La Religion tome 1: Tannhauser (Benjamin Legrand – Luc Jacamon – Tim Willocks – Editions Casterman)
Dans un XVIème siècle gangréné par les guerres de religion, Mattias Tannhauser est un personnage au destin hors du commun. Issu d’une famille de forgerons saxons ayant émigré dans les Carpates, sa vie bascule lorsqu’il n’a que 12 ans. Une nuit où son père est absent, sa mère et sa soeur se font massacrer sous ses yeux. Avec la dague qu’il vient de forger, le jeune garçon fait preuve d’une résistance héroïque face aux assaillants, mais il ne peut rien pour sauver sa famille. Recueilli par l’un des gardes personnels de Soliman le Magnifique, l’empereur des Ottomans, Mattias devient alors Ibrahim et passe 13 ans dans le corps des Janissaires, les troupes d’élites du Sultan. Mais il ne s’éternise pas à Istanbul. Il devient d’abord mercenaire, avant de finalement trouver un peu de quiétude en tant qu’exploitant d’une taverne appelée « L’Oracle » à Messine, en Sicile, d’où il opère également en tant que trafiquant d’armes, d’opium… et de renseignements. Mais la paix de Tannhauser ne dure pas longtemps, car il est sollicité de deux côtés pour se rendre à Malte. D’une part, les chevaliers chrétiens de l’ordre des Hospitaliers, aussi nommé la Religion, estiment que Mattias est l’homme idéal pour les aider à contrer l’invasion de l’île par Soliman le Magnifique et ses 45.000 « lions de l’Islam ». D’autre part, la troublante comtesse Carla de la Penautier le supplie, elle aussi, de se rendre à Malte afin de l’aider à retrouver l’enfant qui lui a été arraché à la naissance douze ans plus tôt. Un enfant qu’elle a eu avec l’infâme Don Ludovico Ludovici, un prêtre devenu entretemps agent spécial de l’inquisiteur général de toute la chrétienté. Pris au piège entre les Turcs déterminés à s’emparer de Malte par tous les moyens d’un côté et la folie meurtrière d’un religieux fanatique de l’autre, Mattias n’hésite pas à se jeter dans la gueule du loup, accompagné de son ami Bors et de la mystérieuse Amparo, une jeune femme qui a des visions. Voilà qui ressemble fort à un aller simple pour l’enfer!
« La Religion » est une nouvelle série historique au souffle romanesque. Normal: il s’agit de l’adaptation en bande dessinée du best-seller de l’écrivain britannique Tim Willocks, paru en 2006. Le livre « La Religion » est le premier roman de Willocks dans lequel apparaît le personnage de Mattias Tannhauser. Il évoque le siège de La Valette, la capitale de Malte, par les troupes de Soliman le Magnifique en 1565, un épisode réel et particulièrement sanglant de l’Histoire. Luc Jacamon, connu notamment pour la série « Le Tueur », et Benjamin Legrand signent une adaptation particulièrement réussie de ce roman, avec à la fois des dessins et un scénario de grande qualité. Dès les premières pages, on se laisse embarquer par cette saga épique, dont l’album « Tannhauser » constitue le premier des quatre tomes. Il y a du « Game of Thrones » dans cette adaptation, avec une multitude de personnages, de lieux et d’intrigues qui font en sorte qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Comme dans la célèbre série sur le trône de fer, d’ailleurs tournée en partie à Malte, « La Religion » peut notamment compter sur un méchant particulièrement réussi et inquiétant, en l’occurrence Don Ludovico Ludovici. Ne dit-on pas que toute bonne histoire a besoin d’un bon méchant? Une chose est sûre: on a hâte de lire la suite de cette série palpitante. Le deuxième tome sera centré autour du personnage d’Orlandu, dont on devine qu’il est sans doute l’enfant perdu recherché par Carla de la Penautier. Mais la mère et le fils parviendront-ils à se retrouver au milieu de la bataille qui fait rage?