La cause première – Marc Charbit & Ben D.

Par Casscrouton @casscrouton

Titre et auteur : La cause première de Marc Charbit, mis en image par Ben D.

Maison d'édition : Agence M

Date de publication : 2015

Nb pages : 92

Résumé :

2066, 20 ans après la première guerre nucléaire de 39/45, le continent humaniste est à nouveau attaqué par un groupe de fanatiques religieux. A travers un conflit politico-religieux international, l'auteur dresse une peinture futuriste, à la fois sociale et spirituelle, d'une société humaniste. Tous les personnages sont fictifs mais symboliques, car cette histoire située dans un futur proche, semble plutôt se dérouler dans un proche passé... Un peu comme un éternel retour... Uniquement composé de dialogues, ce conte philosophique est comme film mis en image par Benoît Delmelle.

Mon sentiment vis-à-vis de La cause première est plutôt mitigé.

Quand je pense " conte philosophique ", je pense " Voltaire ". J'aime Voltaire donc j'étais impatiente de lire La cause première qui se présente comme un conte philosophique. Mon avis est mitigé parce que plusieurs choses m'ont plu et d'autres moins. Mais l'objectif est atteint en fin de lecture : La réflexion.

J'ai adoré les dessins d'une part. Les illustrations sont fantastiques, elles parlent d'elles-mêmes. Souvent, le texte décrit ce que l'image retranscrit et j'avais la sensation que c'était un peu trop. Je pense que cette histoire gagnerait à être complètement mise sous forme de bande-dessinée, avec uniquement des dialogues et des dessins, et le peu de narration véritablement utile à la compréhension pourrait être incluse en début de vignettes. Mais ici, la majorité de ce qui est écrit en dehors des dialogues est en réalité la description de ce qu'on voit sur les images, ce qui n'est donc pas très utile à mon sens. Les dessins sont tellement bien réalisés et vivants, que l'on arrive à en percevoir les mouvements et presque ce qui se déroulait avant et ce qui se déroulera après.

L'histoire en elle-même est intéressante. Une phrase du résumé est réellement significative : " cette histoire située dans un futur proche, semble plutôt se dérouler dans un proche passé ". On a en effet le sentiment d'une époque qui n'est ni le présent, ni le passé, ni le futur. Tout nous fait penser un peu aux trois, mais il est difficile de percevoir une dimension spacio-temporelle concrète. J'ai aimé les oppositions entre valeurs religieuses, humanistes et politiques. Les trois telles qu'elles sont présentées dans l'histoire font finalement penser à trois sectes. Ceux qui se décrivent comme étant hors du joug religieux, les humanistes, semblent malgré tout également en proie à une sorte de puissance supérieure puisqu'ils suivent des rites, des cérémonies qui font terriblement penser à des mises en scène sectaires.

Toute l'histoire repose sur les oppositions entre trois catégorie qui finalement, si elles sont fondamentalement différentes dans leurs croyances, ne semblent pas si distinctes dans leur manière de fonctionner.

J'ai également trouvé intéressant les oppositions au niveau des continents, dont seuls trois ont d'ailleurs survécus. L'Europe est devenue le centre du fanatisme religieux, l'Amérique le territoire de la liberté ( ?) et de l'humanisme et le continent Sino-Russe est le centre de la politique dans l'histoire, régit par un communisme totalitaire.

En définitive, j'ai trouvé les dessins fabuleux et l'histoire bonne. Elle donne matière à penser, on se projette ainsi dans le passé, dans le futur, tout ceci mis en parallèle avec notre présent actuel. Néanmoins, la narration m'a parfois semblée un peu laborieuse, l'histoire parfois difficile d'accès. Comme je l'ai déjà dit, je pense réellement que La cause première gagnerait à être mise intégralement en BD, tant sur le plan de la compréhension que du plaisir de lire ce conte philosophique. Une histoire à lire à mon sens, si vous êtes curieux et si vous aimer réfléchir sur le sens de notre société telle qu'elle est conçue, telle qu'elle a été et telle qu'elle pourrait devenir.