Une saison avec les loups de Catherine Missionnier

Par Folfaerie

Voici un roman destiné aux ados, paru chez Folio junior et qui a failli être un coup de coeur ! Quel plaisir de lire enfin des informations exactes sur la vie des loups savamment distillées dans une fiction destinée aux jeunes… C’est que j’en lis, des conneries, des clichés éculés et des contre-vérités sur les loups, et pas seulement en fantasy ou fantastique…

Dans cette histoire, qui se déroule dans le sud de notre pays, dans un département où le loup est revenu naturellement, le jeune Clément, qui vient de perdre sa mère dans un accident de voiture, choisit de lui rendre hommage en s’efforçant de poursuivre son travail. Car la maman était biologiste, spécialiste de canis lupus, et la petite famille s’était installée en Vésubie.
Le jeune garçon n’est pas complètement seul, il doit apprendre à cohabiter, non pas avec les prédateurs, mais avec son beau-père… éleveur de moutons !
Vous allez peut-être trouver les ficelles un peu grosses, mais cette astuce fonctionne très bien. D’abord, parce que dès le départ, Clément est du côté des loups et juge les moutons trop stupides pour qu’on s’y intéresse. Tout comme il n’a que mépris pour son beau-père. L’évolution de l’enfant n’en sera que plus intéressante.
La réalité, la dure réalité de la cohabitation, est très bien rendue. D’un côté des défenseurs du loup, qui veulent assurer un futur viable à l’animal, de l’autre les éleveurs et bergers farouchement opposés et n’hésitant pas à user de moyens plus que douteux pour semer la zizanie; Et au milieu, quelques bergers « modérés » et des professionnels du tourisme qui ne voient pas le loup d’un mauvais oeil mais qui sont pris en tenaille dans cette guerre absurde.

L’enfant, qui veut à tout prix protéger une petite meute menacée par les éleveurs et les chasseurs, va se découvrir une belle vocation et tordre le coup à quelques idées reçues.

Catherine Missionnier passe en revue, de manière impartiale, les arguments des uns et des autres. On ne peut occulter le fait que pour beaucoup de gens de la montagne, le loup est toujours le tueur du petit chaperon rouge, vieille croyance qui prêterait à sourire si des battues n’étaient pas organisées le plus souvent sous l’effet de l’excitation et de la violence des anti-prédateurs. Tout comme l’auteur excelle à dépeindre le travail d’un éleveur en montagne et les vie des troupeaux.

C’est l’un des points forts du récit à mes yeux, car alors le problème de la cohabitation avec le loup peut être considérée sous un autre angle. Et si, tout simplement, on laissait les espaces sauvages, certains milieux naturels et écosystèmes au loup et autres représentants de la faune sauvage ? Et si la place du mouton était en plaine, et pas du tout à la montagne (où il cause des dégâts, où la vie pour les animaux domestiques est difficile) ? Et si on cessait de vouloir à tout prix domestiquer la montagne, lui imposer cette biodiversité à visage humain ? A-t-on besoin de vouloir occuper, construire, modifier, aplanir, aseptiser le moindre coin de nature sauvage ?

Un excellent roman, à mettre entre toutes les mains, adultes compris, pour en savoir un peu plus sur la vie des loups français.