Voilà un livre offert de multiples fois sans l'avoir lu, avec le retour enthousiaste de mes proches gâtés et ravis du cadeau. Après un désert littéraire lié à des déconvenues successives, je me suis dit qu'il n'y avait pas de raison que je me prive d'un tel joyau, qu'après tout, moi aussi, je méritais une lecture simple, efficace, pas prise de tête, un bon gros polar frenchy, un succès qui collectionne les prix...
Mais que n'avais-je pas imaginé ? Parce que sous son allure "d'enquête un peu barrée avec une vieille sorcière, une petite artiste en herbe, une instit' qui met le feu avec ses yeux", j'avais osé supputer un fait divers simplet, une histoire rectiligne, qui ne demande à aucun de mes neurones de fonctionner (surtout en vacances). J'ai même pensé un temps, perfide : "eh, eh, ce personnage ne sert à rien" ou bien "cette scène n'est pas possible dans la vraie vie parce qu'on ne peut pas pas consulter les dossiers comme cela, surtout maintenant. Monsieur Bussi, vous vous plantez !" (oui, oui, je peux vraiment être mesquine) avant que la connection cérébrale (plutôt longue, en ce moment) perturbe mes railleries et me plonge dans un total désarroi : "non, Phili, c'est toi, Cocotte, qui commence à comprendre... Seulement, cinquante pages avant la fin !" Oui, ce n'est pas glorieux ! Bref, j'ai eu tort sur toute la ligne (comme cela m'arrive rarement : si, si je vous assure !) et j'en suis ravie (comme mes potes). Un ophtalmologue pas du genre fidèle est retrouvé mort à Giverny, village par excellence du peintre Claude Monet, dont il était un fervent passionné. L'enquête piétine et se scinde rapidement en trois parties : les rendez-vous galants, les enfants et la peinture (les chers Nymphéas). Tout y est mais dans des espaces-temps parallèles au cours desquels le chien Neptune et des rubans d'argent servent de passerelles.
Sans trop en dire, et là clairement on peut me taxer de taiseuse, Nymphéas noirs est un policier grandiose. Si, si, j'emploie rarement cet adjectif mais là, il est totalement mérité et justifié. Je pense même, qu'à l'instar de Pierre Lemaitre, Michel Bussi possède une écriture et une ingéniosité qui le mèneront au prix Goncourt un jour (ce roman frise l'intelligence tout du long). Il y a un souffle épique dans ce texte, une référence aux mythes, une poésie dans la prose, la capacité à rompre continument mais sans fracture. Il y a une façon d'émouvoir sur cette "réparation" : Nymphéas noirs représente un lent mais juste cheminement d'une femme vers la liberté et le bonheur amoureux, aidée en cela par une vieille camarade qui a apprécié et remercié son honnêteté. Tout est beau dans cette œuvre de Michel Bussi : les mots, les sous-entendus, les détails jamais laissés au hasard (tout compte : MB est un écrivain de l'essentiel), l'histoire emberlificotée (liée à une construction du récit maîtrisée), la violence contenue sans excès de descriptions morbides. Tout y est jusqu'aux noms. Tout simplement remarquable !
Éditions Pocket
autres avis : Valentyne, Aifelle, Alex, Galinette, Philippe Dester,
et un de plus pour les défis de Shel (parce que la peinture en devient une héroïne et que ses artisans historiques y prennent toute la place) et d'Aspho (prix des lecteurs du festival Polar de Cognac, 2011)
Mais que n'avais-je pas imaginé ? Parce que sous son allure "d'enquête un peu barrée avec une vieille sorcière, une petite artiste en herbe, une instit' qui met le feu avec ses yeux", j'avais osé supputer un fait divers simplet, une histoire rectiligne, qui ne demande à aucun de mes neurones de fonctionner (surtout en vacances). J'ai même pensé un temps, perfide : "eh, eh, ce personnage ne sert à rien" ou bien "cette scène n'est pas possible dans la vraie vie parce qu'on ne peut pas pas consulter les dossiers comme cela, surtout maintenant. Monsieur Bussi, vous vous plantez !" (oui, oui, je peux vraiment être mesquine) avant que la connection cérébrale (plutôt longue, en ce moment) perturbe mes railleries et me plonge dans un total désarroi : "non, Phili, c'est toi, Cocotte, qui commence à comprendre... Seulement, cinquante pages avant la fin !" Oui, ce n'est pas glorieux ! Bref, j'ai eu tort sur toute la ligne (comme cela m'arrive rarement : si, si je vous assure !) et j'en suis ravie (comme mes potes). Un ophtalmologue pas du genre fidèle est retrouvé mort à Giverny, village par excellence du peintre Claude Monet, dont il était un fervent passionné. L'enquête piétine et se scinde rapidement en trois parties : les rendez-vous galants, les enfants et la peinture (les chers Nymphéas). Tout y est mais dans des espaces-temps parallèles au cours desquels le chien Neptune et des rubans d'argent servent de passerelles.
Sans trop en dire, et là clairement on peut me taxer de taiseuse, Nymphéas noirs est un policier grandiose. Si, si, j'emploie rarement cet adjectif mais là, il est totalement mérité et justifié. Je pense même, qu'à l'instar de Pierre Lemaitre, Michel Bussi possède une écriture et une ingéniosité qui le mèneront au prix Goncourt un jour (ce roman frise l'intelligence tout du long). Il y a un souffle épique dans ce texte, une référence aux mythes, une poésie dans la prose, la capacité à rompre continument mais sans fracture. Il y a une façon d'émouvoir sur cette "réparation" : Nymphéas noirs représente un lent mais juste cheminement d'une femme vers la liberté et le bonheur amoureux, aidée en cela par une vieille camarade qui a apprécié et remercié son honnêteté. Tout est beau dans cette œuvre de Michel Bussi : les mots, les sous-entendus, les détails jamais laissés au hasard (tout compte : MB est un écrivain de l'essentiel), l'histoire emberlificotée (liée à une construction du récit maîtrisée), la violence contenue sans excès de descriptions morbides. Tout y est jusqu'aux noms. Tout simplement remarquable !
Éditions Pocket
autres avis : Valentyne, Aifelle, Alex, Galinette, Philippe Dester,
et un de plus pour les défis de Shel (parce que la peinture en devient une héroïne et que ses artisans historiques y prennent toute la place) et d'Aspho (prix des lecteurs du festival Polar de Cognac, 2011)