Voici venir les vacances, le train-train… Et cette manie qu’ont les parents d’envoyer en colonies leurs enfants. Pas dans n’importe quelle pension certes puisque celle-ci est destinée aux enfants de riches. Ainsi, comme chaque année, frère et sœur se retrouvent cloîtrés dans une geôle dorée tenue par un couple bizarre. Dans ce huis-clos de non-dits résonnent en écho les malveillances du couple maudit et tôt ou tard, la vérité se dévoile en toile de fond et le chemin qui mène à celle-ci est jalonné d’étranges péripéties et d’intentions nauséabondes créées par les gestionnaires de la pension.
Et l’auteur nous parle à cœur ouvert et nous livre une partition parfaite de la danse macabre que lui évoque cette colonie BCBG, espace de solitude, exil imposé où il n’est pas rare qu’il se passe même des abus sexuels.
Un roman succinct, magistral, qui sonde les abîmes de nos mémoires, vous touche en plein cœur et remue les tripes tant le message est intense et lourd de sens. Dès les premières pages, le la est donné sur la gamme des mots et le ton du récit ne sonne jamais faux. Avec enthousiasme, on se laisse porter jusqu’au mot de la fin sans faire de pause, sans escale.
Dans cette intimité dévoilée, l’auteur nous parle de ses vacances en colonies de vacances, de celles qui s’adressent à des enfants de parents nantis, mais qui ne sont pas dénuées d’horreurs et maltraitance… Et de ces séjours, l’auteur garde un souvenir amer, une profonde tristesse. Car le couple gardien de cette pension ne cesse de voler aux enfants leur candeur, leur inflige des images infâmes d’un monde adulte équivoque, allant de la punition par l’humiliation aux actes honteux de pédophilie.
Ainsi, l’auteur en est ressorti l’âme en plein chaos et a attendu d’avoir 65 ans pour coucher sur papier les désarrois de son enfance, qu’il porte en lui à jamais.
Un premier roman convaincant pour cet auteur senior sensible qui nous livre des parcelles de son enfance, surtout de celles moins belles des adultes qui imposent le silence, condamnent aux non-dits, empêchent de rêver, et s’adonnent à des jeux pervers et à la maltraitance.
Délicatesse, pudeur et poésie sont les notes de cœur de ce roman. En note de fond séjournent le trouble et le chagrin, doucement retracés…
J’ai beaucoup aimé.
Les contes défaits par Oscar Lalo, éd. Belfond
Date de parution : 28/08/2016