Le synopsis
Raphaël va épouser Anna, qui est enceinte de leur enfant.
Pourtant, à la faveur d'une douce après-midi, un sujet délicat vient sur le tapis : un couple ne peut souffrir aucun secret, il faut tout dire de soi à l'autre (ça commence bien, gros niveau).
Raphaël défend ardemment le "no secret" tandis qu'Anna est favorable à un jardin intime. Raphaël insiste, et pour lui clouer le bec, Anna lui montre une photo troublante qui fait perdre son sang-froid à Raphaël, lequel quitte la résidence et va se changer les idées en faisant un petit tour de voiture.
Au bout de quelques kilomètres, il réalise qu'il a perdu les pédales, fait demi-tour, mais oh surprise, Anna s'est barrée entre-temps, et a pris un avion pour rentrer à Paris. Raphaël essaie de l'y retrouver, mais découvre qu'elle a disparu. Pour la sauver (puisque bien entendu le dindon s'est débrouillé pour devoir être sauvé, comme toute fille dans la littérature de cet ordre - ouch, ça pique de dire littérature), Raphaël doit élucider les mystères qui recouvrent le passé d'Anna. Pour cela, il peut compter sur l'aide de Marc Caradec, un ex flic pas très à cheval sur les protocoles. Le compte-à-rebours est en marche, il ne reste qu'à tout mettre en oeuvre pour sauver la bonne femme.
Mon avis
Croyez-vous vraiment que cette chronique puisse vous ménager le moindre effet de surprise?
Si c'est le cas, je suis au regret de vous décevoir.
La lecture de ce bouquin constitue une forme moyennement sophistiquée et extrêmement sournoise de torture que tout quidam un tant soit peu rousseauiste dans l'âme rechignerait à infliger à quiconque, fut-ce à sa belle-mère.
Vous l'avez sans doute pressenti dans votre grande sagacité à la lecture du synopsis : les rebondissements m'ont bien souvent paru rocambolesques, le récit, s'il est construit à la manière d'un thriller, n'est néanmoins guère intéressant, et l'écriture est d'une pauvreté notoire.
Nombre de lieux communs parsèment les pages du roman, les mystères ménagés par l'auteur ne sont pas vraiment captivants, en clair, on se fiche comme d'une guigne de ce qu'il a bien pu advenir d'Anna. En réalité, la scène d'ouverture, qui se veut certainement théâtrale et dramatique, est d'une bêtise à fendre l'âme : la jeune dame balance une photo odieuse à la tête du jeune monsieur, qui, au lieu de réclamer quelque explication, se barre sans sommation. Est-ce réaliste? Point du tout.
Ce n'est là qu'un exemple parmi de nombreux autres, tout aussi affligeants et agaçants.
Je peux imaginer qu'un lecteur peu exigeant trouvera là de quoi le satisfaire, car le roman suit une recette bien établie (et les fils sont gros...), toutefois, j'ose espérer qu'un tel ramassis d'âneries heurtera le bon sens et le goût de tout être doué de raison.
Pour vous si...
- Vous avez autant d'esprit critique qu'un pigeon biset
- Vous n'accordez guère de crédit à mon avis ma foi fort partial, ou êtes du genre à vouloir vous faire votre opinion par vous-même (mais ne venez pas vous plaindre, je vous aurais prévenu)
Morceaux choisis
"_Pourquoi tu bottes en touche chaque fois que je t'interroge sur ton passé?
_Parce que, par définition, le passé est passé. On ne peut plus le changer." (grosse réflexion métaphysique, y'a du niveau...)
"Au dernier rang, je reconnus tout de suite "mon" Anna. Tout en réserve et en retenue. Le regard un peu détourné, les yeux légèrement baissés. Sourire sage, pull marine en V sur un chemisier blanc fermé jusqu'au dernier bouton. Toujours cette volonté de se rendre transparente, de gommer sa sensualité pour faire oublier sa beauté saisissante." (mouiiiiii, on y croit, c'est ce que font toutes les jeunes filles en fleur)
"Immédiatement, le souvenir de l'odeur entêtante du corps de la jeune femme revint flotter dans son esprit. Des effluves de mandarine, de poire et de muguet. Une lueur dans la nuit de son âme." (Une femme qui sent les fleurs et les agrumes, quelle originalité. Dommage, un parfum mêlant des effluves de rat mouillé, de désodorisant chimique et de courant d'air du métro aurait ajouté une touche humoristique appréciable.)
"Je rendis l'appareil à son propriétaire et restai un instant groggy, malheureux comme un enfant, avec le sentiment d'avoir été abandonné." (voilà, c'est écrit. Le monsieur utilise des mots comme "groggy" dans son texte. Mais quelle nullité, c'est gênant. J'espère qu'à ce stade, vous avez honte de laisser vos connaissances se méprendre entre les lignes de Musso)
"Je m'appelle Florence Gallo. J'ai vingt-neuf ans et je suis journaliste. Dans huit heures, je serai morte, mais je ne le sais pas encore". (je vous laisse savourer cet effet narratif de haute volée)
"Je tombe.
Et je ne pense même pas à crier.
D'abord, la terreur m'empêche de penser.
Puis les quelques secondes que dure la chute se dilatent.
Et, peu à peu, je me fais plus légère.
La peur se transforme en nostalgie. Je ne revois pas ma vie en accéléré. Je repense juste à tout ce que j'aimais : la clarté du ciel, le réconfort de la lumière, la force du vent.
Je pense surtout à mon bébé.
Le bébé que je porte dans le vendre et qui va mourir avec moi.
Pour ne pas pleurer, je me dis qu'il faut que je lui trouve un prénom."
(La dame tombe dans le vide et a le temps de penser à tout ça. Moui moui moui. Je suis béate d'effroi. C'est tout bonnement ridicule.)
"J'ai toujours pensé que surmonter ensemble une épreuve fondatrice liait à jamais les gens, et les couples encore plus." (vous êtes certainement impressionné par l'audace révolutionnaire de la réflexion du narrateur. Pour ma part, j'ai toujours pensé que travailler était fatiguant, et manger agréable. Épatés, hein? \o/)
Note finale1/5(flop)