A mending heart (AJ Kauffman)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels


Auteur :  AJ Kauffman

Édition : Angels éditions

Paru le : 30 Juin 2016

303 pages numérique (epub)

Thème : Contemporain

*******


Résumé :

« Elen est dotée d'un caractère plus que trempé pour son jeune âge et ne laisse personne franchir son espace vital. Lorsque son voisin dépasse cette limite, la catastrophe devient inévitable. Entre rivalité et passion, lequel des deux sortira vainqueur de cette lutte acharnée ?

Rafael, son père, subit quant à lui les foudres de l'adolescente mal dans sa peau. Entre les crises de nerfs et l'ignorance de cette dernière, il tente tant bien que mal de recréer une bulle familiale malgré le secret qui le ronge depuis des années. Réussira-t-il à lui redonner le sourire tout en trouvant également le bonheur ? »

 

15/20

Je remercie AJ Kauffman pour l'envoi de ce livre sous format numérique.

Je la suis depuis pas mal de temps et je sais que ce n'est pas le plus "guilleret" ce qu'elle nous propose et c'est ce que j'aime. Le fait que tout ne soit pas forcément rose et que le livre devienne insipide à force d'être linéaire. disons que les histoires de l'auteur sont toujours intéressantes et j'avais envie de découvrir celle-ci.

Rafael, 34 ans, déménage avec sa fille Elen de 16 ans. Revenir dans la maison qu'il a connu avec sa femme, il y a de cela 15 ans n'est pas vraiment un choix. Il n'a pas pu se résoudre à la vendre et entre le loyer et celui de leur appartement à Nantes, la décision fut prise. Une décision qui ne fait pas l'unanimité. Elen est dégoutée, dépitée, remplie de haine envers ce père qui l'a forcé à quitter sa meilleure et unique amie Maëlle. Une nouvelle vie, un nouveau départ, de nouveaux voisins... Mais ce qui risque de tourner au cauchemar ne serait pas justement tout ce qui est nouveau ?


« Rafael
— Nous y sommes ma chérie.
Je sais qu’elle déteste que je l’appelle ainsi, c’est bien pour cela que je n’ai aucune réponse. Je la regarde alors dans le rétroviseur de ma Peugeot 206. Ma fille dort profondément allongée comme elle le peut. Elen vient d’avoir seize ans, l’âge où comme tout parent, je devrais m’inquiéter de ses fréquentations, et même lui intimer un couvre-feu, mais pas avec elle non. Elle, elle est différente. Je le sais, elle le sait, tout le monde le sait, même si on aimerait tous pouvoir passer outre. J’espère que cette fois-ci avec ce nouveau départ, tout ira enfin pour le mieux.
Je détourne mon attention pour me focaliser sur notre nouveau « chez nous ». Cette maison de cent vingt mètres carrés se situe dans un cul-de-sac au bout d’une ruelle non goudronnée, et parsemée de trous en tous genres, plus miteuse que dans mes souvenirs. Nous voici arrivés en pleine campagne marnaise, au carrefour de trois grandes villes importantes. Ici, ne vivent guère plus de trois cents âmes, autant dire que nous sommes loin de tout, et que l’offre de services y est assez réduite.  »

Pas de maman dans le décor. Rafael fait tout pour sa fille. Le boulot est secondaire pour lui, c'est pour cela qu'il en change régulièrement. Et qu'ils en sont là. Il fait ce qu'il faut, mais elle est exécrable. Une adolescente de 16 ans, déjà d'une manière générale ce n'est pas facile, mais là, elle est très dure. Elle profite de sa situation qui n'est pas la meilleure bien sur, mais elle ne veut rien faire pour avancer. L'histoire est réaliste. La vie d'une famille d'une manière générale avec ces tracas, ces épreuves pour réussir à être soudée. C'est difficile de faire abstraction d'un passé connu ou non. C'est tout le problème, Rafael cache la vérité à sa fille, pour la protéger, sauf qu'elle est en âge de comprendre le pourquoi plus de mère, le pourquoi elle est ainsi.

