Augie March, le narrateur, est né dans une famille juive émigrée à Chicago, avant la Dépression. Sa mère est pauvre et perd lentement la vue, son plus jeune frère George est attardé mental tandis que son frère aîné, Simon, bourré d’ambition, veut devenir riche le plus vite possible. Tous vivent sous la férule de Grandma Lausch, hantée par les souvenirs de son Ukraine, « fripée comme un vieux sac en papier, une autocrate, implacable et jésuitique, un vieux rapace de Bolchevik aux serres acérées… »
Le titre du roman dit bien ce dont il s’agit puisque des aventures, Augie va en connaitre en faisant de multiples petits boulots, croiser le chemin de quantité de gens, hommes et femmes, de conditions sociales différentes, quitter Chicago pour voyager jusqu’au Mexique, connaître plusieurs amours, se marier, embarquer pour l’Europe en guerre mais faire naufrage et revenir à Windy City. Nous accompagnons Augie durant de nombreuses années, côtoyant des petits gangsters, des millionnaires, des syndicalistes, des filles de famille dont l’une s’est mise en tête de chasser l’iguane avec un aigle, et même nous croiserons le chemin de Trotski au Mexique ! Tout ceci n’est qu’un mince aperçu du contenu romanesque de l’ouvrage.
Roman initiatique ou plus précisément d’éducation, Augie cherche désespérément à donner un sens à sa vie. Si pour son frère Simon, réussite et fric sont le moteur de ses actions, pour notre héros il n’en est pas du tout de même. Au contraire, même, au plus grand dam de son frère qui le lui reprochera sans arrêt. Toutes les expériences et rencontres seront prétextes pour notre héros à analyser les comportements des uns et des autres, répondre ou non à leurs sollicitudes et tenter de mener sa barque à sa convenance, libre de toutes contraintes, car ce qu’il veut en définitive, c’est « avoir une belle vie, ce qui passait en premier. »
Je sors de ce roman, étourdi et étonné, car 900 pages, il faut les engloutir (surtout pour moi qui déteste les longs romans, comme je l’ai dit maintes fois ici) ! Oui le bouquin est trop long, deux cents pages de plus ou de moins, ne feraient aucun différence ; mais pour autant, je me suis laissé emporté par cette vague – sans hauts ni bas très marqués, à part une scène ou deux -, sans que je me sois passionné véritablement pour le sort d’Augie mais sans pouvoir non plus lâcher ce foutu roman qui dès que l’envie m’en venait, me retenait tout autant. Certainement doit-il tout à son écriture, simple en apparence mais efficace.