Les années 90 ont forcément une saveur particulière quand on est fans des X-Men depuis plusieurs décennies. Passons outre le coté pompier de pas mal d'histoires publiées alors, et regardons l'évidence en face. Avec maladresse parfois, mais il y avait une créativité, une effervescence, qu'on peine à retrouver aujourd'hui, empêtré qu'est Marvel dans le bourbier de ses titres mutants, entre désaveu criant (les Inhumains prennent de la place...) et panne d'inspiration (même Jeff Lemire, qui a remplacé au pied levé Rick Remender, prévu au départ sur Extraordinary X-Men, n'a pu redresser la barre). Alors 1992, je ne vous dis pas! Cette seconde intégrale, pour cette année particulière, s'ouvre avec une étrange aventure sur les îles Sakhalin. Là-bas, Sunfire (Feu du soleil en Vf) est chargé de comprendre ce qui se produit autour d'un cratère apparu au milieu de nulle part. Son intervention ne fait qu'empirer les choses, et aboutit à la création d'une sorte de vortex, duquel émergent des créatures qui ressemblent (dans un premier temps) à des aliens. Les X-Men débarquent à la rescousse, mais ils sont aspirés par les forces du cratère, qui n'en finit plus de s'étendre, et de menacer la planète entière. Les mutants se retrouvent propulsés sur un monde en guerre, où ils sont séparés et sont engagés dans des factions opposées. Une lutte impitoyable et cruelle s'amorce, au terme de laquelle les lecteurs vont avoir une grosse surprise : le frère de Colossus, Mikhael Rasputin, est toujours en vie! L'ancien cosmonaute soviétique a survécu sur ce plan d'existence, et les retrouvailles sont émouvantes. Problème, le rescapé a t-il encore toute sa tête, et ne cache t-il pas de sombres secrets?
Pendant ce temps-là, place à une police expéditive, une chasse à l'homme implacable. Bishop, Malcolm et Randall ont des criminels du futur à capturer, et ils n'emploient pas la méthode douce. Les deux derniers cités se font abattre comme des débutants, alors que l'ami Bishop, blessé, a des hallucinations bien intéressantes, qui permettent d'en savoir plus sur l'époque dont il est originaire. On y parle notamment d'un enregistrement secret de Jean Grey, où elle avertit le spectateur que les X-Men ont été trahi et anéantis de l'intérieur.... Quand Bishop revient à lui, c'est l'inconcevable, l'irréalisable. le voici entouré des mêmes mutants qui ont toujours constitué (pour lui issu du futur, rappelons le) des modèles, qui ont guidé sa décision d'intégrer les forces de l'ordre de son époque (les XSE, police mutante qui dégaine d'abord et parlemente après).
Bishop est arrivé à notre époque en chassant Fitzroy, le pire criminel auquel il a eu affaire dans le futur. Difficile pour lui d'accepter l'idée qu'il se retrouve tout à coup en présence des véritables X-Men, qui sont devenus des légendes à son époque. Il faut toute l'éloquence de Xavier pour le convaincre, et pour qu'il entre dans la formation de Tornade (qui le prend un peu sous son aile) et les autres. La belle Ororo a aussi des problèmes personnels, avec une relation sentimentale en pleine déconfiture : Forge se sent (et il a raison) délaissé et la pousse dans ses derniers retranchements, en lui proposant le mariage ou la rupture. Devinez un peu ce qui sortira de cet ultimatum.... On retrouve aussi un épisode où Bobby Drake, qui a fait son coming-out récemment, sous son avatar juvénile (dans la série All-New X-Men), se heurte au racisme de ses propres parents, qui n'acceptent pas leur fiston au bras d'une pourtant splendide asiatique (Opal). Et je passe sur le retour des Morlocks, et ce qui se trame sous les égoûts de New-York (avec le très bon Tom Raney aux dessins)
Les dessins sont un plaisir coupable, à consommer sans modération. Whilce Portacio nous régale dans les premiers épisodes. Romita Jr nous raconte l'arrivée de Bishop à notre époque. Andy Kubert fait des siennes avec son style accrocheur et direct. Bref, que demander de plus? Il était possible de sentir qu'il y avait encore un fil conducteur, au début des années 90, comme en témoigne l'arrivée de Bishop, et l'interrogation sur l'identité du traître chez les mutants de Xavier (merci Scott Lobdell, Jim Lee, John Byrne). Longtemps le doute planera, et ce sera Gambit qui sera pointé injustement du doigt. Tout ce que vous lirez dans cette intégrale culminera des années plus tard avec Onslaught. Il y a 34 ans, nous suivions les X-Men dans Special Strange, l'idée d'une intégrale relevait de la science-fiction, et les séries X étaient souvent passionnantes. Du pour et du contre donc, mais de quoi aiguiser l'appétit des nostalgiques.
A lire aussi : X-Men L'intégrale 1992, part one
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