La Poursuite du bonheur dans le recueil Mes héroïnes de Douglas Kennedy, Publié aux éditions Omnibus, 2015, 1376 pages. Un jour d'enterrement bien triste. Une vielle dame, dans le cortège, qu'elle n'a jamais vu. Kate Malone l'ignore encore mais, alors que son passé entre en terre, un autre, inconnu, s'apprête à éclater au grand jour...
Cette histoire occulte commence à Greenwich Village, au lendemain de la guerre. Tout ce que la jeunesse de Manhattan compte d'artistes excentriques et prometteurs tente d'oublier trois ans d'horreur dans l'appartement enfumé du dramaturge Eric Smythe.
Un premier Thanksgiving sous le signe de la paix. Dans le joyeux désordre de ce soir de fête, Jack Malone liera à jamais son destin à celui de Sara. Malgré l'ombre grandissante de la chasse aux sorcières, malgré la mort, malgré l'Amérique, ces deux-là se battront, jusqu'au bout, pour leur droit au bonheur...
Merci aux éditions Omnibus qui, après m'avoir fait parvenir l'anthologie Des Héros ordinaires, m'ont envoyé cette fois-ci Mes héroïnes. Là encore, j'apprécie le travail éditorial avec un beau pavé réunissant 3 romans de Douglas Kennedy, tout ça sur papier bible! J'ai commencé la lecture de ce recueil par le commencement avec La poursuite du bonheur. Publié en 2001 chez Belfond, Douglas Kennedy nous livre ici un roman puissant. C'est simple: je n'ai pas vu défiler les 524 pages de ce roman vraiment prenant. L'intrigue démarre dans un cimetière. Kate enterre sa mère, Dorothy. Cette dernière a vécu une existence morne, recluse et triste. Le soir même, Kate reçoit une lettre d'une certaine Sara Smythe. Celle-ci souhaite la rencontrer car elle aurait très bien connu les parents de Kate, notamment son père Jack, décédé alors que Kate n'était qu'un bébé. D'abord méfiante, Kate ne répond pas au courrier de Sara puis devant sa détermination elle accepte de la rencontrer. Sara va alors lui raconter son histoire liée à celle de Dorothy mais surtout celle de Jack.... Douglas Kennedy nous livre donc ici un récit enchâssé. Kate, en quête de la vérité, va écouter patiemment le récit de Sara et découvrir le visage d'un père qu'elle n'a pas connu. L'auteur a le chic pour nous embarquer dans une atmosphère délicieuse. Il situe son histoire dans le New York des années 50 et le fait revivre d'une façon merveilleuse. Sara est alors une jeune femme pleine d'ambitions littéraires. Avec son frère Charlie, elle va vivre une existence libre faite de soirées en boîte de jazz et de rencontres. J'ai vraiment aimé cette ambiance dans laquelle se lovent les protagonistes. Sara est une jeune femme en avance sur son temps. Éprise de liberté, elle va rencontrer Jack lors d'une soirée. Sa vie en sera bouleversée. La narratrice nous raconte sa vie faites de joie mais surtout de chagrins multiples. Derrière cette histoire, Douglas Kennedy nous raconte en réalité l'Amérique des années 50: la valeur sociale du mariage, l'emprise des hommes sur les femmes, l'ostracisme lié à la bien-pensance. C'est assez terrible finalement et Sara devra se battre tout au long de sa vie. Les passages où elle est confrontée à sa belle-mère manipulatrice sont terrifiants et glaçants. Se conformer aux apparences, telle est la loi dans cette Amérique puritaine. Douglas Kennedy entremêle savamment les fils de son intrigue. A l'intrigue sentimentale de Sara, il superpose une intrigue plus politique et dénonce le Maccarthysme de l'époque. C'est intelligent et tout à la fois effrayant. Charlie devra faire un choix cornélien pour sauver sa peau. Kennedy dissèque à la perfection la machine de guerre américaine qui se livre à une chasse aux sorcières pour éradiquer la menace communiste. Tel un pantin de bois, Charlie se retrouvera au cœur d'une machination perverse. Enfin, le rythme du roman est haletant. On ne peut pas s'empêcher de tourner les pages du livre pour savoir ce qu'il va advenir de Sara. Son éducation puritaine est finalement et paradoxalement ce qui lui sauvera la peau. Dans La poursuite du bonheur, Douglas Kennedy entraîne le lecteur dans une intrigue haletante et brillante. Il nous mène par le bout du nez et dresse un portrait extraordinaire de Sara, une vraie héroïne.