La quatrième fée (Brigitte Guilbau)

La quatrième fée (Brigitte Guilbau)

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Knysna (O. Nadaco)


Auteur : Brigitte Guilbau

Édition Lilys

Paru le : 15 Juin 2016

198 pages numérique (pdf)

Thème : Contemporain

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Note de l'éditeur :

ATTENTION CECI N'EST PAS DU FANTASTIQUE!!!

Résumé :

« Une légende vietnamienne raconte l’histoire de trois fées. La première veille sur l’embryon, le fœtus et la mère pour leur donner force et vigueur pendant la grossesse. La deuxième fée s’occupe de la naissance pour que la mère soit libérée rapidement et que l’enfant vienne au monde en bonne santé. La troisième apparaît quand vient l’heure de mourir : elle nous aide à passer la porte vers ce monde que l’on dit meilleur, à nous donner le courage et à nous apaiser. Qu’arriverait-il si, par un rendez-vous insoupçonné, une quatrième fée venait faire trébucher cette dernière ? »  

Yem, tome 1 : le grand rift (Gilles Milo-Vacéri)

La quatrième fée (Brigitte Guilbau)

17/20

Lu en Novembre

Je remercie Netgalley ainsi que la maison d'édition Lilys pour la lecture de ce livre. Ce qui m'a attiré en premier : la couverture. elle est belle et fait vraiment penser à une fée. J'ai lu le résumé et j'ai cru tomber dans un fantastique, voire un fantasy, mais il en est tout autrement. Si j'avais vu la note de l'éditeur je ne serais pas été surprise. Mais agréablement surprise.

Chelsea est une jeune femme de 24 ans qui vit la vie à pleines dents. Elle adore son cheval, Beau et l'a sauvé d'une maltraitance qui était en devenir. Tous les deux se sont bien trouvés. Ils s'adorent mutuellement et cela se ressent. Surtout lors de compétitions hippiques. Mais un jour, le drame arrive, la chute qu'aucun ne pouvait prévoir. Le coma prend possession de la jeune femme et la laisse vivante grâce à un respirateur. Sa mère ne peux pas la débrancher. Comment faire pour vivre sans son enfant ? Des choix difficiles, un passé qui revient en force. Remords, regrets avec quoi vaut-il mieux vivre ?

« Beau réagit immédiatement à ses injonctions et fila vers le premier obstacle. Chelsea lui murmurait ses ordres. La fusion entre la femme et son cheval était totale. Beau l’écoutait, ses oreilles se rabattaient légèrement en arrière quand elle disait un mot, il n’en fallait pas plus. Ils avaient des codes précis entre eux et il suffisait parfois d’un claquement de langue ou d’un « oui » murmuré... Elle sentait la foulée s’allonger. Beau doubla le premier cheval sur l’extérieur et le laissa sur place, puis, l’encolure projetée, il dépassa les deux autres au pied de la colline. Beau amorça la remontée comme s’il était doté d’une énergie sans bornes. Chelsea était au paradis, un paradis de naseaux frémissants, de bruits de galops, de respirations saccadées, simultanées entre le cavalier et son cheval. D’osmose parfaite. »

J'ai été perturbé durant quelques pages parce que je ne comprenais pas où l'auteur voulait en venir entre son récit et le résumé. Ce n'est qu'arrivé vers la fin que tout se dévoile. Ce n'est donc pas du fantastique, je le réécris une fois de plus, mais j'ai beaucoup aimé cette histoire. Troublante, émotionnellement dure de par la vie et les choix que Natacha, la mère de Chelsea doit faire. Apprendre à se connaître et à ne pas penser à la place des autres. Des erreurs de son propre passé refont surface. Le fait de revoir un ancien amant va la replonger dans des jours plus heureux. Avec Pierre se fut presque parfait, mais pour Natacha plus jeune, la peur de l'avenir l'avait fait fuir. Regrette-t-elle ce choix ? Comment penser à soi alors que sa fille est inerte dans un lit sans avoir la possibilité de bouger, de parler de réfléchir ?

