Le garçon arrive devant les remparts de Kodhja. Il
franchit la lourde porte et s’avance. Un enfant à la voix grinçante l’accueille.
Le garçon lui explique qu’il est là pour voir le roi, seule personne à même de
répondre à ses questions. L’enfant lui répond qu’il veut bien l’accompagner
mais que le chemin sera long car « Kodhja est un vrai casse-tête ».
Ensemble, ils commencent alors un voyage étrange au cœur d’un improbable
labyrinthe.
Étrange, c’est le premier mot qui vient à l’esprit quand on tourne les pages de cet album aussi impressionnant par sa taille que par son contenu. Un album que m’a offert Moka samedi dernier à Montreuil, parce qu’elle l’a adoré et qu’elle tenait absolument à me le faire découvrir. Tout en me précisant d’emblée que, connaissant mes goûts, ce serait du quitte ou double. Tout en sachant aussi que j’ai une tendresse particulière pour le travail de Régis Lejonc et que je ne suis pas insensible à la poésie des textes de Thomas Scotto. Bref, elle me connait bien, très bien même, et les risques étaient calculés malgré ses précautions d’usage.
J’ai donc suivi les pas du garçon et de l’enfant. Avec eux j’ai monté d’immenses escaliers, découvert trois curieuses personnes assises dans un renfoncement, longé des rues étroites, admiré une majestueuse fontaine et « la façade de granit d’une maison immense et sans porte ». Je suis tombé dans un trou, j’ai mis fin à une dispute, j’ai vu des créatures hideuses et traversé un champ de cailloux avant d’arriver enfin face à la tour du roi.
J’ai retrouvé dans cet album l’esprit des ouvrages de Mélanie Rutten. Un propos qui peut apparaître au premier abord obscur mais qui se révèle au final d’une totale limpidité. Un livre qui se mérite, où le lecteur est acteur, où il doit en permanence être actif, donner du sens. Un récit initiatique bourré d’implicite et ouvert aux multiples interprétations pour les jeunes lecteurs, c’est rare et précieux. Kodhja, c’est un condensé d’enfance où règnent l’imagination, les hésitations, la colère, les chagrins, les souvenirs, la mémoire. Kodhja, c’est autant d’épreuves à franchir pour continuer sereinement sa route, pour ajouter une nouvelle pierre à notre édifice et « apprendre le reste de la vie ».
Rarement texte et dessins auront dégagé une telle osmose, ne cessant de se répondre, de se compléter, de se sublimer. Le trait de Régis Lejonc me fascine depuis ma découverte du Phare des sirènes. Une impression confirmée avec La promesse de l’ogre et renforcée ici, où le format XXL magnifie chaque illustration. Entre ombre et lumière, couleurs chaudes et douces, illustrations pleine page et gaufrier de petites cases, le voyage graphique se révèle d’une infinie richesse.
Exigeant, poétique et profond. Sublime, quoi. Et un album forcément spécial pour moi puisqu’il m’a été offert au cours d’une bien belle journée, par une bien belle personne ❤
Kodhja de Thomas Scotto et Régis Lejonc. Thierry Magnier, 2015. 44 pages. 20,50 euros.
Les avis de Bouma, Moka et Noukette
Étrange, c’est le premier mot qui vient à l’esprit quand on tourne les pages de cet album aussi impressionnant par sa taille que par son contenu. Un album que m’a offert Moka samedi dernier à Montreuil, parce qu’elle l’a adoré et qu’elle tenait absolument à me le faire découvrir. Tout en me précisant d’emblée que, connaissant mes goûts, ce serait du quitte ou double. Tout en sachant aussi que j’ai une tendresse particulière pour le travail de Régis Lejonc et que je ne suis pas insensible à la poésie des textes de Thomas Scotto. Bref, elle me connait bien, très bien même, et les risques étaient calculés malgré ses précautions d’usage.
J’ai donc suivi les pas du garçon et de l’enfant. Avec eux j’ai monté d’immenses escaliers, découvert trois curieuses personnes assises dans un renfoncement, longé des rues étroites, admiré une majestueuse fontaine et « la façade de granit d’une maison immense et sans porte ». Je suis tombé dans un trou, j’ai mis fin à une dispute, j’ai vu des créatures hideuses et traversé un champ de cailloux avant d’arriver enfin face à la tour du roi.
J’ai retrouvé dans cet album l’esprit des ouvrages de Mélanie Rutten. Un propos qui peut apparaître au premier abord obscur mais qui se révèle au final d’une totale limpidité. Un livre qui se mérite, où le lecteur est acteur, où il doit en permanence être actif, donner du sens. Un récit initiatique bourré d’implicite et ouvert aux multiples interprétations pour les jeunes lecteurs, c’est rare et précieux. Kodhja, c’est un condensé d’enfance où règnent l’imagination, les hésitations, la colère, les chagrins, les souvenirs, la mémoire. Kodhja, c’est autant d’épreuves à franchir pour continuer sereinement sa route, pour ajouter une nouvelle pierre à notre édifice et « apprendre le reste de la vie ».
Rarement texte et dessins auront dégagé une telle osmose, ne cessant de se répondre, de se compléter, de se sublimer. Le trait de Régis Lejonc me fascine depuis ma découverte du Phare des sirènes. Une impression confirmée avec La promesse de l’ogre et renforcée ici, où le format XXL magnifie chaque illustration. Entre ombre et lumière, couleurs chaudes et douces, illustrations pleine page et gaufrier de petites cases, le voyage graphique se révèle d’une infinie richesse.
Exigeant, poétique et profond. Sublime, quoi. Et un album forcément spécial pour moi puisqu’il m’a été offert au cours d’une bien belle journée, par une bien belle personne ❤
Kodhja de Thomas Scotto et Régis Lejonc. Thierry Magnier, 2015. 44 pages. 20,50 euros.
Les avis de Bouma, Moka et Noukette