La fille au révolver d’Amy Stewart

Par Marine Et Camille @puydeslivres


Constance Kopp ne correspond à aucun moule. Elle surpasse en taille la plupart des hommes, ne trouve aucun intérêt dans le mariage ou les affaires domestiques, et a été isolée du monde depuis qu'un secret de famille l'a reléguée, elle et ses deux sœurs, dans la clandestinité. Un jour, le propriétaire d'une fabrique de soie, belliqueux et puissant, renverse leur carrosse au volant de son automobile... Et ce qui n'aurait dû être qu'un banal litige se transforme en une bataille rangée avec une bande de voyous habitués au chantage et à l'intimidation. Mais elle pourra compter sur l'aide d'un shérif progressiste qui, dans l'Amérique puritaine de ce début de siècle, n'hésitera pas à lui confier un revolver et une étoile.

La fille au revolver est basé sur une histoire vraie. Celle de Constance Kopp, la première femme a avoir été shérif adjointe dans l'Amérique de 1915.
Constante Kopp et ses deux sœurs Norma et Fleurette se rendent dans la ville de Paterson à bord de leur carriole quand elles sont violemment percutées par un automobiliste. Le conducteur fou est Henry Kaufman, patron et héritier d'une usine à soie locale. Du haut de sa grande taille, Constance va exiger du conducteur le remboursement des frais liés à la réparation de leur charrette ce qui va bouleverser le quotidien routinier des trois sœurs.
Élevées par une mère autrichienne aujourd'hui décédée, les trois sœurs Kopp sont célibataires et vivent isolées dans leur ferme. Elles vivent en toute discrétion et sans compter sur nul autre qu'elles même comme leur a appris leur défunte génitrice. Elles ont quitté leur ville natale pour cacher à la société bien pensante de la Belle Époque un lourd secret...
Le caractère obstiné et impétueux de Constance va plonger bien malgré elle ses sœurs et elle dans une longue et éreintante période de leur vie. Henry Kaufman n'est pas qu'un riche héritier et patron d'usine à soie. Il est aussi un homme qui s'est lié " d'amitié " avec une bande d'hommes loin d'être fréquentables. Ces individus font régner la terreur parmi les plus faibles et semblent bien décidés à faire payer à la fratrie Kopp, l'excès de zèle de Constance.
Amy Stewart fait découvrir à ses lecteurs l'histoire qui a mené Constance Kopp à être la première femme à devenir shérif adjointe en Amérique. Ce roman retrace les mois qui ont bouleversé les habitudes et les certitudes des trois sœurs. Au travers de leurs actes quotidiens et du combat permanent que mène Constance pour " faire payer " Kaufman, on apprends à connaître ces trois drôles de Dames qui sont radicalement différentes l'une de l'autre.
En parralèle de l'histoire initiale, on suit la piste d'un enlèvement d'enfant ce qui va lever le voile sur le lourd secret que cache la famille Kopp.
A la fin du livre, l'auteure confesse avoir imaginé les caractères de ses personnages. Je dois dire que j'aurais apprécié un peu plus de maturité de la part de la cadette Fleurette, âgée de dix sept ans et un peu plus de souplesse en ce qui concerne Norma qui m'est apparue comme un garçon manqué, méfiante et asociale.
Hormis ce petit désagrément lié aux tempéraments particuliers des deux sœurs de Constance, j'ai pris énormément de plaisir à découvrir une partie de son histoire. La fille au revolver est un roman historique très plaisant à lire. L'écriture de l'auteure est très agréable. Sa manière d'écrire est telle qu'aucunes longueurs ne s'est faite sentir dans cette histoire qui pourtant ne comporte pas de rebondissements considérables. Les pages se tournent avec fluidité. Les nombreux dialogues permettent de mieux connaître le trio des sœurs Kopp mais aussi les autres personnages principaux comme le shérif Heath qui est celui qui va donner son avenir de shérif adjointe à Constance.
Ni un thriller, ni un polar, ce roman " détective " attire l'attention sur la condition des femmes et sur leur émancipation au début des années 1900. Constance Kopp est une femme que je vous encourage à connaître aux travers des mots d'Amy Stewart.

" - Non mais soyez franches ! poursuivit Fleurette en se redressant. Toi, Constance, peux-tu affirmer en toute honnêteté que tu aurais préféré qu'Henry Kaufman ne renverse jamais notre carriole dans Market Street ? Si tu pouvais remonter le temps, tu nous empêcherais d'aller à Patterson ce fameux jour ?
Norma remua sur sa chaise, visiblement mal à l'aise. Elle aussi avait le regard rivé sur moi.
En fait, nous connaissions toutes les trois la réponse à cette question, mais je n'avais aucune intention de l'énoncer à haute voix.
"