. J’ai beaucoup aimé aussi qu’au fil de l’histoire on aperçoive de nombreux autres personnages de Geoffroy de Pennart, comme la famille Broutchou, Chapeau rond rouge ou Jean Toutou… Un régal pour les fans !
Les trois petites cochonnes de Frédéric Stehr paru à L’école des loisirs en 1997
« Tout le monde connaît l’histoire des trois petits cochons ? Oui. Mais connaissez-vous l’histoire des trois petites cochonnes ? » Ces fameuses petites cochonnes vont se faire avoir, tout comme leurs confrères cochons. Chacune va acheter une maison, de brique, de bois et de paille. Mais cette fois, le loup va tenter de les duper en se déguisant en cochon. Et il commence par la maison de brique, puis par la maison de bois. Quand il en arrive à la maison de paille en revanche, c’est une autre affaire. La dernière petite cochonne est bien maligne et ne se fera pas avoir par le déguisement.
En seconde position, j’ai choisi de vous faire découvrir une autre réinterprétation de ce conte, à la sauce Stehr cette fois. C’est vrai quoi, pourquoi ce serait toujours des garçons les héros ? Les filles sont tout aussi douées ! Bon, la version de Stehr ne se finit pas au mieux puisque les deux premières petites cochonnes restent dans le ventre du loup. Mais après tout, les contes ne sont pas faits pour bien se finir, en général.
Dix petits cochons ? de Léo Timmers, chez Magnard jeunesse en 1999
Un fermier emmène ses cochons à l’abattoir. Pétrifiés, les 10 petits cochons montent dans le camion. Mais pas question de se laisser transporter si facilement à l’abattoir. Pendant tout le trajet, un par un, ils vont grimper sur le toit pour se sauver. Mais il reste un petit cochon au fond du camion, profondément endormi, qui ne grimpe pas sur le toit. Ses neuf copains ne peuvent pas le laisse
s’approche de plus en plus de l’abattoir ! Vite, il faut trouver une solution.
Une histoire simple, drôle, à utiliser pour l’apprentissage du dénombrement. Mais ce qui m’a totalement emballée, ce sont les têtes des cochons. Je n’accroche pas plus que ça aux illustrations en général, mais les têtes de débiles que tirent les cochons sur chaque page m’ont fait mourir de rire. Grands yeux ahuris, langues qui pendouillent au vent, bouches béates, sourires bêtes… Tout pour faire craquer petits et grands.
Benny à l’eau de Barbro Lindgren (texte) et Olof Landström (illustrations), à L’école des Loisirs en 2008
Benny est un petit cochon. Il a un petit frère qu’il aime beaucoup. Il aime s’en occuper, mais aussi faire des bêtises avec lui. Aujourd’hui, Benny et son petit frère vont jouer près de la mare. Mais bébé cochon tombe à l’eau. Klara le sauve et il a droit à un câlin. Ce n’est pas juste, Benny aussi veut un câlin de Klara. Il se laisse alors tomber à l’eau pour avoir un câlin lui aussi !
C’est en réalité ici le troisième tome de Benny le petit cochon. J’ai voulu vous présenter le plus récent, mais le premier date de 1999. Je craque totalement pour ce petit cochon qui se veut protecteur envers son petit frère, mais en même temps le jalouse et veut lui montrer que c’est lui le plus fort. Une relation tout à fait classique dans une fratrie !
La porte de Michel Van Zeveren, paru à L’école des loisirs en 2008
Une petite fille cochon entre dans la salle de bain et referme soigneusement la porte. Elle se prépare à prendre son bain ou sa douche. Elle prend son temps, prend plaisir à s’admirer dans la glace, place ses affaires comme il faut, se déshabille… Mais soudain, Maman cochon entre avec Bébé cochon, et, sans demander à sa fille, prend la place dans la baignoire. La demoiselle est contrariée et s’impatiente sur la chaise, enroulée dans sa serviette. Malheureusement, elle ne pourra pas profiter de sa tranquillité avant un moment. Toute la famille cochon va défiler dans la salle de bain pour se préparer. Quand, enfin, la petite fille se retrouve seule, le dernier occupant a oublié de fermer la porte. LA PORTE ! crie-t-elle. Ah, enfin un peu de calme et d’intimité pour se laver !
