Hors-série " Best of " en couleurs
Scénario et dessin de Bill WATTERSON
Traduit de l'américain par Laurent DUVAULT
Editions Hors Collection, juillet 2003 (première publication en janvier 1999; 1898 aux Etats-Unis sous le titre Lasy Sunday Nook)
Thèmes : humour, anthropomorphisme, cynisme, imagination.
J'ai découvert cette BD grâce à ma prof d'anglais de Seconde.
LV2, le défi était grand et mon niveau proche du nul (faut dire que je n'avais pas été gâtée les deux années d'avant).
Pour nous intéresser, entre le programme et " Brian is in the kitchen ", notre prof nous faisait écouter des chansons (je me souviens particulièrement de Luka de Suzanne Vega) et nous faisait lire des bandes (comics trip) de Calvin and Hobbes.
Le coup de foudre avec ce petit bonhomme de six ans, accompagné de son tigre en peluche, mais anthropomorphe à ses yeux, a été immédiat.
C'est avec beaucoup d'ironie que Bill Watterson a attribué à ses deux héros les noms de deux penseurs aux philosophies opposées : Jean Calvin et Thomas Hobbes.
Les dessins se focalisent d'ailleurs essentiellement sur eux deux et les autres personnages sont rarement représentés et encore moins mentionnés.
On aperçoit ici ou là les parents de Calvin (souvent exaspérés), Susie la voisine (grandement inspirée de Peanuts), une maîtresse d'école (Calvin n'aime pas l'école) ou un élève embêtant Calvin (Moe - une addition de " tous les imbéciles que j'ai toujours connus ").
La majeure partie des scènes se passe dehors (Watterson privilégiant les scènes hivernales ou de forêt) ou dans la maison, notamment à table.
Calvin est donc un garçon de six ans pour toujours, solitaire, à l'imagination débordante, à laquelle il n'oppose ni frontières ni filtres avec la réalité, ce qui donne lieu à des scènes cocasses pour nous, mais fatigantes pour les autres (et donc surtout ses parents).
Alors que ses activités sont celles d'un enfant de son âge comme faire de la luge, jouer aux dinosaures (il se prend souvent pour un tyrannosaure), lancer des boules de neiges, jouer aux figurines, s'imaginer (super)héros même intergalactique, ses pensées sont celles d'un adulte, jetant sur le monde un œil désabusé, parfois innocent, jamais naïf.
Ses réflexions, atemporelles et universelles, ont pour objet le temps qui passe, la nature et la condition humaine, l'écologie, la liberté (et ses limites surtout), la société de consommation...
Hobbes, avec lequel il échange pour de vrai, opte pour un point de vue généralement sarcastique, trop heureux d'être un tigre plutôt qu'un humain.
Les dessins sont super, les expressions (de Calvin surtout) souvent exagérées sont géniales, notamment celles où il fait une tête machiavélique ou conspiratrice.
Il est quasiment tout le temps représenté de la même manière : cheveux blonds en pétard, haut rouge à rayures horizontales noires, short noir et baskets.
Watterson privilégie les fonds blancs, sauf lorsqu'on est dans l'univers fictif de Calvin : époque des dinosaures ou des jeux vidéo. Les plans sont souvent serrés, dans de petites mais nombreuses cases.
Les premières bandes de Calvin et Hobbes sont parues le 18 novembre 1995, et la dernière le 31 décembre 1995. Son succès a été immédiat et fulgurant.
Pendant dix ans, Bill Watterson a publié une bande par jour, plus une planche supplémentaire hebdomadaire et en couleurs le dimanche.
Compilées dans des albums, 24 ont vu le jour.
Je vous présente le numéro 17 car il est un peu à part.
Best of, il regroupe certaines des planches des albums 1 à 16. Initialement proposées en noir et blanc, elles sont ici colorisées.
La flemme du dimanche soir car Calvin (et Hobbes d'ailleurs) n'aime pas le dimanche parce que le lendemain, c'est lundi. Il ne peut donc en profiter pleinement, et même s'il a déjà tenté de retourner en arrière, inéluctablement, le lundi revient.
C'est donc un tome essentiellement dédié aux loisirs dans lequel Calvin vit son imagination, non sans heurts avec la réalité ou les autres.
A le lire et le relire, je lui trouve des points communs avec d'autres héros-enfant de bande-dessinée, tel Kid Paddle qui vit littéralement ses jeux vidéos ou Titeuf (mais qui lui a grandi...) voire même des personnages d'albums jeunesse comme Anton de Ole Könnecke ( ICI ou LA) qu'il a certainement inspiré.
En bref, une BD que j'adore et dont je ne me lasse pas !Et que je joins à ma sélection coups de cœur BD/idées cadeaux 2016 à découvrir ICI