C’est en 1849, dans la cellule où il attend d’être jugé pour complot politique (Depuis la fin de l’année 1846 il fréquente le cercle fouriériste de Mikhaïl Petrachevski, un fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, qui combat l'absolutisme de Nicolas Ier) que Dostoïevski écrit la nouvelle intitulée Un petit héros. Ce texte vient d’être réédité dans une collection de poche.
Le narrateur, un gamin de onze ans, passe les vacances d’été à la campagne, près de Moscou, chez un parent aisé qui organise une grande fête durant plusieurs jours, où sont conviés de nombreux invités. D’abord moqué en public par une jeune femme blonde et pétaradante, son attention se porte bien vite sur une de ses amies, Mme Nathalie M., jeune et jolie brune épouse d’un butor, chez qui il devine une tristesse enfouie. Cet attrait mystérieux, pour un enfant encore, constitue le sujet de cette nouvelle, « Pourquoi était-ce seulement elle que j’aimais suivre du regard, bien qu’il m’intéressât fort peu alors de lorgner les dames et de lier connaissance avec elles ? »
Texte initiatique sur la naissance du sentiment amoureux, la perte des repères, les mystères de l’âme et du cœur, les non-dits quand on ne sait pas encore quoi dire, les troubles inexpliqués, l’attrait irrésistible qui pousse à des actes fous (monter un étalon récalcitrant par exemple). Outre cette révolution intime, le gamin va se retrouver témoin muet d’une passion plus adulte entre son adorée et son amant.
Une très belle nouvelle de l’écrivain qui, si elle n’ajoute rien à son talent, présente une certaine singularité si je m’en réfère à mes lectures anciennes de ses chefs-d’œuvre connus : Il y a ici une légèreté de ton, des descriptions de la nature qui donnent envie de vivre, bref une sorte de « gaité » ou un je ne sais comment dire, de « positif », qui m’a surpris et enchanté.