Les mots s'écoulent librement, pas de faux semblants, pas de détour. Juste un nombre incalculable de questions sur le devenir. Beaucoup de réflexions sur la vie actuelle, les fameux "j'aime" des réseaux sociaux, les "amis" virtuels. La réalité, la joie de vivre, la manière de tout vouloir contrôler. Modifier les idées reçues du sexe fort et du sexe faible. Qui a la belle part ? Est-ce que cela n'est pas juste une utopie ? A moins qu'il ne s'agit que de moyens pour détourner le regard de ce qui est vraiment important. Pourquoi utiliser le mot HOMME pour l'humanité, alors qu'il a déjà un autre sens : celui de différencier l'homme de la femme.

« La femme, en devenant sa femme doit oublier qu’elle a été capable un jour de penser par elle-même. Elle doit se comporter en subalterne qui supporte les corvées et trouve cela normal, écoute les conseils ou les plaintes avec sagesse et soutient le repos du guerrier. Sinon, c’est pas une épouse ! Logique. Fastoche ! Et si c’est pas une épouse, ça devient quoi ?

Tout aussi fastoche: ça devient une maîtresse envisageable car c’est bien connu que la femme qui n’appartient pas à un seul homme est une femme facile et si elle se refuse, c’est une pétasse ! Il y a celles qu’on désire et celles qu’on épouse ! Celles qu’on attrape et les autres sont forcément des frustrées. Elle n’est pas d’accord ? Ah, mais ça, la société - comprenez société masculine qui érige les lois et les applique- n’en a cure. C’est comme ça et puis c’est tout ! »

Beaucoup de questions donc, de réflexions sur la vie d'une manière générale, sur les différences d'une manière plus pointues. Il n'y a pas forcément les réponses à toutes ces questions, mais j'ai trouvé que ce livre apportait matière à réflexion en nous donnant les clés pour décider de ce que nous désirons faire de notre vie.

Les personnages ont des douleurs, comme chaque personne qui vit dans la réalité. Perdre un enfant est - en tant que mère - le plus dur à concevoir. C'est une perte qui est inconcevable. Vouloir à tout prix leur survie est notre choix. Mais j'avoue que la réflexion pousse plus loin sur ce que l'autre veut. En sachant comment il a vécu, comment il aimait la vie, pouvons-nous demander à un médecin de prolonger la vie dans des conditions que nous-même ne voudrions nous pas ? Et le contraire, peut-il s'effectuer ? Entre Pierre et Nat c'est une histoire vieille de plusieurs années. Tout de suite nous comprenons qui est qui. Le pourquoi reste à découvrir. La fin est couru d'avance, mais la manière d'y arriver même si elle n'est pas droite, elle montre le chemin qu'une mère doit effectuer pour réussir à décider du bon choix. Les médecins sont très peu vus, mais l'un est montré par Natacha. La conversation entre les deux résume parfaitement l'éthique médical et les envies maternelles.

« – Le silence, Nat, il n’y a rien de pire. Aujourd’hui, tu vis un drame et je sais bien que nous avons tous tendance à penser que nos malheurs sont plus importants que ceux des autres mais tu reproduis les mêmes jugements à l’emporte-pièce. C’est à ce que ta fille aurait souhaité que tu dois réfléchir. Tu as quelque part la chance de vivre dans un pays où tes choix seront respectés même si ça n’aidera personne mais tu peux aussi utiliser la chirurgie moderne pour soutenir, aider et offrir la vie à ceux qui ont cette chance de pouvoir la recevoir. C’est vrai que c’est un vrai déluge et on sera tous éclaboussés avec les choix que tu feras. Si un jour tu es disposée à te mouiller, dis-le-moi. »

En conclusion, une lecture qui donne matière à réfléchir sur la vie et la mort. La manière dont l'auteur amène le sujet n'est pas glauque même si les émotions nous submergent. Rentrer en profondeur par moment, garder un peu de légèreté à d'autres, cela laisse assez de souffle pour terminer le livre sans pour autant pleurer à tout bout de champ.

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