Je vous avais déjà dit dans mon opus sur les lapins (par ici la visite), que j’aimais beaucoup le style de Michel Van Zeveren, que j’avais découvert avec un album sur les cochons. Eh bien voici ce fameux album. Sans parole et pourtant si expressif, je l’aime beaucoup. Chacun peut y mettre les mots qu’il veut, l’interpréter comme bon lui semble, le voir seulement comme quelques pages d’humour. Personnellement j’y vois un bon moyen d’aborder le sujet de l’intimité avec ses enfants, notamment dans la période pré-ado où ils commencent à ne plus vouloir se montrer nu devant les parents. Avec ses dessins doux et simples, il correspond à une large tranche d’âge.
Toi ! L’artiste ! de Kathrin Schärer, chez Kaléidoscope en 2010
Sous le crayon d’une artiste, naît un train dans lequel voyage des animaux. Un petit cochon apparaît. Pardon, une petite truie. Pas complètement satisfaite de sa condition, elle demande à sa dessinatrice de lui concocter d’autres éléments. Une tâche distinctive ou encore une chemise. Elle lui demande également de faire avancer le récit à sa guise. Dans cette histoire, elle va rencontrer un autre petit cochon, Jonathan. Ça y est, la petite truie n’est plus seule. Plus besoin de la main de l’artiste. Cette dernière peut tourner la page et s’en aller créer une autre histoire.
Wouah, j’ai totalement fondu devant cet album ! Au fil des pages on voit la main de l’artiste travailler les différents détails du récit, sous les ordres de son petit personnage. Une belle façon de montrer à quel point parfois un auteur n’est pas maître des actions de son texte, à quel point les personnages eux-mêmes aident à la construction de l’histoire et comme l’imagination est importante. Les illustrations, entre le réalisme du premier plan pour le bureau et les mains de l’artiste, et le dessin animé pour l’histoire du petit cochon, se confondent parfaitement. Un livre à mettre entre toutes les mains des petits créatifs.
Un secret de petit cochon de Philippe Jalbert, paru au Seuil jeunesse en 2015
Petit Cochon a un secret, qu’il veut précieusement garder pour lui. Pie aimerait bien qu’il lui révèle. Chatte aussi. Tortue aussi. Et bien d’autres animaux encore. Tous rivalisent de stratagèmes pour que Petit Cochon leur révèle son secret. Mais ce dernier en a assez. Pendant que tous les animaux se disputent sur lequel possède le plus gros secret, Petit Cochon s’éclipse. Il se pose sur un banc à côté de Loup. Loup qui ne demande rien. Tiens, puisqu’il ne demande rien, c’est à lui que Petit Cochon révèle son secret. Mais était-ce une bonne idée ?
Une petite histoire toute rigolote qui amusera au plus haut point les enfants ! J’ai beaucoup aimé les dessins simples et à la fois structurés. La fin de l’histoire est superbe et les enfants s’y délecteront. La couverture avec la tête de Petit Cochon en gros plan est très attractive.
Prosper-Bobik de Maurice Sendak, paru à L’école des loisirs en 2015 (en 2011 aux USA)
Prosper-Bobik est un petit cochon bien malheureux. Jamais son anniversaire ne lui a été fêté. Et pour son huitième anniversaire il reçut le pire des cadeaux : toute sa famille fût abattue pour être transformée en civet. Il fût alors adopté par sa tante Héloïse. Qui décide pour la première fois de lui souhaiter son neuvième anniversaire. Mais avant cela, pendant que Tante Héloïse est au travail, Prosper organise une petite fête avec ses amis cochons. Quel bel anniversaire !
Vous vous doutez que je n’ai pas choisi cet album par hasard pour finir cet article. Maurice Sendak est le papa du fameux Max et les Maximonstres qu’on ne présente plus désormais. Mais ses autres œuvres sont beaucoup moins connues en France. Il a pourtant écrit jusqu’à la veille de son décès. Voici donc un album complètement déjanté, digne de la plume que l’on connait si bien du grand Maurice Sendak. Les scènes de la fête d’anniversaire de notre Prosper Bobik ressemblent d’ailleurs beaucoup aux danses de Max et les Maximonstres.
Envie d’un peu plus d’histoires porcines ? Servez-vous :
- Les trois cochons de David Wiesner (à zieuter par ici)
- Les deux autres tomes de Benny le cochon
- A calicochon d’Anthony Browne
- Des hauts et des bas de Nicole Claveloux
- La vérité sur l’affaire des trois petits cochons de Jon Sieszka (texte) et Lane Smith (illustrations)
Bonne lecture porcine les loulous !