La société a-t-elle perdu ses repères ? Un événement récent m’amène à
Un vendredi soir, je reçois un appel d’un membre de ma famille, qui me propose de venir souper le lendemain soir, en apportant un repas du restaurant dont nous partagerions le coût. Sans hésitation, j’adhère à sa proposition.
Cependant, un petit hamster s’est mis à tourner dans mon cerveau, à une vitesse surprenante, et à réactiver au passage de petits circuits endormis depuis plusieurs années. Avec tendresse, je revoyais mes grands-oncles et mes grandes-tantes descendre de leur voiture pour nous visiter, sans préavis !
Nous étions heureux dans nos cœurs d’enfant de les voir, et spontanément, ma mère leur offrait à dîner, offre qu’ils ne refusaient pas. Par la suite, nous nous rendions chez mes grands-parents, qui demeuraient à la campagne, pour déguster le souper.
Le souvenir de ces moments pleins de spontanéité m’a rappelé à quel point les relations entre les gens se délitent ! De nos jours, nous devons attendre de recevoir un faire-part avant de visiter quelqu’un, et toujours selon sa disponibilité ! Croyez-moi, ne vous hasardez pas à vouloir surprendre, les probabilités de devoir retourner chez vous illico sont élevées ! Est-ce vraiment la vie que nos ancêtres, nos parents, voulaient façonner pour nous ? Je ne crois pas !
Au temps de mes souvenirs, on vivait d’entraide et de convivialité, les gens se faisaient une joie de recevoir parents et amis, et tout le monde était le bienvenu ! Mes grands-parents réservaient même un banc pour le « quêteux », qui y dormait par temps froid.
Par opposition, de nos jours, tout est planifié dans l’angoisse, même la naissance des enfants. Tout le monde court, tout le monde travaille désespérément pour s’acheter une grande maison, et tout le monde est à l’affût des dernières nouveautés : électronique, meubles, voitures, gadgets… Cette chasse au superficiel produit des téléphones qui explosent — poussés par le marketing, on les a mis en vente sans vérification suffisante ! Cette chasse à l’inutile et au clinquant oblige à travailler constamment, à cumuler les heures supplémentaires pour augmenter son revenu, et même à occuper plus d’un emploi pour réussir à se payer toutes ses babioles ! D’ailleurs, souvent on n’a même plus le temps d’en profiter, et le cinéma maison à 5000 $ s’ennuie tout seul dans son sous-sol.
On ne peut pas retourner au temps de nos grands-parents et, pour certaines choses, on ne voudrait pas. Mais si on veut, on peut réduire les sources de tension qui rendent si difficile la spontanéité !
On n’a plus le temps pour la fantaisie ! On n’a même plus le temps de sourire !
On n’a plus le temps d’écouter le chant des oiseaux ! On n’a plus le temps de regarder éclore une rose ! On n’a plus le…. temps !
Mon souhait le plus cher, c’est qu’on en revienne aux vraies valeurs, non quantifiables et non monnayables ! Lesquelles ? Prendre le temps de vivre chacun de nos moments de liberté avec les gens qu’on aime. Apprécier les visites inattendues. Être à l’écoute de ceux qui ont besoin de se confier. Prendre du temps avec ses enfants sans l’intrusion du cellulaire. Prendre le temps de lire Le Chat qui louche !
En un mot, prendre le temps de vivre !