Sérieusement, un comic-book qui parle de réserve indienne et de culture en plein délitement, plutôt qu'un récit de capes et super pouvoirs? Oui messieurs dames, d'autant plus que chez Urban ressort une intégrale du Scalped de Jason Aaron, raison de plus pour se pencher sur la question, et plonger dans la lecture sans retenue. Le "héros" de ce titre est Dashiell "Dash" Bad Horse, agent du FBI en catimini, qui comme son nom le laisse supposer est un "natif" du Dakota du Sud, et dont les racines sont auprès de ces tribus indiennes qui occupaient autrefois fièrement les lieux, avant que l'inévitable progression des colons ne se transforment en lente extermination. S'il est revenue du coté de Prairie Rose, c'est pour mener l'enquête sur un groupe de malfaiteurs qui s'adonnent aux trafics en tous genre, principalement les amphétamines, la prostitution, et les jeux de hasard. Dash laisse derrière lui comme une trace de souffre, une aura décadente, et quand il rentre dans un bar, c'est pour que ça se termine en baston, donc à la prison. Libéré par l'intervention du parrain de la région, un certain Red Crow, il se voit amnistié et pardonné, sous la forme d'une tâche inattendue, celle de shérif, à la solde des pouvoirs en place, cela va de soi. L'idéal pour remplir une mission secrète. Au passage, une fois en activité, Dash retrouve des éléments de son passé, comme une mère qu'il avait laissée dans l'ignorance complète sur son sort, ou son ancienne petite amie, Rose, depuis mariée mais pas farouche. En parcourant ces pages, le lecteur en prend pour son grade. On saute rapidement de scènes de bagarre aux fusillades, d'une organisation terroriste à l'orgueil national piétiné, en passant par la case coutumes indiennes et culture en berne. Le scénario est sans concession ni parenthèses enchantées, c'est dur, sale, sarcastique, ça sent la sueur et la pauvreté, la misère et la corruption à tous les étages.
Avec Scalped, on pourrait parler de comic-book politique, tant le constat d'Aaron est sans concession pour ce qui se passe à l'intérieur des réserves indiennes en Amérique. Chômage galopant, alcoolisme dominant, violence latente et expédients en tous genre, c'est une réalité morne et désoeuvrée qui est peinte, où l'espoir n'a guère de place, en bout de course. Pas de héros non plus dans ce récit, avec un Bad Horse instable et rongé de l'intérieur par des racines mortifères qu'il a fui et fui toujours comme la peste. Red Crow fait la loi en bon affairiste louche, il arrose à tous les étages, considère que corrompre est un mode de vie comme un autre, et n'a d'autre préoccupations existentielles que celle de pouvoir ouvrir son grand casino à 97 millions de dollars pour s'en mettre plein les fouilles, faisant son beurre sur la misère locale qui ne cesse de croître, en l'absence de la moindre moralité.
R.M.Guera (espagnol mais croate de naissance) est le dessinateur de ce titre enragé. Son style colle parfaitement au ton général, et il gagne en puissance et en maîtrise au fil des épisodes. Ses personnages sont presque brouillons, ce sont des masses torturées qui évoluent sur des vignettes sombres et grouillante d'une humanité pas toujours recommandable. Parfois la couleur chaude vient illuminer les situations les plus blafardes, renforçant encore l'impression de misère humaine, d'urgence jamais prise en compte.
Scalped est donc un titre coup de poing. Qu'on taxera presque de misérabiliste, car nul doute que Aaron calque la main au maximum avec ce job, mais le travail de documentation initial, et la volonté de présenter une situation sociale réelle fait froid dans le dos : de la fiction certes, mais pas forcément trop. Nous sommes bien loin des fiers indiens des westerns, de la liberté individuelle, des teepees et calumets de la paix, avec plumes aux couleurs bigarrées. Contraste total.
A lire aussi : 100 Bullets : une autre intégrale à suivre chez Urban
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R.M.Guera (espagnol mais croate de naissance) est le dessinateur de ce titre enragé. Son style colle parfaitement au ton général, et il gagne en puissance et en maîtrise au fil des épisodes. Ses personnages sont presque brouillons, ce sont des masses torturées qui évoluent sur des vignettes sombres et grouillante d'une humanité pas toujours recommandable. Parfois la couleur chaude vient illuminer les situations les plus blafardes, renforçant encore l'impression de misère humaine, d'urgence jamais prise en compte.
Scalped est donc un titre coup de poing. Qu'on taxera presque de misérabiliste, car nul doute que Aaron calque la main au maximum avec ce job, mais le travail de documentation initial, et la volonté de présenter une situation sociale réelle fait froid dans le dos : de la fiction certes, mais pas forcément trop. Nous sommes bien loin des fiers indiens des westerns, de la liberté individuelle, des teepees et calumets de la paix, avec plumes aux couleurs bigarrées. Contraste total.
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