« — Vous savez que ce n’est pas le cas. Vos enfants doivent être fiers de vous.
Elle me sourit, et essuie ses larmes.
— Je n’en ai pas eu. Je suis seule. Je n’ai jamais pu me résoudre à en avoir. Voir tous ces bébés malades… Je ne pouvais pas… Si c’était le mien… Je n’aurais pas survécu… Comme ta mère.
Chamboulée par ce trop-plein d’émotion, je me lève, et vais la prendre dans mes bras. Je la console comme elle a dû le faire, il y a des années.
— Je te remercie Valérie. Pardonne-moi mon attitude. »

Nous avons le point de vue de Rafael, mais aussi celui de Elen. Lassitude, épuisement, difficulté de compréhension sont le lot quotidien de Rafael. Quant à Elen, c'est un combat de tous les jours pour être une peste qualifiée. Pas besoin de donner de détails, car je n'arriverais pas à donner tous les qualificatifs.

La rencontre avec les voisins, Valentine et son fils Vic' va être pas tout et n'importe quoi, mais pas loin. Valentine connaît Rafael, de par leur passé commun. Quant à Vic, il est... gentil mais un peu gonflé. Entre Vic et Elen c'est un véritable jeu de ping pong et je te lance la balle en pleine tête pour mieux te la balancer en pleine poire. Le jeu du chat et de la souris - mots piqués dans le livre - est parfaitement bien amené. Les joutes verbales sont acides, piquantes. Nous pouvons ressentir énormément d'amertume. Jusqu'à ce que le présent d'Elen va se retrouver bouleversé. Elle va commencer à comprendre ce que peux ressentir son père lorsqu'il doit écouter ce qu'elle lui raconte. La jeune fille va ressentir les mêmes émotions que ce qui le ronge et la compréhension de son mal-être va se modifier petit à petit.

« Il est treize heures, et me voilà seule. Seule comme tous les autres jours, sauf qu’aujourd’hui tout est différent. J’aimerais que Raf’ soit ici, à mes côtés, et non entre la vie et la mort.
Triste ironie.
J’ai passé tellement de temps à l’éloigner de moi, à le faire fuir, qu’à cet instant, je regrette chaque mot, chaque parole blessante que j’ai pu avoir à son encontre. Je me déteste encore plus face à mon comportement d’hier. Certes, il a des secrets envers moi, et comme me l’a si bien fait remarquer Vic’, c’est à moi et à moi seule de lui ouvrir la voie. Il doit pouvoir me raconter toute l’histoire sans que je n’en devienne hystérique.
Je dois évoluer, faire des efforts. »

Côté personnages, en plus de ceux-là, j'ai beaucoup apprécié Lyse qui est adorable, un peu fêlée sur les bords, mais très serviable. Maëlle qui comprend beaucoup de choses une fois éloignée. Quant à Léo, j'aimerai bien lui en mettre une, ou deux, enfin même un peu plus. Tout comme ses copains qui m'ont donnés l'impression d'être de sales gosses dont il faut leur botter l'arrière-train ! Rémy est tout mignon. Il y a d'autres protagonistes qui méritent que l'on s'y attarde juste pour avoir l'envie de les claquer.

Savoir s'accepter, savoir accepter les autres sans avoir de pitié. Cette histoire apporte une petite lueur d'espoir pour celui ou celle qui est différent. J'ai aimé le bonus a la fin, mais je l'aurais plus vu dans le texte en lui-même et pas à part, car il y a une information qui est utilisée et retenue plus loin. Et je crois qu'elle n'a pas été dite ailleurs. Elle n'est pas très importante dans un sens et peut-être sous-entendu. Mais ce bonus vu par Vic est intéressant. Nous comprenons mieux les pourquoi il semble se cacher. L'auteur arrive à nous faire découvrir l'histoire petit à petit, par le biais de flashback, de découverte également.

En conclusion, cette histoire se lit très vite. Il y a beaucoup de sentiments et de joutes verbales qui mettent du piquant et de l'émotion. Une bonne lecture à découvrir.