Pour le Ciné-Club de Potzina de novembre, j’ai proposé le thème « Lumières d’artistes »histoire de rendre ce mois, synonyme de grisaille, plus lumineux et coloré encore que ne le sont les arbres en cette saison, quand il leur reste des feuilles bien entendu. Et donc plutôt que de vous parler d’un film vu de longue date, c’est tout naturellement que j’ai décidé d’évoquer un film sorti en septembre de cette année : Cézanne et moi.
Les critiques n’ont globalement pas été tendres avec ce film, je vous laisse vous faire votre propre opinion, voici la mienne…
Cézanne et moi raconte l’amitié, houleuse, entre deux grands artistes français, le peintre Paul Cézanne et l’écrivain Émile Zola. Les deux hommes se sont connus enfants à Aix en Provence et sont restés en contact toute leur vie en dépit de leur brouille qui est au cœur même de ce film.
Alors que Cézanne nait dans une famille aisée, ce n’est pas le cas de Zola et contre toute attente, leur destin va évoluer inversement. Zola, va réussir socialement grâce à ses talents d’écriture alors que Cézanne aura toutes les peines du monde à voir reconnaitre son talent.
C’est le roman de Zola, L’Œuvre publié en 1886 qui va semer la discorde entre les deux hommes. Dans ce quatorzième volume des Rougon-Macquart, Zola dépeint l’existence d’un peintre tourmenté par les affres de la création. Comme toujours chez Zola, tout y est plus noir que rose. Cézannecroit se reconnaitre dans le personnage de Claude Lantier et accepte mal le portrait brossé par son ami. La fin du film nous apprendra que les intentions de l’auteur étaient sans doute moins simplistes que ça…
Amateurs d’impressionnisme et de la plume de Zola depuis mon adolescence, c’est tout naturellement que j’ai lu L’Œuvre à cette époque. Admiratif du travail de Claude Monet déjà, c’est plus lui que je recherchais à cette époque dans ma lecture dont je garde un souvenir lointain, je dois bien le reconnaitre. N’en reste pas moins que j’ai beaucoup aimé me replonger dans cette ambiance et cette époque.
Si la réalisation de Danièle Thompson est plutôt classique, un grand soin est apporté à la reconstitution des décors et des costumes. On a parfois le sentiment de voir certains personnages surgir d’un tableau impressionniste. L’intérieur petit-bourgeois des Zolaest carrément étouffant et souligne encore davantage le dénuement de Cézanne.
Si j’ai apprécié la composition et le changement physique de Guillaume Gallienne que j’adore, je suis plus réservé quant à son accent mais ça n’a pas gâché mon plaisir. Par contre, j’ai été bluffé par la ressemblance de Guillaume Canet avec son personnage, j’avais vraiment l’impression d’être face à Zola. Deux grands acteurs dans un affrontement à la hauteur de leur talent.
Impossible de passer sous silence, la lumière qui se dégage de ce film, la chaleur du soleil et ses reflets orangés sur les terres arides du sud, le vert des pins parasols qui contraste avec le bleu du ciel méditerranéen et les couleurs de la peinture de Cézanne…