Fereiba sait aller de l’avant, depuis toujours. Elle a appris cela dès sa plus tendre enfance. Elle n’a pas choisi son mari, mais découvre finalement en lui son hamsar, son alter ego. De leur mariage naissent Salim, Samira et Aziz. Hélas, son époux n’assistera pas à la naissance du dernier : les talibans se chargent de faire disparaître cet ingénieur considéré comme un ennemi du régime. Alors que l’étau se resserre autour de sa famille, Fereiba décide de rejoindre sa sœur à Londres. Sans autre ressources que son courage et sa détermination sans faille, elle espère pouvoir compter sur le soutien de ceux qu’elle croisera sur les chemins de l’exil. Mais la route est longue et semée d’embûches avant d’atteindre cette Europe qui leur promet des lendemains meilleurs…
Mon avis
Voici un livre que je ne m’attendais pas du tout à lire du fait que j’ai toujours eu une certaine appréhension à me lancer dans des thèmes aussi polémiques et dramatiques. Je remercie donc les éditions Milady qui m’ont fait la surprise de m’envoyer ce roman et qui s’est révélé, au fin de compte, être un vrai coup de cœur !
Nadia Hashimi nous entraîne dans l’odyssée poignante de Fereiba, une femme afghane, qui a décidé de fuir son pays avec ses trois enfants après l’assassinat de son mari par les talibans. La première partie du roman est consacrée à la jeunesse de Fereiba. Cette dernière, privée de mère à la naissance, elle a été reléguée au statut de domestique par sa belle-mère après la naissance de ses demi-soeurs. Bien qu’ayant lutée pour aller à l’école comme sa fratrie, Fereiba est tout de même contrainte à un mariage arrangé. Toutefois, le destin place sur son chemin un autre jeune homme a qui elle sera finalement promise. L’amour finit par frapper à leur porte et ils vivront heureux jusqu’à ce que la guerre et le nouveau régime oppressant des talibans viennent ébranlé leur sérénité.
Dans un premier temps, Nadia Hashimi nous plonge dans un voyage culturel à la découverte des coutumes et rituels d’un pays dont je ne connaissais pas grand chose jusqu’à maintenant. Elle nous dépeint également les ravages de la guerre et les répercussions de la dictature sur le quotidien du peuple afghan. L’imposition de la burqa, l’interdiction pour la femme de travailler et d’étudier, la précarité sociale et la peur des bombardements, ont rendu la vie en Afghanistan très hostile pour Fereiba et ses proches. La seconde partie du récit est, quant à elle, dédiée à la fuite de cette dernière en compagnie de ses enfants. De l’Iran à la France, en passant par la Turquie, la Grèce et l’Italie, la famille Waziri va traverser les frontières afin d’atteindre l’Angleterre, sorte d’Eldorado pour les réfugiés afghans. J’ai été particulièrement touchée par cette partie de l’histoire où l’auteur nous décrit avec réalisme et émotion, le périple périlleux et semé d’embûches de Fereiba qui aspire à une vie meilleure pour elle et ses enfants.
Entre la faim, les dangers liés à ce voyage clandestin et la peur d’être renvoyés d’où ils viennent s’ils se font prendre, j’ai été bouleversée par le sort de ces réfugiés. Ils fuient des pays où le seul avenir qui les attend est funeste pour se réfugier dans d’autres pays qui ne veulent pas d’eux et les traitent comme des pestiférés. Ils ne sont les bienvenus nulle part et pourtant, ils continuent de de lutter pour leur survie. Heureusement, certaines rencontres humaines leur offrent du soutien et allument en eux une lueur d’espoir. J’ai du mal à trouver les mots justes pour vous décrire les sentiments que m’a fait ressentir ce roman. C’est fort, poignant et ça m’a atteint en plein cœur. Il est d’ailleurs difficile d’imaginer la détresse et la souffrance de ces milliers de migrants dont la vie a volé en éclats et pourtant, Nadia Hashimi arrive à les rendre plus proches et palpables.
Les personnages sont très attachants, en particulier Fereiba et son fils aîné Salim, qui représentent les deux voix principales du récit. Si l’une est une mère déterminée à sauver la vie de ses enfants et leur garantir un avenir moins sombre, le second est un adolescent qui a du endosser bien trop tôt le rôle d’homme de la famille. Il sera dans l’obligation de faire des boulots ingrats pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses frère et sœur. J’ai été impressionnée par leur force de caractère et leur combativité alors que tout semble leur tourner le dos. Même s’ils traversent des situations très difficiles, ils ne baissent pas les bras et continuent d’avancer vers leur but. Ils sont authentiques et l’auteur nous brosse un portrait réaliste de ces personnages avec leurs incertitudes et leurs failles mais aussi leur courage et leur solidarité dans l’adversité.
La plume de l’auteur est addictive et poétique. Elle arrive ainsi à nous transmettre une palette d’émotions à travers des mots et un style simples. La tension ne cesse de monter crescendo au fil des chapitres si bien que j’ai eu du mal à lâcher ma lecture par moments.
En bref, Si la lune éclaire nos pas est un roman percutant qui offre une belle leçon de vie. Je découvre Nadia Hashimi avec ce livre pour mon plus grand plaisir et je dois dire que j’ai été totalement séduite. La fin est selon moi parfaitement choisie et ne pouvait être plus en adéquation avec le sujet abordé !