Little Gotham, de Dustin Nguyen et Derek Fridolfs

Little Gotham, de Dustin Nguyen et Derek Fridolfs Little Gotham, de Dustin Nguyen et Derek Fridolfs

Little Gotham, de Dustin Nguyen (dessin et scénario) et Derek Fridolfs (scénario), traduit de l’anglais (États-Unis) par Thomas Davier, Urban Comics, 2015, 312pages.

L’histoire

Qu’il s’agisse d’une apparition surprise du Pingouin à la parade de Thanksgiving ou du Chapelier Fou qui organise pour Pâques une chasse aux œufs des plus explosives, il est évident que pour Batman et ses fidèles compagnons, jour férié ne rime pas avec congé… Entièrement réalisé à l’aquarelle, le style unique de Dustin Nguyen plaira au plus grand nombre. Noël à Gotham, vous en êtes ?

Note : 5/5

Mon humble avis

Fan de l’univers de Batman et tous les personnages qui gravitent autour de lui, Little Gotham (ou Li’l Gotham en VO) m’avait tapé dans l’œil au début de sa sortie, particulièrement pour ses dessins au style « chibi » dans des aquarelles douces et absolument mignonnes. Pour une raison qui m’échappe, je n’avais pas suivi la sortie VO des singles jusqu’au bout et l’édition VF par Urban Comics était l’occasion parfaite de reprendre et terminer cette aventure. D’autant que je devais potasser pour présenter le travail de Dustin Nugyen dans un épisode de La Voix des Bulles.

damian-turkeys

Le principe de Little Gotham est simple : en un épisode, raconter une histoire autour d’un jour de fête, ou d’une saison, à Gotham. On a donc des épisodes sur Halloween, Thanksgiving, Noël, le Nouvel An, l’Hiver, les vacances, la Saint Valentin, etc. pour un total de 24 épisodes. Toutes ces fêtes sont l’occasion de retrouver les personnages de Gotham, gentils comme méchants, célèbres comme plus méconnus, avec un aspect beaucoup plus « domestique » que ce qu’on est habitué à lire. On retrouve par exemple des scènes comme le Harley, Double Face, le Joker, le Penguin et toute la bande qui mangent tranquillement dans un restaurant italien lors de Halloween, ou bien Bruce et Damian qui regardent un film ensemble. D’ailleurs, au milieu de tous ces différents personnages, Damian Wayne reste le protagoniste qui revient le plus souvent et si vous l’appréciez déjà (ou si vous vous êtes fait à son caractère de cochon), vous fondrez également pour cette version. Bien sûr, il est toujours ronchon et prêt à insulter tout le monde avec son sarcasme, mais il continue également d’adopter des animaux dans tous les sens (sauf les serpents, où il tire apparemment la limite) et on assiste à des moments beaucoup plus tendres, comme quand il retrouve Talia pour la fête des mères ou quand il est particulièrement fier de ses jeux de mots douteux.

batfam

Si Damian est important, il n’est pas présent dans tous les chapitres et c’est d’ailleurs ce qui est rafraîchissant : Little Gotham est aussi l’occasion de suivre les aventures de personnages moins souvent exploités, comme une aventure particulièrement attendrissante avec les Gotham Sirens, où Harley Quinn et Poison Ivy vont chercher Catwoman pour aller libérer des animaux, donner des cadeaux (volés certes) aux orphelins, arroser les plantes… et une autre histoire, tout aussi attendrissante, autour de Mr. Freeze, afin de découvrir un aspect différent des super-vilains.

Little Gotham, de Dustin Nguyen et Derek Fridolfs Little Gotham, de Dustin Nguyen et Derek Fridolfs

Entre les douces aquarelles de Dustin Nguyen et son style chibi, le titre semble être destiné à un jeune public, mais ce serait bien réducteur de ne pas mettre ce bijou dans les mains d’un adulte. Bien sûr, les enfants adoreront les explications sur les différentes fêtes et célébrations, ainsi que les blagues et les mésaventures des personnages. Mais les adultes, eux, auront tout le loisir de repérer les références à l’univers étendu de Batman, comme l’apparition du Batman de Red Son, ou d’autres univers grâce aux costumes et aux dialogues. Par exemple, on retrouve les effigies de Batman et Robin du film de 1966 avec Adam West et Burt Ward, en ballons gonflables pour une parade. Damian commente d’ailleurs pour se plaindre des costumes ridicules et inexact. Cela va même bien plus loin que l’univers de Batman puisqu’une référence explicite est faite à Planetary, de Warren Ellis et John Cassaday.

coline-wilkes-abuseOn sent que les auteurs prennent plaisir à jouer avec toute la mythologie de l’univers Batman et DC Comics, à inclure des personnages qui n’ont pas toujours une place centrale dans la continuité et surtout, ils insistent sur l’aspect convivial de la Batfamily avec plusieurs réunions qui incluent presque tous les Robin : Dick, Jason, Tim et Damian (et oui, il manque les filles Robin pour changer) et Barbara Gordon est présente bien sûr. Batwoman fait une apparition, Katana est la grande amie de Damian et Huntress a un peu plus de place que d’habitude. On retrouve beaucoup Coline Wilkes, ou Abuse sous son nom de super-héros, ami de Damian qui a été abandonné dans les derniers reboots

Les auteurs arrivent à inclure un grand nombre de personnages dans un même épisode, parfois même dans une même planche et tout cela est très bien orchestré, avec des indices qui permettent de reconnaître certains personnages. Au cas où il faudrait le rappeler, Dick, Jason, Tim et Damian sont tous des bruns aux yeux bleus et même si Jason et Damian sont censés avoir des origines hispaniques pour l’un, arabe pour l’autre, ils sont ici aussi blancs que les autres (comme dans la plupart des comics parce que le whitewashing est un fléau omniprésent). Du coup, cela pourrait être particulièrement compliqué de les reconnaître quand ils sont en civil, mais les auteurs ont bien compris qu’il suffit à Dick de porter une écharpe bleue pour faire le rapprochement avec Nightwing. Malgré tout, ces indices ne devaient pas être suffisants puisque les personnages passent énormément de temps en uniforme. Si, si, même quand ils sont tous ensembles dans la cuisine du Manoir Wayne à essayer de faire un repas. Et puis, au cas où les lecteurs seraient vraiment perdus, tous les personnages sont présentés à la fin (même qu’il y a des erreurs dans les présentations mais bon, presque rien d’affolant).

En tous cas, c’est une excellente lecture, qui bénéficie certainement d’une lecture par épisodes ou par petites touches. Un cadeau de Noël parfait pour petits et grands !

the-better-cave


Classé dans:Bande dessinée, Chroniques, Comics Tagged: Batman, Derek Fridolfs, Dustin Nguyen, Urban Comics